Pas moins de 3876 installations industrielles à haut risque ont été recensées en Algérie, au milieu du tissu urbain et sur une surface réduite, selon les estimations du ministère de l'Environnement et de l'Aménagement du territoire. L'onde de choc provoquée par le dramatique accident survenu le 19 janvier 2004 au complexe pétrochimique GNL1K, dans la zone industrielle de Skikda, coûtant la vie à une trentaine de personnes, aura permis de donner un aperçu quantifiable et bien réel des dangers des installations industrielles pour l'environnement et la population. Parler aujourd'hui de risques industriels n'est plus perçu comme une menace irréelle ou réservée par le sort à d'autres pays, mais plutôt comme un danger qui peut menacer à tout moment les multiples sites industriels qui longent notamment le littoral et jouxtent les agglomérations. Les mesures de sécurité renforcées depuis lors dans la plupart des sites pétroliers et gaziers n'auront pas permis de sécuriser totalement les sites industriels et les installations à haut risque, puisque d'autres accidents ont eu lieu sur d'autres sites avec des conséquences plus ou moins graves. La question de la prise en charge du risque industriel est depuis abordée de façon plus globale et en termes de stratégie à mettre en place pour sécuriser les sites et de démarche préventive pour agir systématique en amont. Régulièrement posée et étudiée sous toutes ses formes pour arriver à établir en Algérie des plans efficaces en matière de prévention et de limiter les conséquences des accidents, la problématique est prise aussi dans sa dimension mondiale induisant une comparaison avec les procédés mis en route dans d'autres pays à travers le monde. Catastrophes à travers le monde Il faut dire, en effet, que les catastrophes industrielles jalonnent l'histoire récente et la plus lointaine des pays les plus en vue de la planète. Les risques y sont parfois sous-estimés ou passés sous silence au profit de la rentabilité. Face aux écologistes et autres défenseurs des droits de la population riveraine des sites à risque, les industriels souvent soucieux de faire fructifier leur affaires et maintenir intacte leur production font la sourde oreille et plaident pour la conformité de leurs installations avec la réglementation alors qu'il suffit parfois d'une petite faille dans le dispositif, parfois usé par le temps, ou d'une erreur humaine, pour provoquer une catastrophe. En France par exemple, l'explosion de l'usine AZF de Toulouse en 2001 qui a fait 30 morts et plus de 2000 blessés a amené le gouvernement à se pencher un peu plus sur les risques industriels. En septembre 2006, cinq ans après l'explosion, le ministère français de l'Ecologie et du Développement durable a fait le point sur les dispositions prises pour réduire le risque industriel en France ou de nombreuses dispositions réglementaires ont été prises. Les actions à mener au niveau national sont aussi au centre des préoccupations en Algérie depuis l'explosion de l'usine de Skikda et des incidents de moindre danger qui ont eu lieu après à Arzew et Hassi Messaoud notamment. En Algérie les acteurs concernés sont d'autant plus interpellés aujourd'hui pour prendre les décisions et les mesures nécessaires dans ce domaine, que, selon les estimations du ministère de l'environnement et de l'aménagement du territoire, pas moins de 3 876 installations industrielles à haut risque ont été recensées et qu'elles se trouvent au milieu du tissu urbain et sur une surface réduite. Le risque industriel qu'elles présentent est bien sûr très grand étant donné les procédés de fabrication et les matières premières utilisées mais surtout du fait de leur localisation sur la bande côtière au nord du pays et de l'urbanisation très dense de ces zones. Ces données à maintes fois passées en revue, ont de nouveau été débattues le 12 mars 2007, lors d'un séminaire sur la sécurité industrielle organisée à Alger par la Chambre française de commerce et d'industrie en Algérie (CFCIA). Les participants représentant les pouvoirs publics, les entreprises, et les compagnies d'assurances ont eu à mettre en avant la nécessité de réaliser des études d'impact et de danger, et à comparer la réglementation dans ce domaine en Algérie et en France ainsi que les dispositifs mis en place pour la prévention et la prise en charge des accidents industriels. L'éclairage étranger et la prise en considération des progrès technologiques qui ont été faits dans ce domaine de par le monde, étant nécessaires pour redessiner des schémas de sécurité des entreprises et prévoir les investissements et l'expertise nécessaires. Agir en amont pour prévenir les catastrophes Au plan de la réglementation, la loi 04 -20 du 25 décembre 2004, prévoit dans notre pays, des règles de prévention des risques majeurs et de gestion des catastrophes. Elle repose sur deux axes fondamentaux, d'une part la surveillance des installations à risques majeurs, tant par l'exploitant que par les autorités publiques locales (walis et APC), et d'autre part sur le principe de précaution et de prévention par la mise en œuvre des outils de planification et de gestion environnementale. Des règles qui devraient être assorties de mesures fermes d'application sur le terrain pour éviter de pâtir à l'avenir des risques d'explosion, d'incendie et de fuites toxiques que recèlent les unités industrielles situées notamment sur le littoral. Selon le ministère de l'environnement, la chimie, la pétrochimie, les mines et le transport des matières dangereuses sont les activités les plus susceptibles de causer d'importants dommages sur les hommes, les biens et l'environnement. Les industries du pétrole et du gaz, les produits pharmaceutiques, les engrais, les pesticides, les plastiques et la mécanique sont relativement denses en Algérie et présentent, de ce fait, des risques de fuites accidentelles de produits dangereux. Selon une étude réalisée en 2005 par le ministère de l'Environnement et de l'Aménagement du territoire, 11 sites industriels à haut risque ont été recensés rien qu'à Alger, parmi lesquels, la raffinerie de Baraki, le gazoduc alimentant la capitale, et la centrale électrique de Bab-Ezzouar. Des sites constituent une menace réelle sur la population. Par ailleurs, sur un échantillon de 60 établissements industriels à haut risque recensé, 43% présentent un risque d'explosion, 42% un risques d'incendie et 16% des risques toxiques. Repères : Un risque industriel majeur est un événement accidentel se produisant sur un site industriel et entraînant des conséquences immédiates graves pour le personnel, les populations avoisinantes, les biens et l'environnement. Au moins 4 000 habitations, soit une population d'au moins 28 000 habitants sont construites en Algérie sur des gazoducs ou des oléoducs, L'activité pétrolière et gazière en Algérie présente 80% des risques majeurs (incendies, explosions et risques toxiques). Plus de la moitié des unités industrielles en Algérie sont localisées dans la zone côtière. Les agglomérations des régions du Centre (Alger, Béjaïa), de l'Ouest (Arzew) et de l'Est (Annaba et Skikda) représentent 3876 installations, soit 74% du tissu industriel de cette zone dont la superficie représente à peine 1,7% de la superficie totale et où réside la grande majorité de la population.