Ce qui se passe dans l'hémicycle de l'Assemblée populaire nationale depuis trois semaines, est digne des meilleures manœuvres machiavéliennes. Nous apprenons que la «commission des Affaires juridiques, administratives, et des Libertés confirme la vacance de la présidence de l'APN», à la suite d'un rapport qui lui a été adressé par le Bureau de l'Assemblée. La vacance selon le communiqué a été validée après constat que «tous les éléments juridiques aient été réunies pour incapacité du président de l'APN (Said Bouhadja) à assurer ses fonctions, du fait de son désaccord avec les députés, et son refus de démissionner», précisant que : «Ce cas de figure s'inscrit dans le cadre des dispositions légales prévues par l'article 10 du règlement intérieur de l'APN, lequel prévoit qu'en cas de vacance de la présidence de l'APN, par suite de démission, d'incapacité ou d'incompatibilité ou de décès, il est procédé à l'élection du président de l'APN suivant les mêmes modalités prévues par le présent règlement intérieur dans un délai maximum de quinze (15) jours à compter de la déclaration de la vacance», précise le communiqué répercuté par l'APS. Encore faudra t-il attendre la réunion du bureau de l'APN qui doit se réunir obligatoirement pour constater la vacance, et saisir la commission chargée des affaires juridiques. Cette dernière élabore un rapport confirmant la vacance, et le soumet en séance plénière au vote de la majorité des membres de l'Assemblée. La boucle est ainsi bouclée, puisque une majorité confortable est acquise aux frondeurs, et que les accès de l'APN ont été refusés à son président par une partie des députés. Mais les évènements ne sont pas aussi simples qu'il n'y paraît à postériori, puisque les principaux acteurs disent la chose est son contraire. Telle la déclaration de Ould Abbès qui, en sa qualité de SG du FLN, prétend, ce samedi, que son parti n'est nullement impliqué dans la crise qui secoue l'APN, et que «l'action en cours est tout a fait légale et ordinaire». Sauf, que lui-même a mené une guerre psychologique contre le président de l'APN en le sommant de partir de son gré, sous peine de l'exclure du parti FLN, de le traduire en Conseil de discipline, et de lui sortir des dossiers préjudiciables comme le confirme l'ex-chef du groupe parlementaire du FLN, Saïd Lakhdari, dans une déclaration vendredi au journal arabe Ray Al-Yawm. Idem pour Ahmed Ouyahia, qui demande à Saïd Bouhadja de s'en aller «dignement», et par la même s'immiscer pleinement dans les affaires internes de l'APN en sa qualité de Premier ministre. Ce qui a donné un cachet politique extra-muros à une crise jusque là qualifiée d'interne, ce qui a fait dire au président de l'APN : «Je suis ciblé par Ouyahia. Ses agissements ont une dimension politique». Les différents persifleurs vis-à-vis de Bouhadja convergent la légitimité de leurs doléances en évoquant qu'ils représentent la majorité des députés, y compris ceux de l'opposition, mais il apparaît cependant, que beaucoup de groupes de parlementaires campant dans l'opposition de sont point d'accord avec les méthodes utilisées pour destituer le président de l'APN qualifiant la procédure d'illégale. Ce qu'appuient nombre d'hommes de lois interrogés sur la légitimité de l'amovibilité de Bouhadja, au point où l'arbitrage du Conseil constitutionnel est appelé à se prononcer. Pour les partis se vautrant dans une opposition de façades, c'est toujours la langue de bois, ou carrément le mutisme qui prévaut, autrement, ça serait l'occasion de réformer les institutions dont ils se sont accommodés, depuis des décennies. De causes à effets, cette affaire dont les consistances nous échappent, fera couler vraisemblablement beaucoup d'encre.