L'Algérie est malade de sa dépendance aux hydrocarbures et souffre toujours des revers négatifs de la crise pétrolière de 2014. La reprise progressive des cours du pétrole par la suite a eu un effet boomerang sur la politique énergétique du pays qui pèse de plus en plus sur son développement économique. Le manque d'anticipation stratégique et d'organisation a annihilé les marges de manœuvre des pouvoirs publics qui tentent de rattraper le retard accumulé dans le développement de l'industrie pétrolière et des énergies renou- velables. Pour faire face à ces enjeux et en tirer profit, la compagnie nationale des hydrocarbures (Sonatrach) redéfinit ses priorités principales et met le cap sur le développement de l'activité du raffinage et du renouvelable. Elle veut non seulement libéraliser ses hydrocarbures, mais relancer durablement ses investissements au niveau national et international avec ses partenaires et reprendre le contrôle de ses finances et de son industrie. Dans un entretien accordé à la télévision publique, le Président-directeur général de la Sonatrach, Tewfik Hakkar est revenu sur les objectifs du groupe à moyen et à long terme dans le domaine du raffinage et la transformation pétrolière. Egalement, son projet d'investir dans des activités rentables et indispensables dans les énergies renouvelables. Son ambition repose sur la diversification des sources d'énergies tout en sensibilisant sur l'utilisation responsable et rationnelle de l'énergie. «Les investissements de Sonatrach seront tournés vers la préservation du niveau de réserves et de production, la garantie de la sécurité énergétique du pays étant l'une de nos responsabilités. Nous veillerons à investir dans le raffinage, les industries pétrochimiques et de transformation, l'objectif étant de ne plus exporter les ressources naturelles en tant que produit brut», a-t-il déclaré, mercredi dernier, assurant que «la compagnie pétrolière nationale veillera à garantir le niveau des réserves, de production et d'investissement dans le raffinage et les industries pétrochimiques et de transformation et œuvrera en tant que partenaire au développement des énergies renouvelables, étant un des piliers devant garantir la sécurité énergétique du pays». Dans l'avenir, la compagnie nationale des hydrocarbures devra rattraper le retard dans la maturation de ses projets d'investissement dû en partie à la crise sanitaire du Covid-19, mais aussi à la lenteur de la mise en application de la nouvelle loi sur les hydrocarbures. Elle vise ainsi à remettre de l'ordre dans sa gouvernance et sa gestion de projets afin de redynamiser effectivement ses activités de raffinages et développer l'industrie pétrochimique, en parallèle. La Sonatrach veut passer à un nouveau cap. Si la compagnie a passé 2020 à gérer la crise sanitaire, l'année 2021 devra être celle de la relance de ses activités, notamment, à l'international et saisir les opportunités que lui offre le marché africain qui commencent à s'ouvrir progressivement avec l'entrée en vigueur de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf). «Il est attendu une reprise timide en 2022, des investissements, notamment dans l'exploration, ce qui entraînera une forte reprise dans ce domaine devant intervenir avec l'amélioration des cours du pétrole qui doivent se maintenir à des niveaux allant de 60 à 80 dollars le baril», a-t-il souligné, indiquant que «la Sonatrach avait procédé à des explorations en Libye et au Niger, et consenti des investissements dans les champs gaziers au Pérou». Entrer en compétitivité avec d'autres groupes pétroliers permettra de booster la compétence et le rendement du groupe. Acquérir plus d'expérience pour s'attaquer au développement des énergies renouvelables qui nécessitent un environnement favorable et d'importants financements pour la production. Avec le dernier choc pétrolier vécu par le pays et le risque d'une crise énergétique qui se profile à l'horizon accentué par la «pauvreté hydraulique» qui menace le pays, le développement des énergies renouvelables n'est plus une alternative, mais une solution. «La sécurité énergétique est la responsabilité de tout un chacun, y compris le consommateur qui devra rationaliser sa consommation énergétique. Nous ne pourrons plus continuer dans cette courbe ascendante de la consommation. Les hydrocarbures ne peuvent pas non plus être la seule source énergétique, d'où l'importance d'investir dans les énergies renouvelables», a averti M. Hakkar.