Le cours du Brent est coté dans la matinée du 11 novembre 2018 à 69,64 dollars le Brent (61,43 euros) et 59,84 dollars le Wit (52,78 euros) après avoir dépassé les 80 dollars le début octobre 2018..Or, depuis plusieurs décennies l'économie algérienne est tributaire de la rente des hydrocarbures et toutes les lois de Finances reposent sur l'évolution du cours du pétrole. Les principaux produits hors hydrocarbures exportés, sont constitués essentiellement par le groupe «demi-produits» qui représente une part de 5,70% du volume global des exportations soit l'équivalent de 1,62 milliard de dollars US. Le groupe «biens alimentaires» vient en seconde position avec une part de 0,88% soit 250 millions de dollars US suivi par le groupe «produits bruts» avec la part de 0,24% soit en valeur absolue 67 millions de dollars US, et enfin les groupes «biens d'équipement industriels» et «biens de consommations non alimentaires» avec les parts respectives de 0,20% et 0,08%. Si l'on prend la structure par produits, nous avons pour un total de 2,013 milliards de dollars : pour les huit premiers mois de 2018, les groupes de produits exportés en dehors des hydrocarbures 2016/2017, sont constituées essentiellement de dérivées d'hydrocarbures -les engrais minéraux 33,62% -huiles et autres produits provenant de distillation du goudron 24,14% -l'ammoniacs anhydres 15,51%. Ce qui nous donne 73,27% soit 1,548 milliards de dollars, restant aux autres produit seulement 465 millions de dollars. Mais comme rappelé précédemment, le document le plus fiable est la balance des paiements qui retrace le flux de biens (commerce extérieur des marchandises), de services, de revenus, de transferts de capitaux et les flux financiers réalisés entre l'Algérie et le reste du monde, représentant l'ensemble des entrées et sorties de devises entre l'Algérie et les autres pays. Dans ce cadre faute d'une véritable politique industrielle, il est utile de rappeler les données récentes qui accroit la facture d'importation et donc les sorties de devises de la facture d'importation des collections CKD destinées à l'industrie de montage des véhicules de tourisme s'est établie à plus de 1,83 milliard de dollars sur les huit premiers mois de 2018, contre 936,86 millions de dollars durant la même période de 2017,selon le Centre national des transmission et du système d'information des Douanes et les importations des véhicules de Transport de Personnes et de Marchandises et de collections CKD de cette catégorie de véhicules, s'établissant à 386,2 millions de dollars sur les huit premiers mois de 2018 contre 323,65 millions de dollars à la même période de 2017, donnant une facture globale à 2,22 milliards de dollars entre janvier et fin août 2018 contre 1,26 milliard de dollars à la même période de 2017, plus de 3 milliards de dollars fin 2018. 3- Le PLF 2019 fonction du cours des hydrocarbures L'amélioration du solde de la balance commerciale entre 2018/2020/2022 sera fonction essentiellement des recettes de Sonatrach d'où l'importance de comprendre les mutations énergétiques mondiales. Par rapport au volume global des exportations en 2017, évaluées à 34,76 milliards de dollars nous avons hors hydrocarbures net 1,93% et hydrocarbures/dérivées 98,07% et pour les huit premiers mois de 2018, évaluées à 28,34 milliards de dollars, nous avons 1,64% hors hydrocarbures net et hydrocarbures/dérivées 98,36% (source calcul à partir des statistiques douanières). Les réserves de pétrole en Algérie selon des données contradictoires fluctuent entre 10/12 milliards de barils et pour le gaz entre 2500/3000 milliards de mètres cubes gazeux, où lors du conseil des ministres du 6 octobre 2015, il avait été déclaré 10,17 milliards de baril et 2745 milliards de m3 de gaz toute forme confondue. Mais l'Algérie possède le troisième réservoir mondial selon des études américaines en pétrole/gaz de schistes, 812 TCF dont 230 techniquement récupérables, soit respectivement 22980 et 6505 milliards de mètres cubes gazeux, mais en n‘oubliant pas nous ne sommes pas dans le cas des gisements traditionnels comme Hassi R'Mel ou Hassi Messaoud, sous réserve de la protection de l'environnement, il faudrait perforer environ 5000 (le nombre variant selon la géologie) dont la durée de vie n'excède pas cinq ans pour avoir dix milliard de mètres cubes gazeux. Selon les Echos.fr cela nécessiterait environ 10.000 à 15.000 m3 d'eau par puits ainsi que des additifs chimiques.Mais d'autres techniques sont en cours horizon 2020/2025 qui économiserait plus de 90% d'eau et de produits chimiques (voir l'étude pour le gouvernement (de 620 pages) qui a été remis au premier ministre le 25 février 2015, «pétrole et gaz de schiste, opportunités et risques». Pour l'Algérie, l'énergie étant au cœur de la sécurité nationale, avec une très forte consommation intérieure le risque pour le gaz conventionnel est d'être équivalent aux exportations actuelles horizon 2030, posant la problématique des subventions généralisées et de l'urgence d'un nouveau modèle de consommation énergétique (efficacité énergétique, et énergies renouvelables). Selon le bilan officiel de Sonatrach 2017,la production et les exportations se structurent ainsi : la production de Gaz naturel en millions de mètres cubes a été de 96599 (1,7%) pour une exportation de 37594 (-2,2%), la production et les exportations de gaz naturel GNL en millions de mètres cubes 16410(+5,7%), la production de pétrole brut a été 49468 Kt (-2,9%) et l'exportation de 24677( -2,2%), la production et les exportations de condensat en K tonnes a été 9219 (_0,1%), le Gpl aux champs a été de 7980 Kt (-3,2%) et les exportations de 6932 (-5,2%), les produits raffinés en KT 15941 (-1,8%), autres Gnw (électricité 880 (-71,2%), soit un total de production 165861 en Kt (_0,2%) pour une exportation de 108.257 (-2,2%) contre une production 166184 (2016) et une exportation de110643 en 2016. Ce qui donne en pourcentage pour les exportations : GN, 32,9%, GNL, 14,4%, (au total gaz 47,3%) pétrole brut 25,2%, condensat, 4,4%, produits raffinés 15,6%, Gpl 7,6%, d'où l'importance d'être attentif à l'évolution du prix tant du gaz (le cours le 10/11/2018 étant à 3,5 dollars le MBTU inferieur par rapport aux années 2008/2009 représentant, selon les données physiques de Sonatrach, pour 2017 plus de 47% des exportations) –l'essentiel des exportations, facteurs exogènes (Voir contribution internationale - Mena/Forum- diffusion internationale Londres/Bruxelles «The eight factors determining the price of oil by Dr A. Mebtoul | Nov 1, 2018).. Selon l'agence Reuters en moyenne octobre 2018, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) a extrait 33,31 millions de barils par jour (bpj) soit 390.000 bpj de plus qu'en septembre. une partie du supplément de production de l'Opep provenant de l'Irak seconde réserve mondiale de pétrole (léger) à un cout inférieur à 20% de celui de l'Arabie Saoudite et en cas de stabilité pouvant facilement produire plus de 5/6 millions de barils /jour, de la République du Congo et de la Guinée Equatoriale, qui ont rejoint l'organisation en 2018 et 2017, mais certains pays de l'OPEP n'ont pas respecté les quotas. Ainsi, les EAU a connu une augmentation de la production de 200.000 bpj à 3,25 millions de bpj, la Libye avec une production de 1,22 million de bpj en moyenne, en hausse de 170.000 bpj, qui pourrait en cas de stabilité produire environ 2 millions de barils/j. Les experts prévoient également une augmentation de la production au Kazakhstan et au Brésil. La production de l'Iran (5% des reserves mondiales de petrole et quatrième rang dans le monde avec environ 150 milliards de barils et deuxième reservoir de gaz naturel après la Russie avec 34.000 milliards de mètres cubes gazeux) a connu une production de 1,85 millions barils/j en octobre 2018,l largement inférieur du quota fixé par l'OPEP, ses principaux clients étant la Chine, l'Inde et la Turquie, recul inférieur aux anticipations du moins pour l'instant. Hors Opep, la Russie a produit 11,41 millions de bpj, avec 11,36 millions de bpj en septembre 2018. Le ministre de l'Energie de l'Arabie saoudite a fait savoir le 30 octobre 2018 sous pression américaine de porter la production d'or noir à 12 millions de barils par jour contre 10,7 millions actuellement, pour combler la production iranienne et dans ce cas il sera suivi par la Russie qui ne veut pas perdre des parts de marché. Et paradoxe lors d'une réunion à Abou Dhabi de pays membres de l'Opep le 11 novembre 2018, le même ministre annonce une réduction pour décembre de 500.000 barils par jour moins élevées qu'en novembre, tout e précisant qu'il n'y avait «pas encore de consensus» entre grands pays producteurs de pétrole pour réduire la production de brut d'un commun accord. La récente diminution des prix de pétrole est le résultat d'une part d'une demande en baisse de la Chine, le plus grand importateur, qui connaît un ralentissement de sa croissance, selon Cailin Birch, analyste à l'Economist Intelligence Unit et d'autre part, les sanctions américaines contre l'Iran qui menaçaient de faire baisser l'offre mondiale et de faire grimper les prix se sont avérées moins sévères que prévu, huit pays principaux importateurs de l'Iran n'ayant pas été touchés par les sanctions (Chine, Inde, Turquie notamment), sans compter l'écoulement au marché noir à un prix inferieur à celui du marché. Mais en cas où les pays OPEP et non OPEP ne comblerait pas le déficit iranien, selon les analystes de Bank of America Merrill Lynch, sauf crise mondiale majeure où le prix pourrait descendre en dessous de 60 dollars, le prix du Brent pourrait augmenter, d'environ de 8 à 9 dollars par baril, au dessus de 70 dollars le baril, étant le prix d'équilibre afin de ne pas pénaliser ni les pays consommateurs ni les pays producteurs. En cas d'accroissement de la production et une croissance de 2/3%, le cours du Brent devrait fluctuer, entre 65/75 dollars en 2019. Tout en rappelant qu'un prix supérieur à 60 dollars devrait entrainer l'entrée massive du pétrole et du gaz de schiste US dont les gisements marginaux, qui sont les plus nombreux, deviennent rentables avec une production supérieure à 10 millions de barils/jour. En août 2018, selon l'Agence américaine d'information sur l'énergie (EIA), les USA sont devenus le premier producteur mondial de pétrole, devant la Russie et l'Arabie saoudite, avec 10,9 millions de barils par jour et cette production devrait même dépasser 11,5 millions de barils par jour en 2019. 4.- Une vision stratégique, condition du redressement national La situation socio-économique actuelle exige une action vigoureuse de redressement national qui doit constituer la principale priorité au vu des tensions géostratégiques au niveau de la région et budgétaires inévitables entre 2019/2020/2025, avec des incidences sur le cours du pétrole, principale source de devises du pays, les principaux indicateurs de la PLF2019 analysés précédemment ont un impact sur la dynamique ou le ralentissement économique et sociale du pays, sur l'évolution du niveau des réserves de change et la cotation officielle du dinar, existant un écart d'environ 50% avec la cotation sur le marché parallèle. Du fait du manque de vision stratégique, les principales mesures, la règle des 49/51% instaurée en 2009, le passage du Remdoc au Credoc, les licences d'importation, la règle 49/51% et maintenant fin 2018 et 2019, les taxes à l'importation dont les taux devront être négocié avec les institutions internationales, n'ont pas permis de faire baisser sensiblement la facture d'importation de biens et services. (A suivre) Professeur des universités, expert international Dr Abderrahmane Mebtoul