Le président de l'Association algérienne d'immunologie, et chef de service du laboratoire central EPH Rouiba (Alger), le professeur Kamel Djenouhat a interpellé, hier dimanche, à Alger, les hautes autorités à la prise de conscience face à la propagation, préoccupante, de variants, anglais et nigérian, notamment, du virus Sars-CoV-2 (Covid-19). «La situation est inquiétante. C'était prévisible ! On s'attendait à ça d'autant que nous n'avons pas respecté les mesures au niveau des aéroports, nous n'avons pas confiné les voyageurs pendant cinq jours au minimum», a-t-il indiqué, estimant qu'elle demeure, néanmoins, maîtrisable si on agit plus vite sans quoi, on frôlera la catastrophe. S'exprimant sur les ondes de la Chaîne III de la radio algérienne dont il était l'invité de la rédaction, le Pr Kamel Djenouhat a mis en avant le degré de contagion et de transmission du variant anglais comme l'admet, a-t-il observé, les dernières études qui montrent qu'il cause 30% de mortalité que le variant préexistant, le variant sud-africain qui est aussi dangereux. «Le plus inquiétant parmi tous cela est le variant nigérian», a fait remarquer le chef de service du laboratoire central EPH Rouiba (Alger), faisant remarquer qu'il y a trop peu d'études. Du fait qu'il n'existe que sous forme sporadique à travers plusieurs pays dont l'Algérie, mais ce qui ressort dans un récent rapport anglais le concernant, c'est qu'il est deux fois plus mortel par rapport au variant sud-africain avec un taux de mortalité de 4,3% d'où il y a de quoi s'inquiéter par rapport à la gravité et le nombre de décès qui peuvent être causés. Les hautes autorités du pays, a poursuivi le Pr Kamel Djenouhat, doivent prendre conscience du risque à encourir et soient convaincus que la situation critique dépend de trois aspects très importants. A savoir, dit-il, l'acquisition de grandes quantités de vaccins, le respect strict des citoyens des mesures préventives et la fermeté des autorités par rapport à ces mesures. Déplorant, à l'occasion, que l'Algérie accuse un retard pesant dans l'acquisition de quantités suffisantes de vaccins et donc dans le processus de vaccination de masse permettant d'atteindre l'immunité collective espérée. «On aurait pu éviter cette peur d'une troisième vague, aujourd'hui, si on avait importé de grandes quantités de vaccins pour une vaccination massive lors de la relative accalmie vécue dans la période janvier-février. En voilà le résultat de ce retard !», rappelle-t-il citant au passage la Grande-Bretagne qui avait atteint le pic en été passé et quand ils ont lancé la vaccination massive sont en plein décru maintenant. Le variant britannique, a encore observé l'invité de la rédaction de la Chaîne III de la radio algérienne, est sensible au vaccin. Vu que les sujets vaccinés, a-t-il ajouté, ne développent pas une deuxième infection, par contre pour le variant nigérian et sud-africain, ces derniers ont quand même une certaine résistance par rapport au vaccin. «Cela suppose que tous les sujets qui ont fait déjà une infection peuvent en refaire une autre. Pour en être là, le prix à payer sera fort», dit-il encore, insistant, au passage, sur la nécessité d'importer de très grandes quantités de vaccins diversifiés en plus de Sputnik V comme l'AstraZeneca, qui est selon lui sans risque, dont l'utilisation est autorisée avant-hier samedi au Canada.