Depuis plusieurs mois, l'Algérie est frappée par une sévère pénurie d'eau, provoquée, particulièrement, par la sécheresse et le manque de pluviométrie. La mauvaise gestion de cette source vitale a été, également, tenue pour responsable dans l'aggravation de la situation. De l'aveu des autorités et des spécialistes dans le domaine, l'Algérie est confrontée à un risque accru du stress hydrique qui menace la reprise économique (la production et la croissance), mais aussi la stabilité sociale. Pour venir à bout de cette crise, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a ordonné d'accélérer la réalisation des stations de dessalement de l'eau de mer pour assurer l'alimentation plus ou moins régulière des régions côtières en eau potable. Conformément aux directives du chef de l'Etat, le ministère des Ressources en eau a mis en place une nouvelle stratégie de l'eau pour régler cette crise d'ici l'été prochain et éviter de reproduire les erreurs du passé. L'objectif serait ainsi d'innover pour améliorer la qualité de l'eau potable et l'accès à cette source vitale. «La stratégie de l'eau 2021/2030 prévoit de satisfaire les besoins de la population en cette ressource par l'eau de dessalement à hauteur de 60%», a assuré, avant-hier, à Oran, la chargée d'études et des synthèses au niveau du ministère des Ressources en eau, Lamia Lehtihet, lors d'une rencontre ayant réuni les responsables du secteur de l'eau de la région Ouest, au niveau de la direction des ressources en eau de la wilaya d'Oran. Désormais, l'Algérie s'appuiera sur les stations de dessalement d'eau de mer pour alimenter en eau potable sa population et améliorer la gestion de cette ressource qui ne sera pas utilisée pour lutter contre le stress hydrique et intensifier la lutte contre la pollution de l'eau souterraine. Selon les chiffres avancés par Mme Lehtihet, les stations de dessalement ne couvrent que «17% des besoins de la population en eau potable» et a affirmé que ces chiffres «augmenteront graduellement, grâce à la mise en place de nouvelles stations de dessalement, pour atteindre 22% en 2022, 42% en 2024 et 60% en 2030». D'ici dix ans, les besoins de la société en eau potable seront assurés par les stations de dessalement d'eau de mer, notamment, au niveau des villes côtières. «Onze stations sont érigées tout au long du littoral algérien et les projets pour la réalisation de cinq autres ont été récemment retenus pour pouvoir faire face à la demande croissante sur cette matière vitale, dans une conjoncture marquée par un stress hydrique aigu et une pluviométrie quasiment faible sur l'ensemble du pays depuis plus d'une décennie», a-t-elle expliqué, affirmant que «les wilayas du littoral seront alimentées à un taux important par cette eau : 100% à Ain Témouchent et 97% à Oran, et l'eau dessalée arrivera à 150 km en profondeur dans les wilayas de l'intérieur avec un pourcentage oscillant entre 45 et 50%». Les stations de dessalement restent l'une des solutions adéquates pour répondre à crise du stress hydrique, mais il est aussi indispensable de lutter contre la désertification et la sécheresse qui sont à l'origine de la baisse des débits des cours d'eau et de la baisse des apports en eau des nappes souterraines en provenance de ces sources. Lutter aussi contre l'envasement des barrages hydrauliques devant alimenter en eau potable d'autres régions du pays. «La rationalisation de la consommation est naturellement un axe important qui permettra d'utiliser les ressources de manière efficiente», a souligné l'intervenante, précisant au passage que «les wilayas du Sud algérien bénéficieront d'un programme de déminéralisation des eaux souterraines, souvent saumâtres ou même salées, qui permettra de sécuriser l'alimentation en eau de la population saharienne». Elle a mis l'accent sur l'urgence de relever le défi de l'eau et de l'assainissement pour assurer la croissance économique du pays. Garantir la viabilité des secteurs productifs. La stratégie nationale de l'eau a, d'ailleurs, abordé «la question de la sécurisation de l'eau, via trois axes principaux : le dessalement de l'eau de mer, l'épuration des eaux usées et la rationalisation de la consommation», a indiqué la même responsable, précisant que «le dessalement permettra de satisfaire les besoins en eau potable, alors que l'épuration des eaux usées (deux milliards m3 par an) sera destinée à l'irrigation de l'arboriculture principalement. Les eaux superficielles des barrages seront réorientées vers l'agriculture, les cultures maraîchères surtout, et tout cela permettra de préserver les eaux souterraines». En attendant, les autorités ont mis en place un calendrier de distribution d'eau à travers les villes du pays de manière équitable.