Le premier président élu démocratiquement au suffrage universel en Tunisie, Béji Caïd Essebsi, est décédé jeudi à l'âge de 92 ans. Vétéran de la politique, le chef de l'Etat tunisien est mort à quelques mois de la fin de son mandat, avait servi sous Bourguiba et Ben Ali avant de devenir le premier président élu démocratiquement en 2014, trois ans après la révolution tunisienne. Aussitôt après son décès, le chef du Parlement Mohamed Ennaceur, 85 ans, a prêté serment pour assurer la présidence par intérim conformément à la Constitution. Un scrutin législatif est prévu le 6 octobre et une présidentielle le 17 novembre, annonce un communiqué de la Présidence tunisienne. Il était ministre de l'Intérieur dès le milieu des années 1960, puis de la Défense et des Affaires étrangères sous le père de l'indépendance Habib Bourguiba, «BCE» a ensuite été président du Parlement au début de l'ère Ben Ali (1990-91), avant de s'effacer durant l'essentiel des années 90 et 2000. La Télévision tunisienne a arrêté ses programmes pour diffuser des versets du Coran. Le président de l'Instance supérieure indépendante des élections (Isie) a assuré que la date de la présidentielle serait avancée afin de respecter le calendrier prévu par la Constitution. Celle-ci prévoit un intérim de 90 jours maximum, soit jusqu'à fin octobre. De nombreux hommages ont afflué. Le président français Emmanuel Macron a rendu hommage à Essebsi, un ami de la France et un dirigeant courageux. La chancelière allemande Angela Merkel a salué un acteur courageux sur le chemin de la démocratie, et le président du Conseil italien Giuseppe Conte, un homme d'Etat d'une grande humanité. Le roi Mohammed VI du Maroc a rendu hommage à l'un des grands hommes de la Tunisie. L'enterrement est prévu aujourd'hui samedi, selon les dernières informations des médias locaux. Le Premier ministre Youssef Chahed a décrété un deuil national de sept jours, et ses services ont annoncé l'annulation de spectacles culturels et festivals. Le chef de file du mouvement islamiste Ennahdha Rached Ghannouchi, un adversaire de Béji Caïd Essebsi devenu son allié, a rendu hommage à un dictionnaire de la sagesse. Vétéran de la politique, Béji Caïd Essebsi était le plus vieux chef d'Etat au monde en exercice après la reine Elizabeth II d'Angleterre. Il a servi aussi bien sous Habib Bourguiba, premier Président de la Tunisie, que sous Ben Ali, avant d'accéder lui-même à la présidence avec la mission paradoxale de consolider la jeune démocratie. Il avait été hospitalisé une première fois fin juin, le jour où deux attentats suicide avaient tué un policier à Tunis, a-t-on informé.