La Confédération démocratique du travail (CDT), l'Union marocaine du travail (UMT), la Fédération démocratique du travail (FDT), la Fédération de la gauche démocratique (FGD), l'Association marocaine des droits de l'homme (AMDH) et la Fédération nationale de l'enseignement (FNE) se sont unis pour dénoncer la pauvreté et la marginalisation au Maroc. Une grande manifestation a été organisée vendredi dans la ville de Jerada, dans le nord-est du Maroc, pour dénoncer la précarité dans laquelle vivent les habitants de cette ville, qui ont perdu deux des leurs la semaine dernière, suite à l'effondrement d'une mine d'extraction de charbon. Des milliers de personnes s'étaient rassemblées sur la principale place de la ville pour réclamer «travail et développement» et dénoncer le mépris dont elles sont victimes. L'appel à la grève générale lancé par des organismes politiques et syndicaux a également été suivi par tous les commerçants et les écoliers de Jerada. Selon des médias locaux, les fonctionnaires du service public et les employés du privé n'ont également pas regagné leurs postes de travail. Durant sa protestation, la population a dénoncé aussi la cherté des factures d'eau et d''électricité. Les habitants disent avoir protesté également «contre la marginalisation de la ville», qui souffre de l'absence d'infrastructures de base et de programmes de développement de nature à améliorer leur vie quotidienne. Sans la mine qui fait vivre Jerada, «la ville n'a pas d'autre ressource, il n'y a pas d'emploi, pas d'usine. Les gens vivent dans la précarité», a affirmé à la presse un responsable local de l'Association marocaine des droits de l'homme (AMDH). Selon des données du Haut commissariat au plan (HCP), l'organisme statistique marocain, Jerada est l'une des communes les plus pauvres du Maroc. Deux frères âgés de 23 et 30 ans sont morts en effectuant des prélèvements dans les galeries d'une mine de charbon désaffectée. Ces décès ont suscité colère et émoi au sein de la population locale, selon des médias marocains. Cette ville de quelques dizaines de milliers d'habitants est depuis en «effervescence». Les manifestants de Jerada ont repris des slogans du mouvement de contestation du Hirak, qui a agité, tout au long de l'année écoulée, la région voisine du Rif (nord), selon des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux. La ville de Jerada est connue pour avoir longtemps abrité une importante mine de charbon, où travaillaient encore quelque 9000 ouvriers au moment de l'annonce de sa fermeture à la fin des années 1990. L'activité minière constituait alors la principale ressource des habitants, dont le nombre est passé de 60 000 à moins de 45 000. Malgré la fermeture de l'activité, «une bonne partie des habitants de Jerada (...) risque leur vie pour aller récupérer du charbon dans les mines désaffectées», souligne sur son site l'hebdomadaire Tel Quel. «Chaque année, deux à trois hommes meurent en silence dans les mêmes conditions. Faute d'alternatives économiques, des jeunes, souvent diplômés, sont contraints de creuser des mines clandestines», explique pour sa part un acteur associatif local, cité par le média en ligne Yabiladi.