Comment juger en son âme et conscience, si une partie ou toute la vérité reste protégées par le secret d'Etat ? Le secret d'Etat qui était inclusivement réservé aux opérations stratégiques d'ordre militaire, et aujourd'hui largement utilisé par les politiciens pour se protéger vis-à-vis des jugements de l'opinion publique, lorsque ces derniers transgressent certaines valeurs propres aux démocraties modernes. Avant-hier, au niveau du siège du Conseil constitutionnel, lors de l'ultime délai légal pour les candidats qui devaient déposer leur dossier, le moins que l'on puisse relater, outre les dix-neufs postulants à la recherche d'une validation de leur candidature, la vingtième celle du Président sortant A. Bouteflika qui avait retenu toutes les attentions, et fait l'objet de manifestations estudiantines dès la matinée, pour réclamer à ce que le Président sortant décline à se présenter pour briguer un cinquième mandat. La candidature de Abdelaziz Bouteflika a été, malgré les supputations, bel et bien comme annoncée, déposée par son directeur de campagne électorale Abdelghani Zaalane, en début de soirée, telle sa décision formulée le 10 février dernier de solliciter une nouvelle mandature de cinq ans. Abdelghani Zaalane en déroulant sa conférence de presse, a omis d'évoquer dans quel état de santé se trouvait le président de la République sortant, et si sa candidature était accompagnée d'un certificat médical qui attesterait que Bouteflika disposait de toutes ses forces mentales et physiques pour supporter les lourdes charges liées à sa future fonction, de plus, rien n'a été exposé par le conférencier sur le caractère légal de la démarche ayant permis au directeur de campagne disposant d'une simple procuration de représenter le candidat Bouteflika auprès du CC (Conseil constitutionnel). La procédure sur la légitimité de la démarche auprès du CC par voie de procuration qui serait conforme à la loi selon l'entourage de Bouteflika, par contre illégale selon des juristes notoires, ainsi que les appréhensions sur l'état de santé qui se serait dégradé, ont soulevé des controverses sérieuses dans l'opinion publique, en l'absence de la non-publication depuis l'hospitalisation du Président d'un bulletin de santé par ses médecins traitants. Le black-out a été total et de surcroît prolongé jusqu'à la date butoir du dépôt du dossier de candidature en ce dimanche 3 mars 2019. Selon les déclarations de Fatiha Benabou, constitutionnaliste, les procurations ne sont pas valables pour les candidats à la présidentielle, «conformément à l'article 28, chapitre 1 règlementant les conditions, formes et délais contenus dans la loi organique relative à régime électoral auprès du secrétariat général du Conseil constitutionnel. Le candidat est tenu de se présenter lui-même, et un accusé de réception lui est délivré». Dans les 10 jours, nous devrions savoir si la candidature de Abdelaziz Bouteflika sera validée par le Conseil constitutionnel, et si le certificat médical délivré par le professeur Bouraoui de son cabinet de neurologie et d'électrodiagnostique du 3 mars 2019 déclare que l'état de santé de Monsieur Bouteflika ne permet pas l'exercice des hautes fonctions inhérentes à la magistrature suprême. Comme quoi la culture du secret d'Etat demeure prépondérante.