C'est devenu un réflexe pavlovien chez les Français : à chaque fois que l'Algérie tente de s'affranchir de sa dépendance économique de son ex-colonisateur, et d'établir des relations avec d'autres partenaires, des voix s'élèvent ici et là pour mettre de la pression et user des méthodes les plus perfides et les plus sournoises pour freiner tout élan émancipateur de notre pays, et semer la confusion et le chaos. C'est bien le cas de cet ex-ambassadeur de France à Alger et coordonateur des «services» auprès de l'Elysée , Bernard Bajolet, qui a bien choisi le moment – la visite de la chancelière allemande en Algérie- pour faire sa déclaration au quotidien Le Figaro, aussitôt relayée et amplifiée par la presse nationale et les réseaux sociaux. Ce coup fourré de Bernard Bajolet nous rappelle le geste peu diplomatique de l'ancien premier ministre, Manuel Valls, au lendemain de sa rencontre avec le président Bouteflika à Alger et, avant lui, la compagne médiatique hystérique dans laquelle avait été enrôlée une partie de la presse nationale, pour tenter de disqualifier le projet de développement des énergies renouvelables initiée par l'Algérie en partenariat avec d'autres pays. L'état de santé du Président n'est, donc en définitive, qu'un subterfuge comme un autre pour tenter de saper le moral des Algériens et alimenter l'amalgame et le doute, à un moment crucial de la vie politique nationale, où le débat sur les prochaines échéances électorales bat son plein. Car, après tout, la maladie du chef de l'Etat ne concerne que les Algériens, et, seuls, eux, ont le droit de s'interroger sur sa capacité à poursuivre l'exercice de ses fonctions. Encore que, sur cette question précisément, la présidence de la République a toujours informé l'opinion de l'évolution de son état de santé, à travers des communiqués rendant compte régulièrement des différents contrôles médicaux qu'il subit, ici ou à l'étranger. Maintenant, si cette sortie aussi pernicieuse que maladroite de Benrard Bajolet vise à recadrer les relations algéro-françaises dans la bouillabaisse actuelle, créée par les tergiversations d'Emmanuel Macron sur les questions historiques qui lie la France à son ancienne colonie, il y a bien d'autres façons de le faire, sans avoir à se mêler aussi impunément des affaires internes d'un pays souverain, et sans porter atteinte à ses symboles.