Selon les affirmations d'un diplomate arabe, cité dans une analyse du journal Le Monde, parue jeudi, l'accusation de l'Iran par le Maroc d'avoir facilité une livraison d'armes au Front Polisario, via-le mouvement libanais Hezbollah, est «une invention totale des Marocains». Pour le diplomate arabe, cette accusation n'est en fait qu'un pure subterfuge pour éviter la table des négociations. Autrement dit, «Il s'agit d'une invention totale des Marocains, qui sont capables de trouver le moindre prétexte pour refuser de se rendre à la table des négociations» avec le Front Polisario, a précisé le diplomate arabe qui a gardé l'anonymat, pour tenter d'expliquer les raisons de la rupture par le Maroc de ses relations diplomatiques avec l'Iran. Côté réactions, la diplomatie iranienne l'accusation du Maroc, a été qualifiée d'«allégation», et catégoriquement démentie par Téhéran précisant que «cette affaire est totalement dénuée de fondement». En ce qui concerne l'Algérie, l'ambassadeur du Maroc a été convoqué par le ministère algérien des Affaires étrangères qui lui a fait part du rejet par les autorités algériennes des propos «totalement infondés», mettant indirectement en cause l'Algérie. Enfin, pour le Front Polisario, représentant légitime du peuple sahraoui, il a condamné «fermement» les allégations marocaines «irresponsables, éhontées et mensongères» qui dénotent «les tentatives du Maroc de se soustraire à l'application de la décision du Conseil de Sécurité 2414» concernant la poursuite des négociations directes entre les deux parties. Dans ce sens, le diplomate arabe, cité par Le Monde, a également rappelé qu'il y a deux ou trois ans, «Rabat avait déjà accusé le Polisario d'entretenir des liens avec Al-Qaïda», soulignant que «cette crise diplomatique permet au royaume de faire plaisir à ses parrains du Golfe, les Saoudiens et les Emiratis, et d'aller dans le sens du nouveau conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, John Bolton». Enfin, pour sa part, le journal Le Monde souligne qu'en l'absence de preuves présentées publiquement, les observateurs et diplomates «sont contraints de rappeler le contexte qui entoure la décision marocaine pour tenter de l'expliquer», citant en référence la dernière résolution du Conseil de sécurité, adoptée le 27 avril, qui contraint notamment ,le Maroc et le Front Polisario, à s'engager dans des pourparlers directs sous l'égide de l'ancien Président allemand, Horst Köhler, nouvel envoyé spécial de l'ONU pour le Sahara occidental. Selon Le Monde, c'est dans ce contexte que le Maroc «charge son adversaire, le Front Polisario, tout en se rapprochant des Etats-Unis, en pleine confrontation avec l'Iran», notant que la rupture des relations maroco-iraniennes «permet aussi d'envoyer un signal positif en direction de l'Arabie-saoudite, l'un des grands financiers du royaume, en conflit avec l'Iran, qu'elle accuse d'avoir des visées hégémoniques dans la région.»