Depuis le début de la crise sanitaire, il y a presque deux ans, le secteur de l'énergie connaît des revers, comme tous les autres secteurs économiques et financiers. Les petits pays producteurs de pétrole ont subi de plein fouet les effets multiples de cette crise, incitant les compagnies pétrolières à repenser leur plan de gestion de crise. La société nationale des hydrocarbures, Sonatrach, a dû réduire son budget de 50% et revoir ses investissements, tout en se projetant dans une nouvelle vision énergétique. Développer l'énergie verte. Cette dernière a désormais sa carte à jouer dans les futures stratégies de développement du groupe, tout en maintenant son activité de base. Offrir des produits multi-énergies. C'est un nouveau modèle adopté par quelques groupes pétroliers à l'instar de la société énergétique italienne Eni et l'Espagnole Repsol. Des partenaires de la Sonatrach qui peuvent l'aider à préparer sa transition vers le renouvelable. Une initiative à développer avec ses partenaires et ainsi renforcer les liens de coopération entre les différentes parties. C'est aussi important pour mener des études avancées et financer les projets de développement de l'énergie propre. La Sonatrach ne renoncera pas pour autant à ses investissements dans les hydrocarbures, bien au contraire, elle pourra profiter encore de l'envolée des cours de brut actuels pour augmenter ses recettes pour réaliser ses investissements. Tôt ou tard, le groupe public sera obligé d'adhérer à ce nouveau modèle d'affaire multi-énergétique pour préserver sa place sur le marché. Un marché hautement concurrentiel. Les investisseurs et producteurs pétroliers (Opep et hors Opep) se tournent vers le renouvelable. Certains ont déjà annoncé avoir scindé en deux leurs activités (énergie fossile et renouvelable). C'est le cas de la société italienne Eni, l'un des principaux partenaires de la Sonatrach et de l'Algérie en tant que gestionnaire, acheteur et fournisseur de gaz pour l'Europe. La société italienne prend déjà ses devants et assure ses arrières en se transformant progressivement vers le renouvelable. Réduire la production des hydrocarbures et offrir plus de produits décarbonisés. Eni sera le premier producteur pétrolier, selon les médias étrangers, à introduire en bourse son activité dans les énergies renouvelables. Avant-hier, le groupe a annoncé sur son site internet son intention de vendre à la société Snam (principale entreprise italienne de transport de gaz naturel, et l'unique opérateur de liquéfaction de gaz naturel liquide en Italie) «49,9% de ses parts dans des gazoducs stratégiques algériens pour un montant de 385 millions d'euros». Ainsi Eni cède ses actions des gazoducs algériens au profit de Snam avec laquelle elle partagera désormais la gestion. Ces gazoducs qui transportaient du gaz de l'Algérie vers l'Italie, «seront contrôlés à la fois par Eni et Snam». «Sont concernés les gazoducs onshore qui vont de la frontière algéro-tunisienne jusqu'à la côte tunisienne (gazoduc Trans Tunisian Pipeline Company, TTPC) et les gazoducs offshore qui relient la côte tunisienne à l'Italie (gazoduc Transmediterranean Pipeline Company, TMPC)», a indiqué un communiqué conjoint des deux sociétés. A noter que cette transaction n'impactera aucunement l'Algérie. «Cette transaction nous permet de libérer de nouvelles ressources qui pourront servir à notre transition énergétique», a déclaré Claudio Descalzi, l'administrateur délégué d'Eni, réaffirmant l'engagement du groupe à développer les énergies renouvelables, bas carbone, plus valorisantes que le pétrole. Eni adopte un nouveau modèle d'affaires sur le marché. Ceci peut-il influencer les relations de partenariats avec la Sonatrach ou avec l'Algérie ? Sachant que l'Italie importe plus «de 90% de ses besoins en gaz et la part en provenance de l'Algérie représente actuellement environ 30%». Certes, Eni n'entend pas arrêter ses activités dans les hydrocarbures dans l'immédiat, mais cette transformation pourrait impacter ses investissements de long terme, en Algérie. Eni a déjà créé sa filiale verte (solaire, éolien, bornes électriques...) et devra sûrement réduire dans un avenir proche ses engagements dans le secteur des hydrocarbures. En attendant d'atteindre ses objectifs «de réduction de 80% des émissions nettes de gaz à effet de serre de ses produits énergétiques d'ici 2050 la neutralité en terme d'émissions de carbone dans le secteur upstream (la production et l'exploration) d'ici à 2030». Selon le même document, Eni vivra encore au rythme des cours du brut de pétrole et du gaz. Ce qui laisse une marge de manœuvre à la compagnie nationale des hydrocarbures de lancer sa transition énergétique et adopter un modèle d'affaire similaire à celui de son partenaire italien. Devenir un producteur multi-énergétique. Profiter de l'expérience du partenaire italien pour soutenir sa stratégie de transformation énergétique. La Sonatrach et Eni ont d'ailleurs annoncé quelques mois plutôt, le lancement d'un «projet-pilote de production d'hydrogène vert».