Le dernier rapport de la Banque mondial sur la situation économique pour le mois d'avril 2018, n'est pas rassurant. Cette institution qui table sur des chiffres inquiétants déduit qu'un pourcentage de 10% de la population pourrait retomber dans la pauvreté si la situation économique ne s'améliore pas. L'Algérie, un pays longtemps adossé sur la production des hydrocarbures pour alimenter le trésor Public, connait une crise économique depuis la chute brutale des prix pétroliers. La Banque mondiale dans son rapport sur l'Algérie, publié lundi soir, explique «la montée du chômage compromet la réduction de la pauvreté». Sur ce, cette institution internationale révèle que «10% de la population pourrait retomber dans la pauvreté», expliquant que «les disparités régionales sont toujours importantes puisque certaines régions affichent des taux de chômage qui représentent le double (Sahara) ou le triple (Steppe) du taux national». En ce qui concerne le chômage, la Banque mondiale indique qu'il a augmenté de près de 1,5%, à cause de la croissance léthargique du secteur hors hydrocarbures. «Il était de 11,7% en septembre 2017, soit un niveau plus élevé que celui de 10,5% enregistré en septembre 2016». Néanmoins, la même institution confirme que la croissance de l'Algérie «devrait reprendre rapidement en 2018, par suite du processus d'expansion budgétaire». A ce propos, elle souligne que «la croissance et l'inflation globales augmenteront parallèlement à la réalisation des nouveaux investissements publics annoncés dans le budget de 2018». Le taux de croissance du PIB devrait, de ce fait, «s'établir à 3,5 % et le taux d'inflation à 7,5 % en 2018». Il sera toutefois difficile, selon la Banque mondiale «pour le taux de croissance du PIB de dépasser le seuil de 2% sur la période 2019-2020, ce qui représente une progression anémique pour un pays à revenu intermédiaire comptant une très forte proportion de jeunes». Pour rappel, dans son dernier rapport sur les perspectives économiques mondiales, publié en janvier, la BM avait tablé sur une croissance de 2,2% en 2017 et de 3,6% en 2018. Le groupe de la Banque mondiale précise que le ralentissement enregistré en 2017, comparé au taux de 3,3% réalisé en 2016, a essentiellement tenu à la faiblesse des résultats affichés par la production des hydrocarbures qui toujours, selon les estimations, auraient diminué de 1,4% l'année dernière, ce qui contraste fortement avec le dynamisme observé au premier trimestre de l'année. Cependant, «la production des nouveaux puits pétroliers continuera d'être importante et stimulera la croissance», note le rapport. La croissance hors hydrocarbures s'est légèrement améliorée, passant de 2,3% en 2016 à 2,5% en 2017, un accroissement imputable à l'arrêt du processus de rééquilibrage des finances Publiques au deuxième trimestre 2017, explique l'institution financière. L'institution de Bretton Woods table également sur une réduction du double déficit (déficit budgétaire et déficit du compte courant) à moyen terme lorsque les autorités publiques auront procédé au rééquilibrage des finances Publiques. Ainsi, le déficit budgétaire devrait augmenter en 2018 pour atteindre -11,4 % du PIB, mais rapidement diminuer à -5,2% en 2019 et à -1,9% en 2020. De même, le déficit du compte courant, qui devrait s'établir à -16,1% du PIB en 2018 et à -12,7% en 2019, devrait baisser à -10,2% en 2020. Cependant, ce niveau est jugé gérable, selon la BM, en raison du montant des réserves de change (17 mois d'importations à la fin 2017). Ces réserves de change pourraient, toutefois, ne plus représenter que cinq mois d'importation d'ici 2020, soit un niveau proche du seuil de 3 mois des marchés émergents. L'inflation est restée soutenue à 5,5% en 2017 mais a été plus lente qu'en 2016 à 6,4%, et devrait atteindre 7,5% en 2018, selon les mêmes projections.