Le rapport Stora a le mérite d'exister et propose des avancées symboliques en mettant en relief des écrits et des histoires de la guerre d'Algérie. Considérons-le comme un acte préparatoire. L'Histoire des conquêtes est consubstantielle à la violence, féroce voire inhumaine. L'Histoire de la France en Algérie, si singulière, n'échappe pas à cette règle, bien au contraire et ne se contentera pas de symboles, certes nécessaires, mais loin d'être suffisants. Le présent écrit n'a pas l'ambition de produire, loin sans faut, un contre-rapport ou une critique partisane ; les extrémistes de tout genre s'en chargeront avec leur délectation morbide habituelle. Il formalise des ressentis et révèle un psyché collectif traumatique enfoui. C'est un travail synthétique remarquable qui doit être salué en tant que tel. Il n'en reste pas moins vrai que l'ALGM souhaite attirer l'attention du lecteur sur certains points saillants du rapport qui ont été évoqués subrepticement ou certains sujets qui ont été évités avec pudeur... En premier lieu, ledit rapport n'ose pas lever le voile de la vérité sur le péché originel du colonialisme : un système en tant que tel inique, nihiliste, totalitaire et raciste reposant sur une hiérarchie des races et le vol des terres. Tels sont «les premiers bienfaits» du colonialisme. La France ou plutôt l'Etat français n'est pas assez mûr pour affronter cette réalité. Il doit donner des gages à des lobbies qui a lui-même encouragé dans cette aventure macabre. La mission assignée à ce rapport est de réconcilier les mémoires entre la France et l'Algérie. L'ALGM considère que ce rapport devrait tout d'abord viser à concilier la mémoire de la France avec elle-même. La réconciliation franco-française est un préalable. La commission proposée «Vérité et Conciliation» devrait réunir les pans entiers des Français entre eux : les Français d'Algérie, les Pieds-noirs, les militaires, les harkis (et leurs descendants), les Français issus de l'immigration algérienne. Ce n'est qu'après cette phase douloureuse que les liens avec l'Algérie pourront être abordés, même si les enjeux sont inextricablement liés. D'autre part, et qu'on se le dise ouvertement, l'Algérie n'est pas exempte d'un mal-être avec son Histoire. Ainsi, un autre sujet a été pudiquement abordé par le rapport Stora : l'Histoire des crânes algériens. Ce rapport tend à saluer la restitution de vingt-quatre crânes algériens conservés dans les sous-sols du Musée de l'Homme à Paris, ayant été réceptionnés avec les honneurs à Alger. Le rapport a «oublié» d'indiquer qu'aucune représentant officiel de France n'était à Alger lors de cette cérémonie. Aucune trace. N'est-ce pas étrange, n'est-ce pas choquant ? La France a restitué ces crânes en catimini. Cela en dit long. Cette restitution n'est pas le fruit du hasard, mais bien le travail acharné de l'Association Le Grand Maghreb qui a décidé de libérer ces âmes de la froideur des sous-sols de ce musée. L'ALGM a écrit aux deux autorités. Elle a pris un avocat du barreau de Paris. Elle a contacté les grands journaux nationaux. L'ALGM a pleinement conscience des enjeux cachés de l'Histoire de la France et de l'Algérie. Il est temps de restituer tous les crânes algériens et de libérer leurs âmes pour le repos devant l'Eternel sur leurs terres natales de l'Algérie. ALGM y veillera. Brahim Mabrouki Président de l'Association Le Grand Maghreb