Bordj-Menaïel est une ville qui fascine et désole à la fois, comme dans le cadre de vie dans lequel elle se développe. On en a une idée en descendant les artères principales. Elle fascine parce que cette ville a toujours enfanté de grands hommes qui sont la fierté de la région, à l'image des chouhada Bouhamadouche Djellloul, Meftah Abdelkader, Achour Kaddour, Khoudi Saïd Abbas Abdelkader, et des centaines d'autres qui ont donné leur vie pour une Algérie libre et indépendante. Il existe des coins paradisiaques comme la source d'Echarchar, nous n'allons pas entrer dans les arcanes de la commune, notre propos est autre mais il est bon de connaître le milieu dans lequel vit et évolue Bordj-Menaïel. Pourquoi cette ville n'arrive pas à reprendre son souffle, sa quiétude d'autrefois ? Les cicatrices font mal, l'ensemble de la population cache mal sa peine et ses inquiétudes sur l'avenir proche s'exclame un cheikh venu à notre rencontre. Un autre constate la précarité ou l'indigence qui caractérisent la situation culturelle au niveau de l'ensemble de la commune. Rien ne va à Bordj-Menaïel. Voilà le triste constat qu'on fait devant l'amère réalité de notre vécu, car à Bordj-Menaïel comme partout ailleurs en Algérie, la désolation est la même et toutes les appréhensions quant à des lendemains qui risquent de déchanter pour nos enfants, ne peuvent être que les nôtres. Nos politiques, sont-ils au moins conscients de ce qui nous attend d'ici là ? On ne le dira jamais assez du fait que les choses à Bordj-Menaïel sont encore ce qu'elles étaient il y a des décennies. Pis encore, la pente vers le néant s'est bel et bien dessinée et au rythme où grossit la décadence sociale, Bordj-Menaïel se meurt à petit feu. Une ville dans la ville. Les Ouled Labled sont marginalisés, car aucune de ses familles respectables et connues pour leur appartenance à une certaine frange de la société ne s'aventurerait à bâtir une hideuse baraque faite de résidus ferreux et de morceaux de madriers rien que pour avoir accès un jour au privilège d'obtenir un appartement comme tous les citoyens qui se respectent. Leurs statuts d'honnêtes citoyens et leur rang parmi la population ménaïlie, ne leur permettant guère d'avoir pareille audace, ils laisseront inévitablement la chance aux squatteurs venus d'ailleurs. Les baraques de fortune poussent comme des champignons constituant des commerces informels. Si on veut du changement, il faut secouer les mentalités. Faribole ou réalité plurielle qu'il s'agit de prendre en charge avec beaucoup de sérénité et beaucoup de tact. L'Algérien est «déculturée», irrespectueuse, ce tableau déconcertant n'est pas spécifique à Bordj-Menaïel mais celui de toutes les villes d'Algérie. «El Akhlaq el-fassida», nous voilà donc en terrain assez glissant, car suivant des degrés, la culture est appréhendée différemment mais, signe des temps, tout le monde en parle et s'en préoccupe pour dire où allons-nous avec cette «Tarbia» (éducation) ? Malvie et misère ne tarderont pas à s'installer dans le décor d'un ghetto au moment où se propageront tous les fléaux de la terre. Bordj-Menaïel est sujette à la délinquance, à la drogue, tous les fléaux de la terre y existent. Il faut que cela change ! C'est une question de mentalité. Jamais au grand jamais cette coquette ville n'a connu pareille dégradation. On dirait que la bombe d'Hiroshima est tombée par-là, puisque le séisme du 21 mai 2003 existe toujours.