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1962-2012 : O� EN SOMMES-NOUS CINQUANTE ANS APR�S ?
3 - L�origine de tous nos probl�mes
Publié dans Le Soir d'Algérie le 03 - 06 - 2012


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La R�volution du 1er Novembre 1954 mise � part, les Alg�riens n�ont pas une m�moire claire et vivante des grandes choses qu�ils auraient entreprises dans le pass�. Leur histoire est un feuilleton de soul�vements mais pas une recension de leurs r�alisations.
La liste de nos hommes d�Etat et d�esprit, toutes �poques confondues, ne remplirait pas une ou deux pages du dictionnaire Larousse. 99% de nos rues portent des noms de martyrs et chaque commune poss�de son cimeti�re de chouhada, mais nous n�aurions pas de quoi remplir un modeste panth�on o� reposeraient nos penseurs, nos grands hommes et nos g�nies scientifiques. C�est au carr� des martyrs d�Al- Alia qu�on enterre ceux � qui on veut rendre un hommage exceptionnel, et c�est le plus grand honneur auquel eux-m�mes pouvaient aspirer. On peut d�ailleurs poser la question aux �historiques � et � nos pr�sidents encore en vie. Notre histoire est par ailleurs ponctu�e de trop de blancs, de trop de vides, de trop de silences : ils correspondent aux p�riodes de non-�tre historique. Nous ne portons pas le sentiment de continuer l��uvre de quelqu�un d�ant�rieur � nous ou le souvenir de quelque chose qui �voquerait un courant existentiel ininterrompu ayant sa source au fond des �ges. C�est pourquoi tout trahit en nous l��tre sans curriculum vitae, le citoyen improvis�, le bounadem impr�visible. Notre ant�riorit� est si courte que nous avons l�air d��tre sortis frais �moulus des mains d�une nature retardataire. On dirait que notre inconscient collectif n�a pas stock� assez d�images primordiales, d�arch�types, de m�moire collective pour nous doter de r�flexes semblables et permettre � chacun de nous d�y puiser les attitudes, les r�actions et les gestes qui le rapprocheraient des autres et le rendraient compatible avec eux. Comment cela aurait-il �t� possible alors que nous ne nous sommes r�unis que fortuitement autour de nos int�r�ts communs, d�un projet de vie collectif ou d�un dessein g�n�ral ? L�Alg�rie a tr�s t�t attis� les convoitises �trang�res en raison de son emplacement g�ographique et de ses richesses, et c�est ainsi qu�elle connut de nombreuses invasions dont la plupart se transform�rent en occupation durable, donc en apports humains, culturels et linguistiques dont les uns furent assimil�s et les autres rejet�s. N�ayant pas eu le loisir d��tre constamment utilis�e, et surtout �crite, la langue amazighe se r�duisit � des parlers que sauva leur usage r�gulier par des communaut�s comme les Touareg, les Mozabites, les Kabyles et les Chaouis. Les Etats �rig�s par les Romains, les Ottomans ou les Fran�ais sur nos terres n�ont ni impliqu� ni concern� l�Alg�rien tout au long des mille ans qu�ils ont dur�. S�gr�gationnistes, oppressifs, in�galitaires et tourn�s vers les seuls int�r�ts de l�occupant, ils l�ont au contraire syst�matiquement spoli�, humili� et dress� contre ses propres fr�res. L�organisation administrative qu�ils mettaient en place avait principalement pour but le contr�le des voies de communication et la lev�e de l�imp�t avec le concours de chefs de tribus, de ca�ds, aghas et autres bachaghas que les divers envahisseurs trouvaient � leur service en contrepartie de quelques privil�ges d�risoires et signes honorifiques. Autrement, ces institutions n��taient que des plaquages superficiels sur une psychologie r�solument r�fractaire � l��tranger et consciente que celui-ci ne cherchait pas le bien des populations locales, mais seulement leur d�pouillement et leur asservissement. A l�exception de petites minorit�s qui ont aspir� quelques fois � l�int�gration, le gros des Alg�riens est rest� �loign� des m�urs et des normes administratives impos�es, et la haine de l�occupant s��tendait tant et si bien � ses formes d�organisation que lorsque celui-ci disparaissait l�id�e n�gative que s��tait fait l�Alg�rien de la notion d�Etat subsistait en son for int�rieur, se muant � la longue en hostilit� instinctive et en d�saffection chronique � son �gard. Priv�s du droit de cit� sous les uns comme sous les autres, rel�gu�s au rang d��trangers dans leur propre patrie, les Alg�riens croupissaient entre deux occupations dans la mis�re et l�ignorance en attendant le moment de se soulever derechef pour laver leur honneur et donner libre cours � leur d�pit. Les �pop�es se suivaient ainsi et se terminaient sur les m�mes d�b�cles. Les m�mes causes engendrant les m�mes effets, et les m�mes id�es menant fatalement aux m�mes situations, l�histoire des Alg�riens allait continuer � d�river et � tanguer entre les r�cifs au gr� des vents et des temp�tes. Nous allions traverser deux longs mill�naires sans laisser de traces d�un Etat central fait par et pour nous, sans marquer la nature par des r�alisations d�envergure, sans inventer une technique ou faire une d�couverte scientifique, sans que nos mains ni notre cerveau n�impriment au temps et � l�espace des empreintes ind�l�biles. Les grands bouleversements, les d�couvertes capitales, les mutations essentielles apparaissaient ailleurs et nous �claboussaient par hasard. Ils nous atteignaient par ricochet. Nous ne faisions pas l�histoire, elle nous portait et nous entra�nait � vau-l�eau ; nous ne faisions pas des choses, il nous arrivait des choses. Tenus loin des courants de pens�e et des d�bats qui ont provoqu� les grandes avanc�es intellectuelles, scientifiques et technologiques, maintenus � l��cart des crues de l�esprit et des orages de la r�flexion politique qui ont dot� les autres peuples de lois et d�institutions p�rennes, nous sommes demeur�s des tribus, des arouch et des zaou�as faits de valeureuses individualit�s capables de courage et de sacrifice, mais incapables de syntonie. La libert� et l�esprit d�ind�pendance pour nos anc�tres t�tanis�s ce fut pendant tout ce temps le repli sous la tente, l�exil en haut des montagnes ou l�errance dans le d�sert, lieux inexpugnables et peu convoit�s, pr�f�rables en tout cas � la s�dentarisation asservissante, aux plaines vuln�rables et aux villes �difi�es pour l�usage de l�occupant. L�attachement � la libert� port� par chaque Alg�rien depuis les temps imm�moriaux n�a paradoxalement pas d�bouch� sur une r�solution collective � demeurer libres, et c�est pourquoi notre pays a pass� le plus clair de son temps sous domination �trang�re. Faute de pouvoir s�illustrer avantageusement, ce noble sentiment devait fatalement d�g�n�rer en refus visc�ral de la norme, de la loi et de l�ordre, quel qu�en f�t l�initiateur. A force de s�exercer hors de tout cadre social et d��tre ramen� � des consid�rations purement subjectives, le sens de la dignit� est devenu un enfermement sur soi, une fiert� m�lant vertus et d�fauts, une opposition � toute consid�ration publique ou civique. Il devint du n�gativisme aliment� par une culture de la ruse et de l�esquive r�sum�e dans des expressions populaires insens�es mais encore en vigueur de nos jours, sources toujours vivifiantes et tonifiantes de l�erreur de jugement et de l�aberration dans tous les domaines de la vie. La femme alg�rienne sera particuli�rement victime de cette valeur subvertie en orgueil d�suet, en machisme, en despotisme patriarcal, en infatuation de soi, en taghennante vaille que vaille. A bien y regarder, ce kh�chinisme � fleur de peau qui fait se cabrer l�Alg�rien � la moindre remarque, au moindre reproche, n�est que l�envers d�un authentique sens de la dignit� qui n�a pas trouv� les voies de son expression positive. Il cristallise plusieurs sentiments vitalistes caract�ristiques de la psychologie alg�rienne qu�aucun malheur, aucune d�faite, aucun al�a n�a pu d�truire ou soumettre. L�extr�me sensibilit� de l�Alg�rien aux injustices et aux in�galit�s est une donn�e constante de son temp�rament et explique qu�il ait �t� de toutes les r�voltes sociales et qu�il n�ait pas h�sit� � s�engager dans des schismes � vocation �galitaire comme le khar�djisme et le chiisme fatimide. Chaque fois que l�injustice l�a interpell�, � chaque manifestation de la hogra, il a r�pondu �pr�sent� ! Si l�islam a conquis l��me berb�re � la diff�rence des paganismes carthaginois et romain, du juda�sme et du christianisme, c��tait pr�cis�ment en raison de son ad�quation avec les inclinations de nos anc�tres pour la libert�, la justice et les vertus morales. Aucune force n�a oblig� les Alg�riens � croire en Allah, comme aucune n�a pu les contraindre � y renoncer. Voil�, grosso modo, dans quel �tat moral et social l�Alg�rien est parvenu au XXe si�cle, et voil� sur quel canevas mental est venu se greffer l�Etat alg�rien issu de la plus grande entreprise jamais r�alis�e par les Alg�riens eux-m�mes et � eux seuls depuis l�aube des temps, la R�volution du 1er Novembre 1954. En venant � l�ind�pendance, en venant au monde en tant que nation et Etat souverain, nous n�avions que nos vertus morales ancestrales et nos r�flexes asociaux h�rit�s d�une longue habitude de vivre �pars, ind�pendants les uns des autres, �voluant c�te � c�te et non les uns avec les autres. Les vertus morales, la solidarit� traditionnelle, le volontariat, le militantisme, ne fondent pas les soci�t�s mais seulement les peuples. Ce sont des bouts de v�rit�, des morceaux d�institutions, des moments d�efficacit� � la fortune du pot, de l�empirisme, mais pas des syst�mes de vie r�sistants et durables. L�ampleur de la crise qui nous a frapp�s au cours des derni�res d�cennies et les horreurs qu�elle a mises au jour ont dessill� les yeux des Alg�riens et leur ont fait obscur�ment prendre conscience que leurs probl�mes n��taient pas de nature �conomique et politique, comme ils l�ont d�abord suppos�, et que la faillite enregistr�e dans ces domaines eux-m�mes n��tait qu�un nouvel �cho, un autre avatar, la lointaine cons�quence d��checs plus anciens : ceux d�une communaut� en perp�tuelle gestation, ne se relevant que pour tomber de nouveau, et qui n��chappe � un naufrage que pour se mettre � pr�parer les conditions du prochain. La conscience populaire garde les stigmates de la confusion des premi�res ann�es de l�Ind�pendance, et a encore en m�moire les luttes fratricides pour le pouvoir, la course aux biens vacants et le r�gionalisme. Quant � la � trag�die nationale� qui a commenc� en 1992, elle n�est pas un souvenir lointain, un chapitre de notre histoire ou un fait pour illustrer
une th�orie, elle fauche chaque jour encore de nouvelles vies alg�riennes. Les probl�mes alg�riens sont anciens, seule leur d�couverte peut �tre qualifi�e de nouvelle. Au plan politique, les fl�aux qui ont attaqu� l�Etat alg�rien � la base et gangr�n� la fonction publique (clanisme, r�gionalisme, n�potisme, client�lisme) ne sont que des survivances de nos anciens modes de cooptation et de regroupement. Ces germes nocifs ont r�sist� au temps, et ce ne sont certainement pas quelques d�cennies d�ind�pendance qui pouvaient les dissoudre. Aux plans id�ologique et culturel, les dissemblances, les dissonances et les incompatibilit�s qui nous opposent aujourd�hui et nous divisent en visions du monde antagoniques et en �projets de soci�t� inconciliables ne peuvent pas non plus s��tre form�es en quelques d�cennies. Leurs causes remontent � notre pass� et leurs racines plongent dans les tr�fonds de notre inconscient. Elles sont le r�sultat � long terme, la cons�quence diff�r�e des anciennes intrusions �trang�res dans notre pays, lesquelles, en devenant des colonisations durables, ne se sont pas limit�es � l�accaparement de nos terres et de nos richesses, mais ont affect� nos id�es, nos mentalit�s et nos comportements. Lorsqu�on a �t� longuement expos� � des suj�tions physiques et morales de diff�rentes provenances, il est naturel qu�on en garde des s�quelles, qu�on perde les bases de sa personnalit�, l�usage de sa langue et m�me sa m�moire. On devient des �tres hybrides, des compos�s d�influences diverses, des m�langes d�id�es et d�id�aux contradictoires, �trangers les uns aux autres. C�est donc un ph�nom�ne de d�culturation qui est � l�origine de nos d�chirements et de nos valses-h�sitations entre l�h�ritage amazigh, l�h�ritage arabo-musulman et l�h�ritage occidental. C�est � lui que nous devons principalement nos divergences politiques, et c�est ce qui explique que certains militent pour l�Etat islamique, d�autres pour l�autonomie de la Kabylie, et un plus grand nombre pour un Etat d�mocratique moderne. C�est � la pr�gnance de ces influences in�galement r�parties sur les uns et les autres que nous devons les diff�rences qui se manifestent � travers nos parlers, nos costumes et nos modes de pens�e, et qui expliquent que nous ne soyons ni des Orientaux � part enti�re ni des Occidentaux accomplis, mais un conglom�rat pathologique des deux. Le syst�me d�enseignement mis en place � l�Ind�pendance n�a pas �teint cette dualit�, ni rem�di� � cette schizophr�nie, mais les a consacr�es en approfondissant le clivage entre l�enseignement �religieux� et l�enseignement �profane�, en envoyant en formation les uns en Orient et les autres en Occident et en m�langeant souci d�authenticit� et souci d�efficacit�, aboutissant en finalement � un enseignement produisant des arabisants, des francisants, des islamistes et des la�cs, mais pas des citoyens portant les m�mes r�f�rents, les m�mes valeurs et les m�mes conceptions de la soci�t� et du monde. Normalement, la premi�re mesure conservatoire � prendre dans un tel cas est de ne pas accentuer les divisions et les clivages, de ne se pr�occuper de ses diff�rences que lorsqu�on a d�finitivement assur� le domaine de ses convergences et de ses ressemblances, mais nos instincts ataviques de division ont trouv� dans ces clivages l�occasion de se r�activer. A trop changer de mod�le, on finit par ne plus savoir qui l�on est. Aussi le d�bat d�id�es qui s�est ouvert � la faveur de l�adoption de la Constitution du 23 f�vrier 1989 ne pouvait-il que d�g�n�rer en affrontements et en malentendus, d�autant qu�il n�avait �t� pr�par� ni intellectuellement ni politiquement. Le pouvoir malmen� en Octobre 1988 y avait vu l�occasion de se maintenir et le moyen de se faufiler dans l�avenir sous un nouveau d�guisement, mais il comptait sans l�extraordinaire force de rejet qu�il avait suscit�e chez les uns et les autres, si bien que le �pi�ge d�mocratique � se referma sur tout le monde. Les premiers partis politiques qui eurent � se constituer le firent en accaparant chacun un morceau de l�Alg�rie, l�un de l�une de ses langues, l�autre de sa religion, un troisi�me de la symbolique de Novembre et d�autres de ses travailleurs. Faute de poss�der une vision unitaire d�avenir, ils se sont jet�s sur le pass� et le patrimoine commun pour le d�chiqueter et frapper leurs rivaux avec l�organe arrach� et le morceau de v�rit� subtilis�. Cela donna un leader r�vant de devenir un Aguellid, un autre al-Hadjadj, et un troisi�me Ataturk. Le premier a en m�moire le royaume numide, le second le califat et le troisi�me l�Etat la�c turc ou fran�ais. Ces symboles ont tous eu leur moment de mode dans notre pass�, et chacun d�eux a laiss� des traces dans l�imaginaire collectif. L�Alg�rie se trouva alors prise dans un ouragan qui la fit vaciller sur ses fondements. Les institutions artificielles s�effondr�rent d�un coup et le pays ne put compter au plus fort de la temp�te que sur les corps constitu�s fond�s sur l�ordre, la discipline et la hi�rarchie pour le maintenir debout. La fitna se propagea et les d�mons du s�paratisme affleur�rent. Dans la cohue, des voix s��lev�rent pour en appeler � l�intervention �trang�re aux fins d�arbitrer les conflits surgis une fois de plus entre les descendants de Massinissa. De nouveau, les Alg�riens se retrouvaient en pleine effervescence anarchique, tent�s par le retour au �chaos primordial� et au magma des origines. Les liens tiss�s par la lutte de lib�ration nationale s��taient effiloch�s � force d�irr�gularit�s, de d�magogie et de d�ception. Le processus associatif d�clench� au lendemain de l�Ind�pendance s�enraya parce que men� sans prise en consid�ration de la nature psychique et �chimique� des Alg�riens. La le�on de tout cela, c�est que tant les dirigeants que les dirig�s avaient cru pouvoir d�roger aux r�gles de la croissance naturelle des soci�t�s et leur substituer des m�thodes �r�volutionnaires� de resquillage. Non seulement ils n�y sont pas parvenus, mais ils ont aggrav� leurs probl�mes dans la mesure o�, aux d�fauts d�j� r�pertori�s, se sont ajout�es les d�formations inculqu�es par le socialisme populiste. Si les colonialismes romain, turc et fran�ais s��taient �vertu�s � opprimer les Alg�riens, � les emp�cher d�entreprendre, de poss�der, de s�exprimer et de s��panouir, force est de reconna�tre que le populisme leur a r�serv� � peu pr�s le m�me sort. Ils se sont finalement rejoints dans le r�sultat : obliger les Alg�riens � fonctionner clandestinement, � contourner les r�gles et les obstacles bureaucratiques, � se d�brouiller, � recourir � la ruse et � l�astuce pour vivre, toutes habitudes malsaines et al�atoires qui n�annoncent pas la formation d�une soci�t� mais son d�clin, sa d�ch�ance dans l�encanaillement et la d�cadence. Nous sommes l�unique peuple dont on entend les membres se d�finir avec malice comme des �hchicha talba ma�icha�, comme s�ils enviaient le sort de la plante et aspiraient � devenir des �tres chlorophylliens, oubliant que m�me les v�g�taux remplissent leur devoir dans la Cr�ation en transformant industriellement l��nergie qu�ils re�oivent en oxyg�ne, et tiennent une place essentielle dans la cha�ne alimentaire sans laquelle il n�y aurait plus de vie sur la Terre. C�est peut-�tre notre fa�on de clamer notre besoin d��tre pris en charge, de nous en remettre � la nature, � Dieu ou � l�Etat pour nous nourrir. Si le combat pour l�Ind�pendance, au lieu d��tre une guerre, une destruction par tous les moyens des forces et du moral de l�ennemi, avait �t� une construction comme les pyramides de l�ancienne Egypte, la muraille de Chine ou la fertilisation d�espaces d�sertiques comme la Californie, c�est-�-dire d�imposantes r�alisations collectives requ�rant la mise en commun des id�es, des volont�s, des bras et des moyens techniques d�une soci�t�, il n�est pas certain que nous les aurions men�es avec succ�s. La preuve ? Nous n�avons rien fait de tel en deux mille ans. Il n�y aucune trace sur l�ensemble de notre territoire d�un seul ouvrage durable construit par nous. On sait o� se trouvent les ports ph�niciens, les ruines romaines, les forts, les palais et les mosqu�es turcs, sans parler de ce qu�a laiss� la France. Les ouvrages r�alis�s depuis l�Ind�pendance comme Maqam ech-chahid, l�autoroute ou la future grande mosqu�e d�Alger sont l��uvre d��trangers et ont �t� financ�s avec l�argent de la nature, du p�trole. Ce sont nos repr�sentations mentales, nos conceptions et nos jugements sur nous-m�mes et sur les choses depuis la nuit des temps qui sont � l�origine de tous nos probl�mes. C�est sur nos id�es de toujours qu�il faut se pencher pour r�soudre l��nigme de notre non-croissance sociale, de l�atrophie de notre instinct gr�gaire, de notre non-d�veloppement, car ce sont elles qui ont d�termin� nos attitudes et nos actes � toutes les �tapes de notre histoire. C�est � elles que nous devons nos tendances naturelles, nos r�flexes et nos modes de r�action ; autrement dit, le dispositif mental qui guide nos actions dans toutes les situations d�une g�n�ration � une autre, et les oriente dans telle direction plut�t que dans telle autre, vers le d�sordre plut�t que vers l�ordre, vers la division plut�t que vers le regroupement, vers la guerre civile plut�t que vers l�union sacr�e. Quand le �dedans� n�est pas homog�ne, le �dehors� ne peut qu��tre incoh�rent.
N. B.
Dimanche prochain : 4 - La fuite en avant


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