Contrairement à ce qui est attendu face à l'aggravation de la situation épidémiologique avec la montée en flèche du nombre de cas de contaminations au Covid-19, c'est le relâchement qui continue de dominer dans le comportement des citoyens, parfois encouragés, force est de l'admettre, par le laxisme observé devant le non-respect des gestes barrières qui sont une obligation légale. Le constat est fait par les spécialistes de la santé qui sont nombreux à être montés au créneau ces derniers jours pour rappeler à tous les Algériens que la pandémie n'est pas derrière nous et que le virus sévit toujours. Sont-ils écoutés, quand ils évoquent une troisième vague ? Le Professeur Salah Sofiane, Chef de service immunologie à l'hôpital Mustapha Pacha, à Alger, est bien placé pour lancer son avertissement : «Nous sommes plus que jamais interpellés par cette nouvelle vague et nous appelons tout le monde à suivre le protocole et à se faire vacciner». Mercredi dernier, le président du Comité scientifique de suivi de l'évolution du Coronavirus a présidé une réunion d'urgence extraordinaire, regroupant les cadres de l'Administration centrale et les directeurs des établissements hospitaliers de la wilaya d'Alger, à l'effet de prendre les mesures nécessaires permettant une prise en charge efficace des personnes atteints du Covid-19. Lors de cette réunion il a été passé en revue l'évolution de la situation épidémiologique dans le pays, en sus des orientations fermes axées notamment sur la nécessité de renforcer les moyens logistiques, techniques et humains ont été données, à savoir augmenter le nombre de lits dans les hôpitaux, y compris les unités de soins intensifs, satisfaire la demande en matière d'oxygène médical et assurer un approvisionnement régulier en médicaments essentiels, et ce pour réagir à toute situation d'urgence. Le président du Comité scientifique de suivi de l'évolution du Coronavirus a souligné l'importance d'accélérer le rythme de vaccination pour contrer la pandémie du Covid-19. Le personnel de la santé, à tous les niveaux, fait tout pour protéger la population contre cette épidémie. Mais que fait la population pour aider le personnel de la santé dans ses efforts, en agissant pour réduire la pression sur les structures de santé chargées d'accueillir les personnes contaminées et les soigner ? N'importe quel observateur peut constater qu'une grande partie de nos concitoyens baigne dans l'inconscience face au risque de contamination. Il y a un an, jour pour jour, en pleine période de confinement à Alger, une chaîne de télévision avait enregistré une émission, de nuit, sur la voie publique au milieu d'habitations. En plus du tapage nocturne qui aggrave le malaise général ambiant provoqué notamment par la pandémie de Covid-19, cette activité a donné l'impression d'un événement dispensé de protocole sanitaire et du respect des gestes barrières. L'enregistrement d'une émission TV sur la voie publique doit se faire dans le respect des dispositions législatives et réglementaires qui régissent l'ordre public et l'environnement, notamment en matière de lutte contre les nuisances sonores, et également celles qui sont édictées par les pouvoirs publics et les autorités sanitaires depuis mars 2020 et constamment actualisées, pour enrayer la propagation du Coronavirus. Vendredi, lors des 9èmes journées d'immunologie, organisées à Alger, les participants ont tiré la sonnette d'alarme et mis en garde contre «le relâchement» observé durant ces derniers mois. Ce relâchement est la cause de la recrudescence des cas de contamination par la Covid-19 qui ont entamé une nouvelle courbe ascendante. Belguendouz Houda, professeur en chimie-biologie à l'Université de Bab-Ezzouar, alerte sur les «formes sévères» et surtout sur les séquelles que peuvent engendrer «les formes légère et modérée». «On ignore toujours quelles sont les retombées de ces contamination à moyen terme», indique-t-elle en augurant qu'une personne «peut attraper le virus et ce n'est qu'après une année qu'elle se rendra compte des séquelles avec des problèmes musculaires et articulaires». Les appels au respect des mesures de prévention se multiplient, mais sont-ils entendus? La crédibilité du dispositif de prévention est entachée par le constat du laxisme face au non-respect des mesures barrières que sont le port du masque et la distanciation. Comme si, en certaines circonstances, la violation de la loi était tolérée.