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rôle stratégique de l'Etat régulateur et réformes structurelles par une libéralisation maîtrisée
Les défis de l'Algérie face à la crise
Publié dans La Nouvelle République le 13 - 08 - 2021

Le président Abdelmadjid Tebboune, lors de sa rencontre avec la presse nationale le 8 août 2021, a tracé les grandes lignes de l'instauration d'une économie de marché productive à finalité sociale, loin de tout monopole, qu'il soit public ou privé, source de surcoûts et d'inefficacité économique et sociale, et a préconisé l'ouverture du capital de certaines entreprises, y compris les banques. Ses orientations seront-elles appliquées, lui même reconnaissant les difficultés de la transition d'une économie administrée, bureaucratisée à l'extrême, depuis plus de 60 années à une économie de marché à finalité sociale, liée à un Etat de droit, supposant de nouvelles forces sociales réformistes qui se heurtent à la résistance des conservateurs rentiers.
La suite … 2.- Les conditions de réussite supposent de définir clairement les objectifs Force est de constater l'absence de vision stratégique en Algérie, inséparable d'une vision de la réforme globale (le processus du partenariat et de la privatisation est analysé en détails dans «Mondialisation, réformes et privatisation» (ouvrage A. Mebtoul Office des Publications Universitaires –Alger- 2 volumes 500 pages 1981 reproduit dans Editions Amazon Paris -2018). La privatisation ne peut intervenir avec succès que si elle s'insère dans le cadre d'une cohérence et visibilité de la politique socio- économique globale et que si elle s'accompagne d'un univers concurrentiel et un dialogue soutenu entre les partenaires sociaux. C'est un acte éminemment politique et non technique car déplaçant des segments de pouvoir d'où des résistances au changement des tenants de rente sous les slogans «bradage du patrimoine national ». La privatisation partielle ou totale doit répondre à de nombreux objectifs qui ne sont pas tous compatibles et qu'il convient de hiérarchiser dans la formulation d'un programme de privatisation.
Mon expérience en tant que président du conseil national des privatisations entre1996/1999 sous la période du président Liamine Zeroual dont j'ai une profonde estime et les différentes tournées aux USA, en Europe notamment dans les pays de l'ex camps communiste, m'amène, pour le cas de l'Algérie, à formuler les objectifs, pouvant varier et être adaptés en fonction du contexte international, social et économique interne et de l'activité ou de l'entreprise ce qui suppose la résolution de neuf contraintes qui doivent être levées afin d'éviter la méfiance des investisseurs sérieux , en premier lieu l'instabilité juridique perpétuelle. Premièrement, les filialisations non opérantes par le passé dont l'objectif était la sauvegarde du pouvoir bureaucratique. Or, c'est le fondement de la réussite tant de l'ouverture partielle du capital que d'une privatisation totale. Deuxièmement, le patrimoine souvent non défini (absence de cadastre réactualisé, numérisé) pose la problématique de l'inexistence des titres de propriétéfiables sans lesquels aucun transfert de propriété ne peut se réaliser. Un exemple à en 1998/1999, pour l'Hôtel Aurassi les 50% du terrain n'étaient pas comptabilisés et cela s'appliquant à bon nombre d'unité publiques qui avaient accaparées des terrains annexes sans l'aval des domaines. Qu'en est-il aujourd'hui ? Dans ce cadre, lors des avis d'appel d'offres, en 1998, bon nombre de soumissionnaires, à des fins spéculatives, étaient beaucoup plus intéressés par le patrimoine immobilier des entreprises publiques surtout dans les grandes agglomérations que par l'outil de production.
Troisièmement, ils'ensuit des comptabilités défectueuses de la majoratives entreprises publiques et des banques, (la comptabilité analytique pour déterminer exactement les centres de coûts par sections étant pratiquement inexistantes et les banques ne répondant pas aux normes internationales, rend difficile les évaluations d'où l'urgence de la réforme du plan comptable actuel inadapté. L'inexistence du marché boursier, paradoxe en Algérie, pour la première fois de par le monde, on essaie de créer une bourse étatique, des entreprises d'Etat achetant des entreprises d'Etat, comme l'atteste la léthargie de la Bourse d'Alger rend encore plus aléatoire l'évaluation dans la mesure où le prix réel de cession varie considérablement d'année en année, voire de semaine à semaine, de mois en mois par rapport au seul critère valable, le marché qui fixe le prix selon la loi de l'offre et la demande, existant un marché mondial où la concurrence est vivace. Quatrièmement, la non-préparation de l'entreprise à la privatisation, certains cadres et travailleurs ayant appris la nouvelle dans la presse, ce qui a accru les tensions sociales. Or, la transparence est une condition fondamentale de l'adhésion tant de la population que des travailleurs à l'esprit des réformes liées d'ailleurs à une profonde démocratisation de la société.
Cinquièmement, la non clarté pour la reprise des entreprises pour les cadres et ouvriers supposant la création d'une banque à risque pour les accompagner du fait qu'ils possèdent le savoir-faire technologique, organisationnel et commercial la base de toute unité fiable doit être constituée par un noyau dur de compétences. Sixièmement, est la résolution des dettes et créances douteuses, les banques publiques croulant sous le poids des créances douteuses et la majorité des entreprises publiques étant en déficit structurel, endettés , surtout pour la partie libellée en devises sans un mécanisme transparent en cas de fluctuation du taux de change. Pour ce cas précis, l'actuelle politique monétaire instable ne peut encourager ni l'investissement productif ni le processus de privatisation. Pour combler le déficit budgétaire plus de 21,75 milliards de en 2021, contre à la clôture 2020 de 18,60 milliards de dollars et un déficit global du trésor prévu de 3614,4 milliards de dinars soit 28,26 milliards de dollars, soit 17,6% artificiellement, qui en principe est comblé par l'élévation de la production et productivité interne. La loi de finances 2021 fait les projections de 142 dinars pour un dollar en 2021, 149,71 dinars en 2022 et 156 dinars en 2023 contre environ 209/201 dinars un euro en août 2021 sur le marché parallèle, donnant en tendance 2022/2023 250 euros sur le marché parallèle, la cotation actuelle n'étant pas significative du fait des restrictions de voyage, sous réserve de la maîtrise de l'inflation qui en cas de hausse entraîne la hausse des taux d'intérêts des banques freinant l'investissement productif.
Avec 98% des recettes en devises avec les dérivées provenant des hydrocarbures permettant des réserves de change qui tiennent la cotation du dinar à plus de 70% , 44 milliards de dollars fin juin 2021 contre194 au 1er janvier 2013, malgré toutes les restrictions, les experts prévoyant un besoin en devises annuel de 20/25 milliards dollars an pour relancer la machine économique actuelle et le développement de nouveaux projets, si fin 2022, les réserves de change clôturent à 10/15 milliards de dollars, la banque d'Algérie devrait coter le dinar officiellement fin 2022/2023, à environ 200 dinars un euro et le cours sur le marché parallèle s'envolerait à plus de 250/300 dinars un euro. Dans ce cas, il est illusoire tant d'attirer l'épargne de l'émigration via les banques que l'on veut installer avec des coûts en devises, que de capter le capital argent via la sphère informelle, les lois économiques étant insensibles aux slogans politiques. Comment voulez-vous qu'un opérateur quelque soit sa tendance idéologique avec cette instabilité monétaire investit à long terme sachant que la valeur du dinar va chuter d'au moins 30% sinon plus dans deux à trois années. Septièmement, les délais trop longs avec des chevauchements de différents organes institutionnels entre le moment de sélection de l'entreprise, les évaluations, les avis d'appel d'offres, le transfert, au Conseil des participations, puis au Conseil des ministres et la délivrance du titre final de propriété ce qui risque de décourager tout repreneur, car en ce monde, les capitaux mobiles vont s'investir là où les obstacles économiques et politiques sont mineurs, le temps étant de l'argent.
Huitièmement, la synchronisation clairement définie permettrait d'éviter les longs circuits bureaucratiques et revoir les textes juridiques actuels contradictoires, surtout en ce qui concerne le régime de propriété, pouvant entraîner des conflits interminables d'où l'urgence de leur harmonisation par rapport au droit international. Les répartitions de compétences devront être précisées où il est nécessaire de déterminer qui a le pouvoir de demander l'engagement d'une opération de privatisation, de préparer la transaction, d'organiser la sélection de l'acquéreur, d'autoriser la conclusion de l'opération, de signer les accords pertinents et, enfin, de s'assurer de leur bonne exécution. Neuvièmement analyser lucidement les impacts des accords de libre échange avec le monde arabe, l'Afrique et l'Accord d'association de libre échange l'Europe, dont certaines clauses de modification, pas l'Accord cadre, toujours en négociations pour un partenariat gagnant-gagnant, qui a des incidences sur les institutions et les entreprises publiques et privées qui doivent répondre en termes de coûts et qualité à la concurrence internationale En résumé, le retour à la confiance est le fondement du développement (Africa Presse Paris 10 août 2021 «Réformes et démocratie, Pr Abderrahmane Mebtoul, il faut redonner confiance afin que les Algériens s'impliquent) pour l'Algérie, selon le FMI le produit intérieur brut réel (PIB) a été négatif d'environ 6% durant l'année2020, et suite à cette baisse PIB réel devrait se redresser en 2021 à 3,2%, taux calculé en référence à l'année 2020 (taux de croissance négatif)
Donnant globalement, à taux constant, un taux de croissance entre 0 et 1% en termes réels , ce taux étant inférieur au taux de pression démographique, comme l'a mis en relief le président de la République lors de sa conférence de presse, nécessitant un taux de croissance de 8/9% sur plusieurs années pour résoudre les tensions sociales (création de nouveaux postes de travail par an entre 350.000/400.000). La privatisation et la démonopolisation qui doivent s'inscrire dans le cadre d'une stratégie globale, ne devant pas avoir une vision négative des entreprises publiques concurrentielles, supposant leur autonomie et de dépénaliser l'acte de gestion, pourront-elles permettre une véritable relance économique sans lever les entraves bureaucratiques et libérer toutes les énergies créatrices ? Soyons réaliste, la rente des hydrocarbures sera pour longtemps, la principale société pourvoyeur de devises où avec la crise actuelle, où avec la crise actuelle, il est utopique d'attirer massivement les IDE et de canaliser le capital-argent de la sphère informelle. D'où l'importance d'une mobilisation générale interne comme en temps de guerre, de lutter contre la bureaucratie néfaste, produisant la sphère informelle et la corruption paralysant toute l'économie. Il faut redonner l'espoir en l'avenir par la moralisation de la société, afin que les Algériens s'impliquent car, les réalisations futures sont à leurs portés


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