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L'économie de marché concurrentiel à finalité sociale et la démocratie en Algérie, fondées sur un dialogue permanent
Publié dans La Nouvelle République le 19 - 04 - 2018

Cette présente analyse est une synthèse de l'ouvrage collectif que j'ai eu l'honneur de diriger paru en 2005 (1) toujours d'une brûlante actualité, que certains experts organiques aux ordres et responsables qui affirmaient tout le contraire, redécouvrent seulement aujourd'hui. Elle reprend sans aucune modification, l'intégralité d'une communication à l'Ecole nationale d'administration- ENA- parue le 08 octobre 2005, sur la bonne gouvernance et les réformes en Algérie (1). Un développement durable renvoie à d'autres sphères que l'économique car toute analyse déterministe est vouée à l'échec, incapable de rendre compte de la complexité de l'évolution historique de la société algérienne. Le nouveau projet de société économique que j'ai proposé déjà en 1995, puis en 2005, devra s'articuler sur le nouveau rôle de l'Etat dans la conciliation de l'efficacité économique et son devoir d'équité sociale qui s'est articulé autour de quinze (15) axes directeurs.
-Premièrement, la condition fondamentale est la paix sociale qui implique la mise en place d'un minimum de Smig social où les différentes sensibilités puissent dialoguer dans un cadre organisé se fondant sur la tolérance et le droit à la différence. L'objectif assigné est la réalisation d'un contrat social dont j'ai esquissé les contours en 1993 qui ne saurait se limiter à certains segments de la rente (opérateurs- syndicat corporatiste), qui permettra la définition d'objectifs clairs tenant compte des impacts de la mondialisation- rapport social complexe- tant dans le domaine politique- militaire, social, culturel et économique, seule condition de la relance de la machine économique.
En d'autres termes, cela implique un dialogue productif permanent, loin de toute action autoritaire et une moralisation profonde de la vie politique, économique et sociale, des discours de vérité, la communication étant fondamentale d'où l'importance des médias. L'objectif stratégique durant cette période de transition, est de mettre en œuvre une politique s'orientant vers un véritable processus démocratique, se fondant sur une société plurielle plus participative des partis politiques crédibles, permettant la responsabilisation pleine et entière de l'ensemble de la société civile signe évident de la vitalité de toute société, conciliant la modernité et la préservation de notre authenticité, la léthargie, l'activisme et le populisme conduisant au statut quo, étant le signe de l'immobilisme, suicidaire sont intolérables.
-Deuxièmement, il s'agit, loin des discours, avoir une nette volonté politique d'aller vers une économie de marché à finalité sociale, renvoyant à la garantie du droit de propriété, et ce afin de nous adapter aux nouvelles mutations mondiales et ce par un désengagement progressif de l'Etat dans sa fonction de gestion pour devenir le lieu de la régulation économique, et sociale d'ensemble, d'orientation par la conciliation des coûts sociaux et privés, les relations de clientèles devant faire place à des rapports transparents, (le respect du contrat).
-Troisièmement, l'Etat n'oblige pas mais incite, mobilise par l'élaboration d'objectifs, cohérents et concertés pour optimaliser l'efficience globale. Le nouveau projet de société économique et social devra être marqué par une profonde réorganisation institutionnelle, une réelle décentralisation autour de pôles régionaux et la création de grands ministères surtout ceux de l'Economie et de l'Education, avec des Secrétaires d'Etat techniques. Ce sera le noyau de la rupture systémique pour l'instauration d'une économie concurrentielle, loin de tout monopole qu'il soit de type public ou privé. Ce qui impliquera de nouvelles structures, de nouveaux comportements, de nouveaux hommes convaincus par cette nouvelle politique, laissant une pleine autonomie d'action aux walis, aux directeurs généraux d'entreprises publiques responsables du destin de leur organisation.
-Quatrièmement, stabiliser le cadre macro- économique et financier, ayant une influence sur les segments à promouvoir devant entrer dans le cadre des nouvelles mutations technologiques mondiales, d'un nouveau modèle de consommation énergétique, et sur le cadre macro-social, pour atténuer le processus inflationniste en réduisant le déficit budgétaire et le ratio de la dette publique brute par une nouvelle politique des subventions qui doivent être ciblées. Ceux sont les conditions d'une reprise de la croissance, tout entrepreneur devant avoir une visibilité dans le temps impliquant donc une planification stratégique.
-Cinquièmement, la nouvelle politique économique devra s'inscrire, comme je l'ai démontré dans plusieurs contributions internationales, dans le cadre de l'espace Europe Maghreb et plus globalement de l'espace économique Méditerranée/ Afrique impliquant une coordination des politiques économiques basée sur l'encouragement de l'investissement direct, du partenariat (encore qu'il faille préciser cette notion vague) et de la libération de toute les énergies créatrices dans le cadre des investissements basés sur les avantages comparatifs tenant compte des mutations accélérées de l'économie mondiale à, travers la stratégie tripolaire des grands espaces mondiaux : Alena-Apec-Europe.
-Sixièmement, la nouvelle politique économique devra être donc caractérisée par l'adaptation à l'universalisation de l'économie de marché, tenant compte des spécificités sociales, où la dominance est le consommateur et l'arbitre, les marchés financiers. Le véritable nationalisme se mesurera par la capacité des Algériens d'améliorer leur niveau de vie grâce à leur contribution à la valeur ajoutée locale et mondiale.
-Septièmement, d'éviter les politiques industrielles globales, dépassées et d'imaginer une nouvelle politique non de l'industrie globale ,mais de l'entreprise non calquée sur les anciennes organisations hiérarchiques bureaucratiques mais sur la souplesse des organisations basées sur la décentralisation des décisions économiques, la gestion prévisionnelle des compétences, le travail en groupes tenant compte des nouvelles technologies.
-Huitièmement, une nouvelle politique de l'emploi renvoyant à une nouvelle politique de formation adaptée aux nouvelles technologies et des salaires, ne créant pas d'emplois par des discours ou des actes administratifs, étant l'œuvre d'entreprises supposant la levée des contraintes d'environnement dont la responsabilité est celle de l'Etat. Cette nouvelle politique doit être caractérisée non pas par des distributions de revenus sans contreparties productives mais devant accroître la flexibilité du marché du travail par une formation permanente. Cela doit toucher également l'administration et les services collectifs. Il y a lieu d'éviter les classifications dépassées emplois productifs, non productifs, et de définir une nouvelle nomenclature qui s'adapte à l'éclosion des producteurs de symboles au niveau de l'économie mondiale.
-Neuvièmement, muter progressivement les services collectifs, qui deviennent de plus en plus créateur de valeur ajoutée (éducation, santé, télécommunication, transport, infrastructure) en introduisant les paramètres marchands pour tester de leur efficacité, tout en encourageant la mixité pour améliorer les prestations fournies aux consommateurs. C'est la caractéristique des économies en cette ère du XXIe siècle. Dixièmement, coordonnée avec les précédentes, cela concerne la réforme du système financier dont les banques, (cœur des réformes), la dynamisation de la bourse des valeurs, évitant ce paradoxe d'une bourse étatique qui n'existe nulle part de par le monde) et la dé-bureaucratisation de la douane, fiscalité.
Onzièmement, dynamiser d'une manière cohérente et selon la plus totale transparence pour susciter l ‘adhésion, les ouvertures de capital et la privatisation, un Ministère ne pouvant être juge et partie afin d'éviter les délits d'initiés. L'objectif est d'éviter les actions sectorielles désordonnées en privilégiant la concertation sociale.
-Douzièmement, soutenir le développement par une administration centrale et locale rénovée, par leur informatisation travaillent en réseaux, supposant une stratégie et des institutions collant aux réalités locales et mondiales, améliorer le fonctionnement des marchés et des initiatives par une politique incitative d'encadrement macro-économique et macro-social favorisant les espaces de libertés, sociaux, politiques et économiques passant par une nouvelle régulation du fonctionnement des marchés et des initiatives rentrant dans le cadre du nouvel espace Monde.
-Treizièmement, réduire les inégalités sociales, justice sociale ne signifiant pas égalitarisme, vision populiste suicidaire, source de démotivation. Cela implique la mise en place d'une nouvelle politique de la sécurité sociale si l'on veut éviter l'implosion, en cas de chute brutale des recettes des hydrocarbures, des actuelles caisses de retraite, ce qui demande de l'imagination avec la baisse de salarisation et des baisses de cotisations. Les recettes exceptionnelles des hydrocarbures ces dernières années devraient aider à cette phase d'ajustement structurel. Il s'agit de combiner la méthode de l'indexation et la méthode d'incitation parallèlement à l'incitation par capitalisation en intégrant la sphère informelle, produit de la bureaucratie et du trop d'Etat, par des mesures socio-économiques loin de toute action coercitive.
-Quatorzièmement, facteur stratégique d'équité sociale, revoir le système fiscal par la combinaison de l'équité verticale (augmenter le taux d'imposition en fonction de l'accroissement du revenu) et l'équité horizontale (impôt égal revenu égal) mais en n'oubliant jamais que l'impôt peut tuer l'impôt.
-Quinzièmement, asseoir la bonne gouvernance en Algérie, dont le pilier devra reposer sur une nouvelle gestion des ressources humaines, une Nation sans son élite étant comme un corps sans âme. Il s'agira donc d'éviter l'exode des cerveaux véritable hémorragie, l'élite étant le pivot de tout processus de développement. Pour environ 10 000 médecins en France leur formation a coûté à l'Etat algérien plus de 10 milliards de dollars et si l'on inclut les autres formations de 1970/2017 on peut multiplier ce montant par dix.


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