La dévaluation de la monnaie nationale ne cesse de s'aggraver face à la devise, atteignant un niveau record de 50% notamment face au dollar. C'est le constat fait depuis quatre ans. Contacté par nos soins, l'expert en Développement économique et ex Président de la CCI TITTERI M. Abderrahmane Hadef, a apporté quelques précisions sur la dévaluation du dinar, son impact sur l'économie et les solutions à suivre. Interrogé sur l'impact de cette dévaluation, l'expert a indiqué qu' «Aujourd'hui la situation de la monnaie nationale sur le marché financier reflète un peu l'état de notre économie ou pratiquement l'ensemble des indicateurs sont dans le rouge. La cotation d'une monnaie dans une économie dépend essentiellement de sa capacité à créer de la richesse en biens et services destinés à l'exportation. C'est à dire sa capacité à capter de la devise qui sera mise sur le marché et soumise au principe de l'offre et la demande. Or aujourd'hui notre économie est pratiquement mono exportatrice d'où une rareté dans la disponibilité de la devise. Ajouter à cela le poids de l'informel avec un système spéculatif qui ne répond à aucune organisation. Tout cela donne lieu à une monnaie dont la valeur devient extrêmement volatile et qui subit des dévaluations courantes. Cette situation engendre un impact très négatif sur l'économie en générale et sur l'outil de production en particulier avec une augmentation significative des coûts de production due à l'importation de la quasi-totalité des intrants. A noter aussi le risque de l'inflation et la détérioration du pouvoir d'achat qui peuvent provoquer une réelle dérive de toute l'économie». Pour y remédier, M. Hadef a suggéré des solutions pour améliorer la cotation du dinar. Selon lui, «la résolution de cette problématique doit être inscrite dans un plan de restructuration et reformes économiques globales. Qui intégrera une révision de la législation de la monnaie et du crédit, avec une réorganisation du marché financier. L'amélioration du climat des affaires et plus particulièrement la loi sur l'investissement pour une attractivité en direction des IDE. Une prise en charge effective et audacieuse du secteur informel». En réponse à la question du financement non conventionnel, l'expert a précisé que ce dernier connu sous le nom de la planche à billet «a été introduit pour répondre à un besoin en liquidité pour une période seulement (on parle d'un montant de plus de 6000 milliards de dinars). Son extension dans le temps et son détournement vers une destination non productive auront un impact défavorable sur notre économie et par conséquent sur la valeur de la monnaie. Une gestion transparente et triés rigoureuse doit être appliquée pour éviter encore une possible dérive». S'agissant de la cotation de la monnaie nationale, l'expert a fait savoir que «celle-ci est une réponse sur une duplication du mécanisme. Le premier officiel régit par règlement qui tend à assurer plus des équilibres avec un indexation sur un panier de monnaie étrangère. En face une cotation régit par un marché parallèle beaucoup plus proche de la réalité mais dépendant d'une spéculation opaque et non transparente. Par conséquent, il est urgent de mettre de l'ordre dans cette sphère pour une meilleure régulation et plus d'efficacité». Le recours au financement non conventionnel, selon la même source «peut dériver à tout moment et pourra nous mener à une situation inflationniste extrêmement difficile. Effectivement, la planche à billets tournera pour couvrir les déficits sans avoir pour rôle de relancer l'économie, la conséquence directe de la décision du gouvernement sera logiquement une hausse significative du taux d'inflation dans les mois à venir, accompagnée d'une forte baisse du pouvoir d'achat. En effet, si une plus grande quantité d'argent circule dans l'économie algérienne sans contrepartie de création de richesse, c'est la valeur de la monnaie qui devient moindre et le taux d'inflation sera à la hausse. Pour plus de détails, la décision de faire appel au financement non conventionnel a pour objectif prioritaire, de voir le financement de la Banque Centrale servir au profit du Trésor public, donc de couvrir artificiellement les déficits des comptes publics de l'État. Pour y remédier, «une commission indépendante doit être créée à ce sujet, afin d'alerter les pouvoirs publics de cette situation inflationniste.