Tous les journalistes qui doivent accompagner le président français Emmanuel Macron au cours de sa visite aujourd'hui à Alger ont finalement obtenu leur visa. Selon des sources proches de l'Elysée, le chef de l'Etat français a appelé lui-même le Premier ministre Ahmed Ouyahia pour régler le problème d'une dizaine d'envoyés spéciaux, faisant partie des rédactions du Monde, de Libération, du Figaro, de Mediapart et de l'émission Quotidien du groupe TF1, animée par Yann Barthès. Lundi, en fin de journée, les rédactions concernées ont appris par le service de presse de la présidence de la République que les demandes de visas de leurs journalistes ont été refusées. Invité le soir même sur le plateau de Quotidien, Christophe Castaner, secrétaire d'Etat aux relations avec le Parlement et délégué général de la République en Marche, le parti du président Macron, avait promis d'agir auprès de l'Elysée en faveur des journalistes déboutés. S'exprimant à chaud sur les visas refusés, ce proche d'Emmanuel Macron a affirmé que cela "est préoccupant et n'est pas logique". Thierry Oberlé, du service international du Figaro, faisait partie des journalistes dont la demande de visa pour l'Algérie avait été refusée. Selon lui, 9 passeports en tout n'ont pas été estampillés. "Ce qui était surprenant c'est l'étendue des restrictions. C'est du jamais vu", a fait remarquer Tierry Oberlé, assurant qu'aucun motif précis n'avait été avancé par les services consulaires algériens pour justifier le refus des visas. En avril 2016, un groupe plus restreint de journalistes avait été déjà empêché d'accompagner l'ex-Premier ministre, Manuel Valls, à Alger, dans le cadre de la réunion de la troisième session du haut comité intergouvernemental algero-francais. Il s'agissait d'un journaliste du Monde et de deux du Petit journal, une émission de Canal+, qui était également animée par Yann Barthès. Pour marquer leur solidarité avec leurs confrères, les autres envoyés spéciaux avaient boycotté le voyage. De son côté, Manuel Valls avait exprimé "ses regrets", après la décision d'Alger. Celle-ci était très clairement une punition, à l'égard du Monde et du Petit journal, accusés d'avoir porté atteinte à l'image du président Abdelaziz Bouteflika. Le Petit journal pour ses reportages sur l'état de santé du chef de l'Etat et Le Monde pour l'avoir associé au scandale d'évasion fiscale des Panama Papers. Cette affaire avait d'ailleurs donné lieu à des poursuites judiciaires. L'Etat algérien avait décidé de porter plainte contre le quotidien français, avant de l'abandonner au début de l'été. Hier, l'ensemble des rédactions concernées par l'affaire des visas s'est abstenu de publier des communiqués. Elles ont été informées que des discussions étaient menées en haut lieu pour dénouer la situation. S. L.-K.