Les enquêtes diligentées par les tribunaux et la campagne d'interpellations à l'encontre de nombre de haut responsables de l'Etat et hommes d'affaires, ont montré que l'appareil judiciaire a répondu avec la célérité voulue à une revendication majeure exprimée par le mouvement populaire chaque vendredi, depuis le 22 février, dans des manifestations impressionnantes à Alger et dans plusieurs autres grandes villes du pays, et appuyée et relayée par l'appel de l'institution militaire à accélérer l'examen de tous les dossiers ayant porté préjudice à l'économie nationale et à la stabilité du pays. La Justice a également montré qu'elle est au-dessus de tous, en traitant, d'abord, de dossiers qui concernent des hommes d'affaires présentés comme puissants et des personnalités du pouvoir, sans aucun égard ni pour la fortune des uns, ni pour la position des autres. Cette démarche a créé la surprise dans l'opinion publique et provoqué un certain désarroi dans des milieux médiatiques. Le ministère de la Défense nationale a eu à dénoncer «une tentative de désinformation avérée, de quelques titres de la presse nationale» à travers leurs allégations concernant «les pseudos +injonctions+ du vice-ministre de la Défense nationale dans l'ouverture des dossiers liés à la corruption et en matière de gestion de la période de transition politique ». L'institution militaire a plutôt confirmé son engagement à «offrir des garanties suffisantes aux instances judiciaires pour le libre exercice de leurs fonctions sans contraintes ni pressions, notamment en terme de lutte contre la corruption et de dilapidation des deniers publics ». De la même façon, mercredi dernier, dans une conférence de presse, le ministre de la Communication, Porte-parole du Gouvernement, Hassan Rabehi, a appelé à «laisser la Justice faire son travail» dans un nouveau contexte où, a-t-il expliqué, "l'Algérie est entrée de plain pied dans l'ère de la démocratie" et où "le Gouvernement ne peut interdire aux citoyens, ni à la presse d'être présents au niveau des cours de justice devant lesquelles ces prévenus comparaissent". De son côté, le Parquet général de la Cour d'Alger a affirmé, dans un communiqué publié jeudi, qu'il accomplissait "son devoir professionnel en matière de lutte anti-corruption sans instigation de quelque partie que ce soit" et qu'il était "soucieux de son indépendance". Il a rappelé que la lutte anti-corruption "est inscrite au titre des priorités de la politique pénale que le Parquet veille à mettre en œuvre". Le Parquet général a souligné qu'il tient à se conformer, au secret de l'enquête et de l'instruction, à la présomption d'innocence consacrée par la Constitution en son article 56 et à la réunion de toutes les garanties de défense à travers les différentes étapes de l'action publique. Le Parquet général de la Cour d'Alger a appelé au "respect de ces principes et à ne pas se verser dans la désinformation de l'opinion publique, pour ne pas entraver le travail des magistrats". Il a promis que la cellule de communication de la Cour d'Alger «veillera, à l'avenir, à fournir les informations nécessaires et justes conformément à la loi». Les marches et rassemblements de vendredi dernier ont permis de mettre en évidence la position des manifestants qui ont appelé à une justice indépendante et sereine et à la poursuite de la lutte contre la corruption, dans le cadre de l'état de droit. L'agitation médiatique et sur les réseaux sociaux visant à gêner la lutte anti corruption et à compromettre la satisfaction d'une revendication populaire majeure clamée systématiquement par les manifestants et partagée sans nul doute par la grande majorité de la population, n'a pas influé sur la sérénité de l'appareil judiciaire et sur sa démarche fondée sur l'application de la loi. Ainsi, le bureau du Conseil de la Nation s'est réuni jeudi pour l'examen de la demande du ministre de la Justice, Garde des sceaux concernant la levée de l'immunité parlementaire de deux membres du Conseil de la Nation, Djamal Ould Abbes et Saïd Barkat, conformément à l'article 127 de la Constitution, pour permettre à la justice de s'acquitter de ses missions constitutionnelles et d'activer les dispositions de l'article 573 et suivants du code de procédures pénales.