Tel-Aviv a dressé une liste de plusieurs centaines de responsables politiques et militaires israéliens risquant d'être détenus à l'étranger par la Cour pénale internationale, a rapporté le journal Haaretz. Alors que la Cour pénale internationale (CPI) annonce sa décision d'ouvrir une enquête sur les crimes de guerre israéliens contre les Palestiniens en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, Tel-Aviv cherche à préparer une liste des responsables susceptibles d'être condamnés. Selon des informations obtenues par le journal israélien Haaretz publié dans un article le jeudi 16 juillet, Tel-Aviv a compilé une liste confidentielle comprenant les noms de 200 à 300 responsables politiques, agents des services de renseignement et des militaires susceptibles d'être poursuivis et arrêtés à l'étranger en cas de l'ouverture de l'enquête de la Cour pénale internationale. Selon le rapport, certains des responsables figurant sur cette liste n'ont pas été informés. Le grand secret qui entoure cette question découle de la crainte que la simple divulgation de l'existence de la liste ne mette en danger les personnes qui y figurent. Le tribunal est susceptible de considérer une liste de noms comme un aveu officiel israélien de l'implication de ces fonctionnaires dans les incidents faisant l'objet de l'enquête. Les experts en droit international estiment que les responsables israéliens et les décideurs impliqués dans les incidents ayant débuté avec la guerre à Gaza en 2014 devraient être jugés en premier dans cette enquête. Mais Haaretz a révélé certains des responsables israéliens actuels et anciens dont les noms figurent sur la liste : le Premier ministre Benjamin Netanyahu, l'actuel ministre de la Guerre Benny Gantz, Moshe Yaalon, Naftali Bennett et Avigdor Liberman, les anciens ministres de la Guerre, Yoram Cohen, l'ancien chef du Shabak, Nadav Argaman, l'actuel chef du Shabak, Gadi Eizenkot, l'ancien chef d'état-major et Avio Kokhawi, l'actuel chef d'état-major de l'armée d'occupation israélienne. La liste comprend des personnes occupant des postes beaucoup plus subalternes, y compris des officiers militaires et même des fonctionnaires impliqués dans la délivrance de divers types de permis aux colonies et aux avant-postes de colonies, puisque la question de l'installation des colons dans les territoires occupés palestiniens relève également du champ de l'enquête de la CPI. Les autorités israéliennes s'inquiètent du début de l'enquête de la CPI sur les crimes de guerre commis en Cisjordanie et dans la bande de Gaza alors que certains responsables israéliens ont récemment mis en garde qu'une déclaration officielle d'annexion de zones en Cisjordanie pourrait nuire davantage à la position d'Israël dans la procédure judiciaire. Fatou Bensouda, procureur de la CPI, a réitéré en mai sa position antérieure sur l'indépendance de l'Etat palestinien gouverné par l'Autorité palestinienne, soulignant que la CPI avait la compétence d'enquêter sur les crimes de guerre israéliens. Au cours des derniers mois, Israël a encouragé l'administration américaine à sanctionner sévèrement la CPI dans l'espoir que cela dissuaderait la cour de mener une enquête sur les crimes de guerre. En juin, le président américain Donald Trump, en coordination avec Israël, a ordonné des sanctions contre les fonctionnaires impliqués dans l'enquête de la cour sur les allégations de crimes de guerre commis par l'armée américaine en Afghanistan. La dernière enquête internationale sur les crimes israéliens a été le rapport Goldstone, rédigé à la demande du Conseil des droits de l'Homme des Nations unies sur l'opération militaire israélienne de décembre 2008 et janvier 2009 contre la bande de Gaza. Le rapport indique qu'au cours de la guerre, l'armée israélienne a massacré plus de 1.500 Palestiniens et blessé plus de 5 000 autres, pour la plupart des civils.