Le 14e Festival national du Théâtre professionnel (Fntp) s'est ouvert jeudi à Alger après deux ans d'interruption de l'activité artistique, avec «El Koursi», un spectacle de danse contemporaine autour de la thématique de la chaise, comme «témoin» d'une vie, devant un public astreint au strict respect des mesures d'hygiène sanitaire contre la propagation de la pandémie du coronavirus. Accueilli au théâtre national Mahieddine-Bachtarzi (TNA), le 14e Fntp a choisi de rouvrir ses portes avec le spectacle chorégraphique, «El Koursi», une belle poésie muette d'une trentaine de minutes, conçue et mise en scène par Riadh Beroual et brillamment rendue par dix danseurs et autant de ballerines. Plein de détermination et d'énergie, dix couples de jeunes soifs de réussite, tous de costumes vêtus, affichent une ferme intention d'intégrer le monde socio- économique, à travers l'exécution de plusieurs tableaux revoyant à différentes situations de vie, La chaise comme accessoire de jeu, était au centre de toutes les figures de styles présentées, d'abord comme siège de la pensée dogmatique, à travers l'exécution, en groupe et avec toutes les parties du corps, d'une danse rythmique, puis comme estrade de départ à une série de solos exprimant l'ambition, la compétence et le talent, ou encore comme tremplin à la propulsion des carrières, et enfin, comme tribune à toutes les polémiques et toutes sortes de conflits. Retrouvant sa fonction première, la chaise finira dans un autobus ou dans une salle de spectacle pour servir les usagers et accueillir le public. Mohamed Cherif Lahoubi, concepteur de la bande son avec Riadh Beroual, a travaillé sur un enchaînement de plusieurs pièces célèbres tirées des répertoires de grands compositeurs de la musique classique universelle. Pas moins de cinq chefs d'œuvre revisités et actualisés, dont «Brandenburg, concerto n°5», empruntés au maître du XVIIe siècle, Jean Sébastien Bach (1685-1750) et «Le Toréador» tiré du «Carnaval de Bizet», de Georges Bizet (1838-1875), ainsi qu'une composition personnelle, ont orné le silence et embelli le mouvement dans un spectacle visuel hautement esthétique. Les danseurs ont bien porté le thème de la chorégraphie, se donnant la réplique par la grâce du mouvement et la beauté du geste dans un exercice aux échanges intenses et au rythme ascendant et soutenu qui a permis l'occupation de l'ensemble de l'espace scénique. «El Koursi» est un spectacle qui nous «restitue notre vie dans ses joies et ses peines», a résumé Riadh Beroual, heureux, par ailleurs, de «constater cette reprise progressive de l'activité culturelle». Auparavant, et après l'allocution d'ouverture lue par le directeur général du TNA, Mohamed Yahiaoui, le coup d'envoi officiel du 14e FNTP a été donné par la ministre de la Culture et des Arts, Malika Bendouda, après avoir annoncé la «consécration» de la date du 8 janvier «Journée nationale du Théâtre», une date hautement symbolique, a-t-elle expliqué, qui a marqué la «nationalisation du Théâtre national algérien en 1963». Les lauréats des concours du «meilleur conteur» et de la «meilleure scène théâtrale» ont été ensuite distingués, après avoir rendu hommage aux comédiens, le regretté Mahmoud Bouhmoum, connu pour avoir interprété le personnage de «Shrek» dans la série «Djemai Family», Lydia Laarini, Hamid Achouri et le technicien de lumières du TNA, Mokhtar Mouffok. Retirée de la compétition du festival dans un premier temps, la pièce de théâtre, «Chkoun yekh'daê chkoun» (qui trahit qui ?), mise en scène par Ahmed El Aggoune et produite par le Théâtre régional de Skikda, a repris sa place parmi les spectacles en lice au 14e FNTP. Le 14e Festival national du théâtre professionnel se poursuit jusqu'au 21 mars avec dix spectacles en compétition au TNA, et neuf autres en off, programmés au Théâtre municipal d'Alger-Centre et à la salle Hadj-Omar du même établissement d'accueil de ce grand événement culturel. Des conférences, des masters-class, des spectacles de rue et des ventes de livres en présence de leurs auteurs, sont également au programme du 14e FNTP.