Au-delà de l'alignement du Maroc sur la position des Etats-Unis et de l'Arabie Saoudite qui veulent étouffer l'Iran, Rabat tente d'échapper aux pressions de l'ONU concernant le dossier du Sahara occidental. La crise diplomatique que le royaume du Maroc a fait éclater avec l'Iran, que Rabat accuse d'avoir armé le Front Polisario via le Hezbollah libanais, a fait réagir les dirigeants du Sahara occidental qui qualifient les accusations marocaines d'"allégations infondées" pour ne pas parler de "mensonges". "Le Front Polisario défie officiellement le Maroc et son chef de la diplomatie à fournir la moindre petite preuve soutenant ces allégations infondées", a déclaré Oubli Bouchraya Bachir, le représentant du Front Polisario en France, lit-on sur l'agence de presse sahraouie SPS. Tout en qualifiant les déclarations marocaines de "démarche opportuniste", Oubi Bouchraya Bachir estime que le Maroc cherche à saper les efforts des Nations unies à rouvrir le dossier des négociations directes entre Rabat et le Front Polisario. Pour lui, le Maroc cherche à "se repositionner sur la carte politique internationale et régionale", mais vise surtout "à se protéger des retombées de la dernière décision du Conseil de sécurité international qui l'oblige à avancer dans le processus de négociations pour le règlement du conflit au Sahara occidental", lit-on encore sur SPS. "En réalité, l'objectif final de ces allégations marocaines est de se protéger des retombées de la décision du Conseil de sécurité international, adoptée récemment et portant prorogation du mandat de la mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum sur l'autodétermination (Minurso) de six mois, et qui est telle une épée de Damoclès suspendue au-dessus de la tête du Maroc pour l'amener à avancer dans le processus de négociations", a-t-il fait remarquer. Pour rappel, le Maroc a fait un véritable tapage médiatique à la veille de la présentation d'un rapport de l'ONU sur le conflit au Sahara occidental, en accusant le Front Polisario d'avancer ses troupes vers la zone tampon d'El-Guergarat, des allégations démenties aussi bien par les Sahraouis que par l'émissaire spécial du SG de l'ONU pour le Sahara occidental, Horst Köhler. Cette fois-ci, la montée de tensions entre l'Iran et les Etats-Unis, soutenus par leurs alliés du Golfe, a servi de prétexte pour associer Téhéran à cette nouvelle guerre diplomatique et médiatique contre le Front Polisario. Ne disposant que de six mois seulement pour se mettre à la table des négociations, le Maroc annonce ainsi la rupture des relations diplomatiques avec l'Iran, qu'il accuse d'armer le Front Polisario. Pis, Rabat accuse indirectement Alger de servir de relais dans cette étrange affaire, ce qui a fait réagir l'Algérie qui a convoqué l'ambassadeur marocain mercredi pour lui faire part de son rejet de telles accusations. Lyès Menacer