Le journaliste marocain et militant des droits humains Omar Radi, en détention préventive depuis fin juillet, a été interrogé jeudi par un juge d'instruction à Casablanca, sa première audition pour une affaire d'espionnage. Il a comparu devant un juge d'instruction de la chambre criminelle de la cour d'appel de Casablanca (ouest) dans le cadre de l'enquête sur l'affaire d'espionnage, selon son avocat Miloud Kandil. "Il a réaffirmé devant le juge d'instruction qu'il est innocent" et que ses relations étrangères pointées par l'accusation sont "purement professionnelles (et) liées à son travail journalistique", a déclaré M. Kandil. L'enquête pour "espionnage" a été ouverte fin juin après la publication d'un rapport de l'ONG de défense des droits humains Amnesty International révélant que le téléphone du journaliste avait été espionné par les autorités via un logiciel espion. Arrêté et emprisonné pour "financements étrangers" et "atteinte à la sécurité intérieure de l'Etat", le journaliste de 34 ans se dit la cible d'une "vengeance" du pouvoir, provoquée par la publication de ce rapport. Lire aussi: Maroc-affaires des écoutes: appel à la libération d'Omar Radi Le jour de son arrestation, le procureur a annoncé que Radi faisait également face à des accusations de viol. Radi fait désormais partie de plusieurs journalistes indépendants que les autorités marocaines a accusés d'atteinte à la pudeur. L'ONG Amnesty International a dénoncé la campagne de dénigrement orchestrée par le gouvernement marocain contre son bureau à Rabat après les révélations sur l'utilisation d'un logiciel israélien pour espionner le journaliste militant Omar Radi. M. Radi emprisonné en 2019 pour un tweet dénonçant la condamnation de militants du Hirak du Rif, a effectué le 10 décembre une grève de la faim de 24 heures, aux côtés de Souleimane Raissouni, un autre journaliste emprisonné depuis fin mai et soupçonné d'agression sexuelle, pour "protester contre leur maintien en détention préventive sans jugement", selon un communiqué commun diffusé par leurs soutiens. Le président de l'Association marocaine des droits de l'Homme (AMDH), Aziz Ghali, a affirmé que la situation des droits de l'Homme au Maroc "s'empire d'année en année avec un recul des acquis réalisés, y compris des droits politiques et civils". Intervenant lors d'une visioconférence sur les droits de l'Homme, M. Ghali a affirmé que "les dossiers de Omar Radi et de Souleimane Raissouni témoignent de l'état actuel de la presse au Maroc", précisant que les deux journalistes "sont poursuivis pour leurs opinions".