En attendant la guerre des monnaies qui ne saurait tarder, la guerre commerciale est ouverte depuis hier entre les Etats-Unis et ses principaux partenaires économiques. Les règles érigées par l'Organisation mondiale du commerce (OMC) volent en éclats. Les bienfaits de la mondialisation sont remis en question, tout comme le libéralisme de la finance et des économies, par la seule volonté du président américain qui entend remettre de l'ordre dans le désordre des échanges commerciaux, punissant le Trésor américains par un déficit annuel se chiffrant en milliards de dollars. Le protectionnisme voulu par Donald Trump pour redorer le blason de la première économie du monde ne va pas se faire sans dégâts, principalement pour les anciens partenaires commerciaux et alliés des Etats-Unis, membres de l'OCDE, qui jusque-là avaient bénéficié de l'exemption des droits de douanes. L'Allemagne, la France, le Canada, le Mexique et à un degré moindre la Chine, jugent les dernières mesures réintroduisant les taxes sur leurs produits comme étant inacceptables, et sont perçus tel «un affront au partenariat de sécurité existant de longue date entre le Canada et les Etats-Unis», selon le Premier ministre, Justin Trudeau, alors qu'Emmanuel Macron juge «la décision américaine illégale», en promettant de «riposter de manière ferme et proportionnée». Quant à Angéla Merkel, elle a insisté sur le respect des règles fondamentales de l'Organisation mondiale du commerce en vigueur, en appelant au maintien du multilatéralisme par opposition au bilatéralisme voulu par Trump qui entend négocier au cas par cas avec les partenaires commerciaux de son pays, comme il l'a fait avec les Chinois. La Chancelière allemande est allée jeudi dernier en Chine, pour s'entendre sur une stratégie de réaction commune avec Pékin, face aux visées de Trump de limiter les importations d'acier et d'aluminium, en les taxant de 25%, les désaccords ne concernent pas seulement les produits ferreux, puisque les excédents de production de l'industrie automobile nippone et allemande sont dans le viseur du patron de la Maison-Blanche, qui veut, à tout prix, instaurer un rééquilibrage de sa balance commerciale avec les différents pays, qu'il estime prospérer au détriment de l'Amérique. Le Mexique en représailles a déjà pris des mesures pour taxer ou interdire à l'importation certains produits US, tout en essayant de renégocier l'accord de libre-échange le liant aux Américains. Une ébauche de stratégie collective des pays pénalisés est en train d'être discutée, alors que des voix comme celle de l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) appellent à calmer le jeu. Pour Donald Trump, le bilan de la mondialisation de l'économie n'a pas profité aux Américains. Il voudrait relancer les investissements sur le territoire américain pour fabriquer l'acier, tout en reprenant la main sur le leadership mondial de l'industrie automobile.