Aujourd'hui, l'Algérie indépendante se remémore les sacrifices de ses chouhada pour qu'elle recouvre sa liberté et sa souveraineté territoriale, longtemps spoliée par une puissance coloniale qui a commis souvent l'innommable contre le peuple algérien pour ce que ce projet d'indépendance n'aboutisse jamais, condamnant, dans l'esprit des promoteurs du colonialisme, l'Algérie à rester «française» pour l'éternité ! C'était sans compter avec l'esprit de résistance historique du peuple algérien, devant tous les conquérants, les plus belliqueux d'entre eux en particulier, depuis la nuit des temps. La bataille de l'indépendance gagnée, celle de la construction de l'Etat national est toujours en cours. Et le meilleur hommage mémoriel à rendre à nos chouhada en cette année 2021 est de dresser un bilan objectif et exhaustif de ce qui a été réalisé et raté, au nom de leurs mémoires de combat toujours vivantes et qui nous réclament des comptes, chaque fois que nous évoquons leurs noms. Seraient-ils aujourd'hui satisfaits de ce qui a été fait en leur nom par ceux qui ont été aux responsabilités, après l'indépendance d'un pays meurtri par une Guerre de libération particulièrement sanglante ? Des milliers d'enfants de Chouhada qui ont l'âge de l'Algérie indépendante et plus savent ce qu'est l'absence du père. Et si tout simplement l'Algérie d'aujourd'hui avait besoin d'un père, au sens du guide qui indique la direction des sentiers à prendre, fussent-ils ardus, pour développer la nation algérienne. La meilleure leçon à tirer du sacrifice de nos aïeux est de reprendre le combat, interrompu parfois, bloqué souvent par des forces hostiles à la nation, se drapant paradoxalement derrière des façades «nationalistes» qui n'ont rien à voir avec le nationalisme libérateur des combattants de la Révolution de Novembre 1954. Aujourd'hui, rendre hommage aux chouhada, c'est remettre en chantier l'Algérie entière, en faisant un usage patriotique de ses ressources innombrables au service du bien-être de son peuple, pour effacer à jamais l'image de l'Algérien asservie, hier au colon étranger à la terre, aujourd'hui à des «puissances d'argent « et de pouvoir, aspirant à dépecer la nation de son humus originel. Celui de la liberté et de la dignité. Et le combat pour cette noble dualité liberté/dignité est à mettre à jour, selon les exigences de notre époque, où la moindre fragilité est exploitée par l'autre pour vous faire reculer dans votre marche de progrès et s'accaparer, à son profit, le terrain cédé pour mieux avancer, à votre place. Logique coloniale revue et corrigée ! Si l'Armée Nationale Populaire (ANP), digne héritière de l'ALN, est demeurée, vaille que vaille, fidèle à cet idéal du combat libérateur, c'est aujourd'hui à la société civile qui aspire à reprendre son destin en mains, de s'inspirer des idéaux de nos Chouhada pour réapprendre les valeurs de sacrifice, d'humilité, de partage et probité pour soi et pour les autres. A commencer par respecter le bien commun et à faire en sorte que le travail redevienne la valeur-charnière au sein de la société, quitte à se «coaliser» autour d'un guide boosté par la légitimité populaire qui ne s'octroie pas facilement mais s'acquiert à l'épreuve du terrain. Sans ce réajustement doctrinal au sein de la société algérienne, nos Chouhadas ne reposeraient pas en paix. L'Algérie de 2021 doit trouver les ressources pour renouveler le serment de fidélité à ses Chouhadas. Et le combat pour l'unité de la nation et son émancipation démocratique est l'un des chemins à baliser pour arriver à cet idéal. Cet idéal est mobilisateur. Il est la négation même du populisme. Nos valeureux Chouhada n'avaient aucune idée sur ce vocable bizarre ! Paix à leurs âmes en ce jour-anniversaire du 18 février 2021 !