La banque d'Algérie a tenté d'expliquer dans une note en date du 18 aout 2018 les raisons de la dépréciation du dinar en référence aux monnaies clefs (dollar/euro). L'objet e cette présente contribution dont une analyse détaillée est parue le 11 aout dans une interview que j'ai donnée à American Herald Tribune(USA) est de poser la véritable problématique à la fois de la cotation du dinar et de la différence entre sa cotation officielle et celle du marché parallèle. Les importations devraient tendre vers 45 milliards de dollars fin 2018,(donc une baisse dérisoire restant presque au même niveau qu'en 2017)) auquel il faudrait ajouter les services (9/10 milliards de dollars) et les transferts légaux de capitaux donnant une sorties de devises solde brut entre 57/58 milliards de dollars et un solde net tenant compte des exportations et entrées de devises de services légaux (2/3 milliards de dollars) entre 15/16 milliards. Si l'on soustrait aux réserves de change fin 2017 de 97 milliards de dollars cela donnerait 82/83 milliards de dollars de réserves de change fin 2018, ce montant dépendant essentiellement à la hausse ou à la baisse des recettes d'hydrocarbures. Cela influe sur le taux de change corrélé aux réserves de change via les recettes d'hydrocarbures à plus de 70% où selon la banque d'Algérie (cours entre le 15/17 aout 2018 achat) est de 135,15 dinars un euro et 119,25 dinars un dollar avec un écart important sur le marché parallèle dépassant les 210 dinars un euro. Si les réserves de change, richesse virtuelle qu'il s'agit de transformer en investissement productif, due non pas au travail, mais à la rente des hydrocarbures, étaient de 10/20 milliards de dollars, l'euro s'échangerait au cours officiel à plus de 200 dinars un euro et le cours sur le marché parallèle entre 250/300 dinars un euro, cotation sur ce marché, fonction de l'offre et de la demande. Le dérapage du dinar (une dévaluation doit être avalisée en conseil des ministres) sur le marché officiel contredit les lois élémentaires de l'économie où toute dévaluation en principe devrait dynamiser les exportations. En Algérie le dérapage du dinar a produit l'effet contraire, les mesures monétaires sans les synchroniser à la sphère réelle au sein d'une vision stratégique tenant compte de l'évolution du monde, ayant eu peu sans effets. C'est que le dérapage du dinar (la Banque d'Algérie parle de glissement) voile l'importance du déficit budgétaire, biaisant les comptes publics. La raison essentielle est qu'en dévaluant le dinar par rapport au dollar, nous aurons une augmentation artificielle de la fiscalité des hydrocarbures, et la fiscalité ordinaire à travers la taxe des produits importés, les recettes des hydrocarbures étant sont reconverties en dinars, passant, par exemple, de 75 DA un dollar à 115/116 dinars un dollar. Idem pour les importations libellées en monnaie étrangère dont l'euro, les taxes douanières se calculant sur la partie en dinars. Ce dérapage accéléra l'inflation intérieure. Tout cela voile l'efficacité réelle du budget de l'Etat à travers la dépense publique, et avait gonflé par le passé artificiellement le fonds de régulation des recettes calculé en dinars qui s'est épuisé fin 2017. L'inflation étant la résultante, cela renforce la défiance vis-à-vis du dinar où le cours officiel se trouve déconnecté par rapport au cours du marché parallèle traduisant le cours réel du marché. Dans ce cadre, devant comparer que le comparable, les lois économiques étant insensibles aux slogans politiques populistes, sans analyses objectives, attention aux impacts négatifs du financement non conventionnel en Algérie. il est intéressant pour le gouvernement algérien d'étudier l'expérience du Venezuela, qui a utilisé le financement non conventionnel, (planche à billets de la banque centrale sans contreparties productives) qui par la suite n'a pas été maitrisé faute de réformes structurelles, cela a entrainant une dérive de la cotation de la monnaie avec des taux de change multiplies et une spirale inflationniste où le 17 aout 2017 on annonce l'instauration d'un taux unique qui tend à s'aligner sur le marché parallèle. Cette mesure est –elle la solution sans synchronisation de la sphère réelle et financière, de la dynamique économique donc une relance économique dans le cadre des valeurs internationales, loin des aléas de la rente des hydrocarbures ? Avec la chute des recettes d'hydrocarbures qui tiennent la cotation de la monnaie, cette baisse de la production a induit et des dévaluations fréquentes du bolivar fuerte depuis 2013 qui ont entraîné le pays dans l'impasse sur le plan économique. Jusqu'à présent le Venezuela applique le système de taux de change, la banque centrale cotant que les deux premiers taux. Les biens qualifiés d'essentiels peuvent être achetés au taux moyen officiel, appelé Dipro, suite à une liste des biens qui peuvent prétendre à ce taux, notamment les importations de nourriture, de médicaments ainsi que certaines opérations d'entreprises pétrolières publiques. Les importations considérées comme non essentielles peuvent être échangées a un taux différent, le Dicom qui est un système d'enchères conçu pour permettre un taux théoriquement variable dans le temps.. Il existe un troisième taux sur le marché parallèle très fluctuant, fonction du taux d'inflation très élevé, où l'accès aux dollars américains étant limité au travers des deux systèmes officiels. L'inflation a explosé, en un an, à 13 779 % (d'avril 2017 à avril 2018) et selon Alejandro Werner, chef du département Hémisphère Ouest au FMI, «la croissance des prix à la consommation atteindra 1 000 000% à la fin de l'année 2018, une situation similaire à l'Allemagne de 1923 et le Zimbabwe de la fin des années 2000». Le 17 août 2018, le président vénézuélien sans détailler les modalités d'application de ces changements financiers, a annoncé la mise en place d'un taux de change unique qui devrait être lancé durant le second semestre 2018, rattaché au «petro», monnaie virtuelle basée sur les réserves en hydrocarbures du Venezuela. Avec le nouveau taux de change, un dollar sera obtenu contre 6 millions de bolivars, soit une cote à peu près équivalente à celle du marché noir où la grande majorité de la population achète la monnaie américaine, entrainant une dévaluation de 96% par rapport au taux officiel actuel, qui permet d'avoir un dollar contre 248 832 bolivars. Il est annoncé également une hausse de plus de 3 000% du salaire minimum mensuel, le salaire minimum mensuel étant équivalent à un demi-petro. Cependant les économistes interrogés par l'agence Reuters doutent de l'efficacité d'une telle meure avec des réserves de change qui tiennent la cotation de la monnaie et qui sont inférieures à 12 milliards de dollars. La marge de manœuvre sera forcément limitée face aux sanctions américaines qui excluent le petro de toute transaction, (le dollar étant toujours dominant dans les transactions internationales) qui ont amenuisé les capacités de production et d'exportation des hydrocarbures du pays et surtout sans parfondes réformes structurelles, les mesures conjoncturelles sans vision stratégique étant l'une des causes majeures de la crise économique, provoquant une inflation galopante et la chute de la monnaie nationale. Doté de la première réserve mondiale de pétrole (environ 302,25 Mds de barils), le Venezuela, comme l'Algérie est excessivement dépendant des fluctuations du prix du pétrole (qui constitue 96% des exportations). Or, les matières premières n'ont jamais constitué le facteur décisif du développement, l'exemple le plus frappant étant l'Afrique. Or, la bonne gouvernance et la valorisation du savoir, constituent le pivot d'un développement en ce XXIe siècle. C'est le paradoxe d'une économie rentière, le Venezuela étant un pays riche en ressources naturelles mais avec une population de plus en plus pauvre, le pays étant au bord de la semi-faillite où en 2018, près de 90% des habitants vivent ainsi sous le seuil de pauvreté selon l'enquête sur les conditions de vie (Encovi), contre 48% en 2014 ? Le grand défi pour le gouvernement vénézuélien mettre en place une économie diversifiée loin des aléas de la rente, renouer avec une croissance durable et donc freiner la détérioration du pouvoir d'achat des couches les plus vulnérables et le nivellement par le bas des couches moyennes non connectées à la sphère rentière (Suite et fin) Dr Abderrahmane Mebtoul, professeur des universités, expert international