Le président de l'Association marocaine des droits de l'Homme (AMDH), Aziz Ghali, a affirmé que la situation des droits de l'Homme au Maroc «s'empire d'année en année avec un recul des acquis réalisés, y compris des droits politiques et civils». Intervenant lors d'une visioconférence sur les droits de l'Homme, M. Ghali a estimé «qu'il n'y a pas lieu de parler des droits de l'Homme au Maroc», soulignant «auparavant, on parlait plutôt de la vulnérabilité des droits de l'Homme au Maroc et des faibles acquis réalisés, et voila que nous sommes aujourd'hui face à un recul des droits de l'Homme, voire à une dégradation». Il a cité, dans ce sens, «la poursuite des arrestations politiques, en hausse par rapport aux années précédentes», arguant «jusqu'à la fin de l'année, le nombre de détenus politiques s'élevait à 110», outre les «756 cas de disparitions forcées» recensés par l'Association. M. Ghali a souligné, en outre, que «le Hirak du Rif était une opportunité pour évaluer l'évolution de la situation des droits de l'Homme dans le pays, et il s'est avéré, par la suite, que toutes les données fournies par l'Instance équité et réconciliation (IER) n'étaient que pure illusion, ayant fait le constat par nous-mêmes des procédés d'arrestation, des peines et des conditions de détention, et de certaines pratiques qui avaient émaillé les procès du Rif, dont le moins qu'on puisse dire c'est qu'ils étaient très durs et injustes envers les détenus». «Il en était de même pour les détenus de Jerada et Beni Tajjite», a-t-il poursuivi. «Les dossiers de Omar Radi et de Slimane Raissouni témoignent de l'état actuel de la presse au Maroc», a ajouté M. Ghali, précisant que les deux journalistes «sont poursuivis pour leurs opinions». Quant aux droits socio-économiques au Maroc, l'intervenant a fait savoir que la crise induite par la pandémie du nouveau coronavirus a permis de «dévoiler la réalité de la situation que vivait le pays», soulignant que «505 familles étaient démunies et dans le besoin, 60 % des Marocains ne bénéficient pas de couverture sociale, et 76% de la population en âge de la retraite privés de pension, outre les chances réduites d'emploi et d'accès à une couverture sociale et un taux faible des élèves ayant réussi à poursuivre leurs études à distance. Sur le plan santé, le président de l'AMDH a fait état de «74,5% malades chroniques dans l'incapacité de se rendre à l'hôpital, n'ayant pas reçu de soins depuis mars jusqu'à fin novembre, et 34,5% enfants non vaccinés dont 43,4% en milieu rural».