Le conflit en Libye a évolué de façon dramatique en une guerre internationale durable par acteurs locaux interposés. Techniquement, la Turquie, pays encore membre de l'alliance Atlantique, est en guerre avec la France, son allié au sein de la même organisation mais également les Emirats Arabes Unis et l'Egypte. Paradoxalement, le tandem franco-turc, fer de lance des forces hostiles à la Syrie se retrouve en opposition en Libye. Par exemple, la France soutient avec toutes ses ressources disponibles les forces du Maréchal Khalifa Haftar, regroupées au sein de la milice connue sous la dénomination d'Armée nationale libyenne dont le siège est Tobrouk en Cyrénaïque. De l'autre côté, des pays comme l'Italie et la Turquie soutiennent publiquement le gouvernement d'entente nationale de Tripoli, le seul à bénéficier de la reconnaissance internationale et dont les forces sont en guerre totale avec celles de Khalifa Haftar aux portes de Tripoli. Ce conflit est désormais celui qui draine le plus grand nombre de mercenaires et d'anciens militaires du monde entier. Des pilotes sont recrutés par les deux belligérants de pays aussi éloignés que l'Equateur, l'Ukraine, l'Afrique du Sud ou la France, le Royaume-Uni et les États-Unis. Cet afflux ne concerne pas seulement des pilotes mais inclut de plus en plus des sociétés de sécurité «privées» allemandes, françaises, russes, émiraties, turque en plus des centaines de «contractors» indépendants qui affluent en Libye chaque mois. Cet afflux sans précédent de mercenaires en Libye trahit la détérioration des conditions économiques des individus dans la plupart des pays du monde. La collusion des intérêts des factions libyennes avec celles des puissances étrangères en lutte pour assurer une place au soleil en Libye est non seulement de nature à faire perdurer le conflit mais à en aggraver la nature. Les lignes de front semblent actuellement figées et les deux belligérants recourent de plus en plus à des avions de combat pilotés par des mercenaires pour tenter d'obtenir un avantage décisif sur le terrain. Les deux belligérants et leurs soutiens respectifs violent fréquemment les fondements même du droit humanitaires et les lois de la guerre en ciblant délibérément des camps de migrants ou des bateaux emportant des migrants à partir du littoral libyen vers l'Europe du Sud. Des pétroliers et des navires cargo essuient fréquemment des tirs d'obus s'ils n'acceptent pas le racket des milices contrôlant les ports et les points d'entrée. L'aéroport international de Mitiga, l'unique point d'entrée par les airs du pays est très fréquemment la cible de pilonnage d'artillerie ou de raids aériens menés par les forces de Haftar mais également clandestinement par d'autres puissances et la liste des pays dont les avions de combat ont mené ou mènent encore des raids aériens clandestins en Libye ne cesse de s'allonger. Cette liste inclut entre autres l'Égypte, les Émirats, les États-Unis, la France, l'Italie, la Turquie et Israël. Tous les indicateurs montrent que le conflit en Libye risque de perdurer. La Libye est devenue un front permanent. Tous les indicateurs montrent que le conflit en Libye risque de perdurer. La Libye est devenue un front permanent d'une guerre complexe axée délibérément sur l'usage de plus en plus de l'aviation, des mercenaires internationaux et des forces spéciales. En réalité, au delà de l'immense enjeu pétrolier, la Libye est perçue comme une base de départ d'un plan de déstabilisation du reste de l'Afrique du Nord et du Sahel.