L'incendie qui s'est déclaré dans la nuit du 26 au 27 avril 2019, dans une usine de fabrication et de transformation de plastique à Chebli, dans la localité de Beremdane (wilaya de Blida), pose, de nouveau, le problème des risques qui pèsent sur les riverains d'installations industrielles proches d'habitations. L'intervention des unités de la Protection civile a permis d'éviter que le feu embrase un dépôt de produits chimiques et des citernes de lubrifiants destinés à la fabrication de plastique. Il n'y a pas eu de victimes mais les spécialistes des maladies respiratoires ont mis en garde les riverains contre l'impact de la pollution de l'air provoquée par les fumées des produits brûlés. En attendant les conclusions de l'enquête ouverte par la Gendarmerie nationale pour connaître les circonstances de cet incendie, on doit s'en tenir à la déclaration de l'inspectrice générale du ministère chargé de l'Environnement qui a affirmé que l'usine n'avait pas de délégué à l'environnement, c'est une des prescriptions fixées par l'autorisation d'exploitation. La commission de contrôle du site, instituée par la loi, n'a visiblement pas constaté cette non-conformité qui aurait dû entraîner le retrait de l'autorisation d'exploitation. Des témoins ont affirmé que les matières premières inflammables étaient stockées près d'habitations. Selon des indications données par l'APS, l'usine était dépourvue de moyens de prévention contre la dangerosité des matières chimiques entreposées. S'il s'agit de polyéthylène, on connaît le danger que cette matière comporte quand elle brûle. Il y a émission de composés volatiles et de cendres extrêmement toxiques. Dans la même commune, Chebli, mais dans une localité voisine, Khodem, il y a six mois, à peine, un autre incendie a eu lieu dans une usine de recyclage de plastique. Là aussi, le feu a pris dans un entrepôt contenant des chutes de plastique. Toujours dans la wilaya de Blida, à Beni Tamou, en novembre 2016, un incendie s'est déclenché dans une usine d'emballage de plastique. En septembre 2016, c'est une unité de fabrication de produits cosmétiques à Sidi Hassen (Chéraga, dans la banlieue d'Alger) qui a pris feu. En septembre 2015, l'incendie, qui s'est déclaré dans une unité de fabrication de pesticides à Maghnia (Tlemcen), a causé des blessures graves à deux personnes atteintes d'asphyxie. Dans la même période, dans la proche banlieue d'Alger, un incendie s'est déclaré dans une maison dont le rez-de-chaussée servait de dépôt pour des produits en plastique, diluants et produits de peinture. En général, les causes sont dues au non-respect des normes de sécurité et à l'absence de plan de prévention des risques. Circonstance aggravante, ces usines sont implantées au milieu ou près d'habitations, du fait de l'urbanisation sauvage qui a donné lieu à des constructions sans le respect des distances de sécurité par rapport aux installations dangereuses. Des unités disséminées jusque dans les quartiers et cités d'habitations, développent, même si c'est à petite échelle, des activités qui utilisent des matières chimiques dangereuses, comportant des risques d'incendies, d'explosion ou de propagation de produits toxiques dans l'environnement. Elles ne sont pas dispensées d'études d'impact sérieuses et d'études de danger tout aussi rigoureuses, qui constituent les premiers éléments de la politique de prévention. C'est un domaine qui ne peut admettre le laxisme dans le respect des dispositions réglementaires et encore moins leur ignorance. Il arrive que les investisseurs, algériens et surtout étrangers, soient gratifiés d'avantages au détriment de l'environnement (non respect de la législation) et également sur le dos des travailleurs (non-respect du droit du travail). On appelle ça, «le climat des affaires» qu'il faut sans cesse «améliorer», c'est-à-dire libérer des obligations légales concernant, le plus souvent, le droit du travail et le droit de l'environnement, vus comme des contraintes et des obstacles à l'investissement. Heureusement que ni les riverains qui sont autour des usines à risque, ni les travailleurs qui sont dedans, n'acceptent une telle situation. Les informations sur les actions de protestation, sous diverses formes, contre les atteintes aux droits des travailleurs et à l'environnement, sont de plus en plus fréquentes dans les pages régionales des journaux. Ces actions sont encouragées par le nouveau contexte que le mouvement populaire a installé dans le pays depuis le vendredi 22 février.