Le représentant du Polisario pour l'Europe et l'Union européenne (UE), Oubi Bouchraya Bachir, a affirmé qu'il était évident que l'UE ne reconnaît pas la prétendue souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, rappelant que les institutions européennes avaient statué sur la séparation entre les deux territoires, le Maroc et le Sahara occidental. Réagissant aux récentes déclarations du Haut représentant de l'UE pour les Affaires étrangères, Josep Borrell, qui a affirmé que l'Union ne reconnaît pas la marocanité du Sahara occidental, le responsable sahraoui a souligné, dans un entretien à l'APS, que «cette déclaration est effectivement d'une clarté remarquable, ce qui explique qu'elle a eu tant d'impact». L'ambassadeur sahraoui a fait remarquer que «sur le fond, il ne s'agit pas d'un changement de doctrine : c'est simplement la prise en compte du cadre juridique qui s'impose à tous depuis l'arrêt de 2016 que la Cour de justice de l'UE (CJUE)». Il a soutenu que «cette déclaration tient plus du juridique que du politique, et c'est logique». La semaine dernière, en réponse à l'eurodéputé espagnol Miguel Urban Crespo, M. Borrell, a affirmé que les produits alimentaires en provenance du Sahara occidental occupé ne peuvent accéder au marché européen qu'avec des informations sur l'origine, et donc un étiquetage, précisant qu'elles ne proviennent pas du Maroc mais du Sahara occidental. «La demande fondamentale du peuple sahraoui c'est d'exercer son droit à l'autodétermination. Cette demande est portée par une volonté politique mais nous ne revendiquons rien : nous demandons l'application du droit (…) depuis maintenant plus de 60 ans», a insisté le diplomate sahraoui. Il a rappelé dans ce cadre que la CJUE «a été très claire dans son arrêt de 2016 : deux territoires distincts et séparés, et pas de souveraineté du Maroc qui est seulement puissance militaire occupante». Il a fait observer que ce cadre est maintenant complété par un arrêt de la CJUE du 12 novembre 2019 imposant un étiquetage spécial pour les produits issus des colonies en Palestine. Rien ne se fera sans le consentement du peuple sahraoui Rappelant que les arrêts de la CJUE ont confirmé que la présence marocaine au Sahara occidental est une occupation militaire, M. Oubi a souligné que «l'arrêt de 2019 pour la Palestine se fonde sur les principes posés par l'arrêt de 2016 pour le Sahara occidental». «Le consommateur européen doit savoir si un produit provient de Palestine ou d'Israël, et s'il provient du Sahara occidental ou du Maroc. C'est donc intéressant, mais attention : l'étiquetage n'est pas du tout notre demande», a mis en grade le diplomate sahraoui. A propos de l'étiquetage des produits en provenance du territoire sahraoui occupé, M. Oubi a souligné que le Polisario ne demande pas l'étiquetage de ces produits, parce que «ces étiquettes, c'est une manière de légaliser les produits, et donc de donner une sécurité juridique aux entreprises européennes qui sont impliquées dans la colonisation», affirme-t-il. «Nous contestons totalement la capacité du Maroc ou d'entreprises agréées par le Maroc à certifier une origine au Sahara occidental alors que ce n'est pas chez eux. «Est-ce que vous imaginez l'Italie en train de certifier des produits français ? », a-t-il expliqué. Le diplomate sahraoui évoque, dans ce sillage, la position du Polisario, représentant unique et légitime du peuple sahraouie, qui a tranché que la solution est le consentement du peuple sahraoui. Concernant la bataille judiciaire que mène le Polisario auprès des instances européennes pour défendre les droits du peuple sahraoui et ses richesses naturelles, M. Oubi a indiqué que son mouvement a déposé devant la Cour européenne deux requêtes en annulation, contre l'Accord d'association et contre l'Accord de pêche signés illégalement entre l'UE et le Maroc. Il a déclaré dans ce contexte que le Polisario «demande l'annulation, car il ne peut y avoir d'activité qu'avec le consentement du peuple sahraoui, et le peuple est opposé à cette colonisation».