Depuis 2014, l'Algérie est confrontée à d'importants problèmes économiques et financiers résultant particulièrement de la chute brutale des cours du pétrole qui a précipité le pays dans une impasse financière inédite, aggravée par l'absence de vision stratégique et d'alternative de financement de l'économie nationale. Tous les indicateurs macro- économiques, déjà vulnérables, s'effondrent, provoquant un marasme socio-économique inédit dont les conséquences sont omniprésentes aujourd'hui et risquent de durer avec l'arrivée de la crise sanitaire du Covid-19. Cette dernière a bousculé l'ordre des priorités de l'Etat qui s'efforce, depuis des mois, de réduire les effets de cette crise sur la vie économique et sociale à travers la mise en place d'une stratégie nationale de lutte contre le Coronavirus qui a nécessité des dépenses colossales de plus de 22,5 milliards de dinars au Trésor public dont le déficit dépasserait les 17%, selon la LF 2021, tiré vers le haut par les déficits récurrents des administrations et entreprises publiques qui coûtent trop cher à l'Etat. Constatant les incohérences dans la gestion des biens et services publics, les pouvoirs publics ont ordonné l'ouverture de plusieurs enquêtes au sein des différentes institutions sous leur tutelle depuis plusieurs mois. Sans suite à ce jour. Depuis sa reconduction à la tête de l'équipe de l'Exécutif, en juin 2020, le Premier ministre, Abdelaziz Djerad, œuvre pour éviter la dégradation de la situation socio-économique, dans un contexte sanitaire particulier et délicat. Toutes les décisions prises durant cette période ont exigé d'importantes dépenses pour la prise en charge de la crise sanitaire qui a impacté tous les secteurs économiques, publics et privés, alors que l'Etat a orienté ses efforts vers la transition économique qui se heurte à de nouveaux obstacles sur le terrain. Les autorités tentaient de naviguer face à l'incertitude et improviser des solutions à la double crise économique et sanitaire. Elles réajustent le Budget de l'Etat dont le déficit est pratiquement proche de 20 %, comparé à celui du Trésor public. Le soutien financier des administrations et entreprises publiques durant cette période ont creusé les déficits publics à cause de la hausse des dépenses de l'Etat, conduisant à un important déséquilibre du bilan de l'Etat à moyen-terme. Il est prévu dans la loi de Finances 2021 (LFC 2021), l'augmentation de «la dépense publique de près de 530 milliards de dinars pour atteindre un montant de 8.630 milliards de dinars, tandis que le déficit budgétaire prévu pour l'année 2021 devra grimper à 13,75 % du PIB, contre 10,4 % au titre de la LFC 2020», selon le texte de la LFC 2021. Cette déroute financière met rapidement à mal l'économie du pays dont les symptômes sont antérieurs à la situation actuelle. La politique économique du pays rencontre depuis des décennies des problèmes institutionnels et structurels qui n'arrivent pas à s'adapter à l'évolution du marché économique et financier international. Depuis 2016, la crise de liquidité qui se poursuit aujourd'hui se répercute sur les entreprises, sur l'investissement et la consommation. Mais aussi sur les banques paralysées par le manque de liquidité. Dans le même temps, les dépenses de l'Etat augmentent, les recettes pétrolières baissent et le déficit de la balance commerciale se creuse. La solution trouvée était de recourir au financement non conventionnel pour réduire les déficits publics et régler le problème de liquidité. Une solution temporaire qui a eu des effets négatifs sur les indicateurs macro-économique et la politique monétaire du pays, mais, aussi, sur la dette intérieure publique qui a augmenté de plus de 44% et les réserves de change (environ 45 milliards de dollars). Des indices similaires qui indiquent la complexité de la situation financière du pays actuellement. L'instabilité financière et socio-économique a poussé le Gouvernement à prendre des mesures austères dont la dévaluation du Dinar de 5% chaque année jusqu'à 2023 dans l'objectif de soutenir les exportations et, en parallèle, réduire les importations. Il a réussi à faire baisser la facture des importations à 15 milliards de dollars. Ce qui reste loin des objectifs fixés, préalablement, dans la LF 2020, en raison de l'effondrement de la fiscalité pétrolière, combiné à la hausse soutenue des dépenses publiques. Toutefois, l'Etat s'attend à un redressement graduel de la situation économique du pays et prévoit un taux de croissance de 4% en 2021 qui sera soutenu par la reprise de l'activité économique et surtout de l'investissement. Réduire les déficits structurels figure parmi les priorités du prochain Gouvernement qui doit trouver de nouvelles alternatives de financement, en dehors de l'endettement extérieur, considéré par certains comme étant une solution partielle limitée, mais possible pour cofinancer certains projets. Par ailleurs, l'Etat algérien a décidé pour atténuer le déséquilibre budgétaire de recourir à la dette intérieure à travers l'utilisation des bons de Trésor et des obligations de l'Etat. Ce dernier devra, également, réviser le régime de change et le code de l'investissement rapidement. D'autre part reconfigurer les administrations et entreprises publiques (900) déficitaires pour la majorité et les exhorter à s'autofinancer pour sortir de l'assistanat public. Même processus pour les banques publiques et les institutions financières qui doivent améliorer leur gouvernance, innover et se moderniser pour pouvoir soutenir les investisseurs au-delà des frontières. En attente des résultats des audits et enquêtes ouvertes par l'Etat dans plusieurs secteurs, le Gouvernement devra se concentrer davantage pour reconstruire un nouveau modèle économique et social afin de sortir progressivement de cette impasse.