Propager des informations tendancieuses, en s'appuyant sur des experts hypothétiques, relèverait de la malhonnêteté intellectuelle. Depuis plusieurs jours, la polémique enfle démesurément sur les possibilités de contamination de la population par le vibrion cholérique, qui aurait consommé des fruits et des légumes, irrigués par des eaux usées. La liste est pourtant longue, des plantations de surface, or, seuls les melons et les pastèques retiennent les critiques, faisant fi des carottes, navets, céleris, haricots verts, betteraves, et autres tubercules dont les pommes de terre. Les irrigations des cultures de plein air ou sous serres par des eaux usées, ne sont pas une pratique nouvelle, malgré cela, des organismes de la société civile et certaines voix, ont saisi l'occasion de rajouter de l'huile sur le feu, en amplifiant les possibilités d'infection intestinales par des bactéries, qui ne peuvent contaminer que le genre humain, par voie hydrique, c'est-à-dire par des eaux généralement stagnantes, impropres à la consommation. Les inquiétudes ont été telles, et les indexations par le biais des réseaux sociaux si précises que le ministère de l'Agriculture s'est cru obliger de réagir en assurant que les eaux sont saines, et ne seraient en aucun cas être à l'origine de la propagation du choléra». Des biologistes spécialisés dans les sciences de la terre ont soutenu que «l'anatomie des plantes ne pouvait en aucun cas incuber la bactérie pour la transmettre à l'homme», et que les critiques sont infondées ; reste, cependant, l'amère réalité permettant aux fellahs d'arroser leurs productions, avec des eaux provenant des égouts d'assainissement ou des industries chimiques et autres tanneries. Dans ces conditions, la loi algérienne est bien armée pour faire respecter le droit des eaux, l'usage des eaux usées et recyclées. La Gendarmerie nationale a traité des milliers d'affaires liées aux infractions d'irrigations de champs avec des eaux empuanties, ou par des puits où pourraient se cumuler des substances chimiques, dont des huiles de vidange et des peintures. La thèse de la contamination par le choléra par l'intermédiaire des fruits et des légumes des cas recensés dans le pays apparaît comme fantaisiste. Ce qui, par contre reste inquiétant, c'est le long temps qu'a mis l'Institut Pasteur pour identifier la bactérie à l'origine de l'épidémie. Environ trois semaines ont été nécessaires pour qu'on ose enfin diffuser l'information relative à la dangerosité des consommations des eaux non potables. Les dangers de la consommation des fruits et des légumes, en Algérie, sont moins liés à la consommation des eaux usées, mais recyclées, qu'aux pesticides, et autres agents chimiques utilisés en quantité astronomique, pour augmenter les performances agricoles.