La manifestation de vendredi 1er mars à Alger a clairement montré que l'initiative de faire sortir dans la rue des dizaines de milliers d'Algériens, non seulement échappe aux partis d'opposition mais, de toute évidence, selon les échos convergents, ceux-ci ne sont pas du tout les bienvenus, même si leurs tentatives de récupération du mouvement ont été camouflées derrière le caractère citoyen, avancé pour justifier la présence au milieu de la foule des contestataires, de dirigeants politiques connus (et du patronat aussi). Cela ne signifie pas que la marche à Alger a été spontanée et anonyme. Les drapeaux algériens déployés et les banderoles brandies, indiquent qu'elle a été minutieusement préparée. D'un autre côté, la diversité des slogans scandés par les manifestants et des mots d'ordre écrits sur les banderoles, a parfaitement révélé qu'il y a une multitude de groupes et associations à l'origine des manifestations. Ces groupes et associations, plus ou moins affiliés à des courants politiques et idéologiques, mais non intégrés dans la classe politique, ont certainement mis à profit la manifestation du 1er mars pour faire une revue de leurs troupes sur le terrain, dans un contexte démocratique inédit encouragé par l'absence de climat répressif et l'attitude de la police qui a laissé faire, tant que les «lignes rouges» tracées autour des bâtiments institutionnels et des biens privés et publics, ne sont pas franchies, et également, tant que les forces de police, elles-mêmes, ne font l'objet d'aucune agression ou provocation. D'ailleurs vendredi dernier, c'est lors d'une opération de rétablissement de l'ordre public suite à des actes de violence et de vandalisme, survenus en fin de journée et ayant ciblé des biens publics et privés, que quelque 56 policiers et 7 citoyens ont été blessés, par des jets de pierres, selon un communiqué de la Direction Générale de la Sûreté nationale (DGSN). La police a assuré, ce jour-là, une véritable mission de protection des manifestants face aux actes de violence et de vandalisme commis par des individus sous l'emprise de psychotropes, sachant que 45 d'entre eux ont été interpellés. Malheureusement, la marche de vendredi a enregistré le décès de Hassen Benkheda, 56 ans, fils du Moudjahid feu Benyoucef Benkheda. A Alger, le ministre de l'Intérieur, des Collectivités locales et de l'Aménagement du territoire, Noureddine Bedoui, qui a rendu visite vendredi soir, au CHU Mustapha Pacha et à l'hôpital central de la Sûreté Nationale, aux citoyens et aux policiers blessés lors des manifestations, à Alger, a présenté ses sincères condoléances à la famille de Hassen Benkheda, ordonnant qu'une autopsie soit faite, pour déterminer les causes du décès, selon les procédures judiciaires en cours. Au niveau national, selon le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, 183 blessés ont été admis au niveau des différents établissements hospitaliers. Jeudi dernier, le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, cité par l'APS, avait appelé à la vigilance durant les marches, surtout quant elles répondent à des appels anonymes, «notamment face aux tentatives de certains milieux étrangers de s'incruster dans ces manifestations pacifiques pour faire sombrer le pays dans le chaos». Le caractère pacifique et le comportement civique des citoyens lors de ces marches, combiné au professionnalisme des policiers, dans leur gestion de ces manifestations, a fait que tout s'est déroulé dans le calme, à l'exception de quelques escarmouches qui ont vu les forces de l'ordre recourir à l'usage du gaz lacrymogène et des canons à eau pour disperser les manifestants. Que vont faire maintenant les opposants au 5ème mandat pour le président en exercice? Dans une dépêche datée d'hier, l'APS rappelle que Abdelmalek Sellal, directeur de campagne, a annoncé que le président Abdelaziz Bouteflika, qui brigue un nouveau mandat, déposera son dossier de candidature le 3 mars, c'est-à-dire aujourd'hui. Trois postulants devaient effectuer cette procédure, hier : Belaid Abdelaziz, du Front El-Moustakbel, Abdelkader Bengrina, du Mouvement El Binaâ, et Adoul Mahfoudh, du Parti de la victoire nationale (PVN). Le Parti des travailleurs (PT) a décidé, samedi à Alger, de ne pas participer à cette présidentielle et de ne pas déposer ainsi le dossier de candidature auprès du Conseil Constitutionnel. Quant au parti Talaie El Hourriyet d'Ali Benflis, il doit trancher la question de sa participation, aujourd'hui.