Ils sont, sans doute, nombreux ceux qui croient que Si El Makhloufn'est qu'une légende héritée d'un film finalement tout juste moyen. Il se trouve que ce film aux allants carnavalesques s'est définitivement installé dans notre inconscient collectif comme un objet cultissime devenu le réceptacle de notre ironie partagée. Le panthéon du Pop Art Chaâbi, fusion graphique estampillée Dzayer J'dida, vient d'inscrire à travers son chef de file, l'enfant terrible El-Moustach, un tourbillon de couleurs et d'aplats qui nous donnent le ton d'une expression nouvelle dotée d'images qui nous appartiennent qu'il triture, détourne, façonne, renouvelle pour notre plus grand plaisir. Et c'est comme ça depuis quelques temps, El-Moustach, artiste néo-popartiste est le rejeton talentueux d'El-Anka, le neveu d'Ezzahi, et le petit frère de Hasni. Il est un élément composite de la culture algérienne, issu des arts graphiques et d'une sorte de néo-pop art algérien qui s'éclate en s'amusant à mettre des «bleu de Chine» à Che Guevara, en armant Boudiaf ou Ben M'hidi d'une «vengeance» libératrice de tous nos fantômes, ou donner la tête de «Si Makhlouf» au géant Guevara, tout cela par de délicieux effets de style très graphiques. El Moustach fait partie d'une bande de jeunes artistes algériens qui sont des radicaux libres vivifiants sur le lit de leur poil à gratter, maniant le pied de nez et l'ironie subtile sur un ton en permanence fait de rire acidulé. Le corpus animé de ce joyeux drille artiste offre une galerie de personnalités emblématiques traitées sur le mode situationniste représentant une nouvelle expression libérée des démons du terrorisme et du questionnement sociopolitique récurrent dans les œuvres pseudo intellectuelles qui siègent dans les salons artistiques confortables. El Moustach fait grincer des dents non pas Tliba, Hanoune ou Bouteflika, mais plutôt paradoxalement les «tenants» embourgeoisés de l'art du confort, pourtant le jeune artiste manie le rire jusqu'au bout du rouleau de peinture, et se lance dans sa phrase célèbre «rani djay», et c'est tout cela son manifeste, n'en déplaise aux artistes de la petite semaine qui se croient avoir réussi. Le «Mouss» lui n'est pas dans la même ornière, il est juste libre. Dans ce panel expressif, toute la subversion est ancrée dans le talent discursif, la manière de faire, l'engagement sans faille, et la radicalité dans le message qui est souvent frontal, souvent dilué dans un humour qui ne trompe pas dans son éventail farouchement coloré. El Moustach, zigzague entre art populaire et référents graphiques connus et reconnus qui disent ouvertement ce que l'on pense souvent tout bas la main devant la bouche dans des dessins rafraichissant. Sans ambages ni fioritures, il s'exprime en évitant la prise de tête textuelle dont se parent certains autres plasticiens qui font du discours le fond perdu de leur expression. Dans cette exposition accueillie et produite par l'Espaco il y a une sorte d'hommage aux héros qui ont éclairé notre enfance, qui ont allumé notre jeunesse d'une flamme bon enfant. À travers une galerie de personnages inoubliables déclinés dans un contrepied facétieux. Dans Sog Oumouk is open at night, El-Moustach révèle encore plus un pan de ses multiples talents aux couleurs si évocatrices et aux graphismes pertinents. L'exposition a été très pensée, elle évoque nos goûts, nos attentes et notre image miroir dans un vocabulaire pop très incisif, poignant, affectueux qui évoque nos héros du jour, nos héros télévisés, vus dans la rue ou importé de l'univers du Kung-Fu. On serait prêt à jurer que Bruce Lee était un copain de Momo et qu'ils ont pris un café à la Casbah avec l'Al-Pacino de Scarface et ils ont tous dragué ensemble miss Bouhaïk avec son petit Puma portatif !!! Tout en parlant de P'tit O, Hassiba et Larbi Ben... ET, l'efficacité de l'œuvre a fait son petit effet, public d'amis sur ces murs contemporains, et tous les autres amateurs d'art, acquis à la cause artistique algérienne seront là pour encourager cette joyeuse bande de héros que nous aimons encore aujourd'hui retrouver dans l'écran vivace de nos souvenirs. Le souvenir continue son œuvre sur le chemin artistique ardu, de cette Algérie qui ne sait plus à quel saint se vouer... mais qui sait malgré tout où elle va avec quelques guides colorés comme El-Moustach qui ne sont pas de trop pour rire sur la route... El Moustach en quelques pistes bizarres, bizarres ! - Le Moustachu réalise un certain nombre d'œuvres inscrites dans le patrimoine national algérien, mais il investit aussi les rues et fait des interventions de Street Art comme cette fameuse action : «Ched Fel A'ssl» faite à Boumerdès entre 2015 et 2016. - Il plonge ensuite ses «bombes» de peinture dans l'intervention Street Art : «iNTADJ w iNTADJiYA» toujours à Boumerdès en février 2015. - On le verra ensuite roder autour des cimaises d'une exposition collective intitulée «iSTiKHB'ART I», sise au Centre culturel Larbi Ben M'hidi d'Alger, vers le 14 mars de l'année 2015. - Sa collaboration avec des enfants terribles du Street Art continue, notamment avec le très coloré SERDAS sur l'action artistique «Mazelna Fi Tegmita», réalisée dans la «zone humide» de Ain Zeboudja sur les hauteurs d'Alger précisément le 19 avril 2015 - El –Moustach entre dans l'individuel et expose son concept «Koun» à la galerie «Kef-Noun» dans la ville des ponts, Constantine dès le 9 janvier 2016. - Il revient dans une exposition collective, au générique original d'«iSTiKHB'ART III (Libertad)», montée dans la Cathédrale d'Oran le 27 février 2016. - En Août 2016, El-Moustach signe une collaboration artistique, graphique et musicale avec le musicien sampleur «El-3OU» dans la belle action, «El- 3OU Ched F'El ASL». - La fresque «Zenda Internationale» sera créée en l'honneur Du grand Hugo Chavez en collaboration avec Mustapha Bouterfas, tout cela au centre culturel de Oued Koriche, dans les frontières de Bab El Oued à Alger, le 3 novembre de l'année 2016. - L'artiste récidive dans une exposition individuelle qu'il nommera fidèlement «iNTADJ w' iNTADJiYA» qu'il organise au sein du Café littéraire, «Le sous-marin» à Alger, le 31 décembre 2016. - Retour au jeu collectif dans une exposition montée en «Flash-Meute» sur une 8ème évoquant le thème de : «Pictura/Poesis» au centre culturel Larbi Ben M'hidi Alger, le 21 janvier 2017 - Le plasticien «popartistestreetart'eur» aura une idée assez originale, il procèdera au lancement du Projet Collaboratif en ligne sur Google Docs, le fameux «Nedjma» de Kateb Yacine en dardja djazairiya le 13 février 2017. Ce qui sera suivi de près par un atelier de traduction en Derdja du livre de Kateb Yacine avec «Le Manifeste» à Oran 2 mars 2017. - Le 18 avril 2017, soit deux jours après «Youm el-Ilm», il organise uneexposition individuelle «Djama3et a7rar» au CLS, Centre de Loisirs Scientifiques de la ville de Boumerdès. - Il participe aussi à l'exposition collective «Souq El- Klam» au Palais des Raïs, Bastion 23 Alger, dès le 20 mai 2017. - Retour aux expositions individuelles à travers «Djama3et a7rar», montée à la Galerie Ezzou'art Galerie, au Centre Commercial et des loisirs de Bab Ezzouar, à partir du 05 juillet 2017. - Le 10 août 2017, le plasticien réalise une intervention assez originale de Street Art qu'il appellera «Daar Carton», composée sur une bicoque de bidonville lors du «Festival of colors» Algeria organisé à Bejaia. - Il participe ensuite à l'exposition collective «Pop Art from North Afric» à la Gallerie P21, Gallery London dès le 21/09/2017. - C'est ensuit une participation à une exposition collective au Vivarium Alger le 20 octobre 2017 - Et une présence remarquée dans l'exposition collective «Mawaqef» - Multimedia Arts Festival, Algeria Edition au Rich Mix London 10 février de l'année 2018. Exposition El Moustach «Sog ur moher is open at night», hommage à la pop culture algérienne, du 2 au 23 mars 2018, Espaco Résidence CMB, 196, Oued Tarfa, El-Achour, Alger, entrée libre.