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Jeu, magouille et crise dans la distribution au citoyen dans les wilayas
Pénurie de lait en sachet
Publié dans La Nouvelle République le 09 - 01 - 2022

«Je rêve d'un jour où je pourrai acheter sans difficulté deux sachets de lait chez n'importe quel commerçant dans cette ville», lança un père de famille désespéré qui ne trouva pas ce produit nécessaire.Décidément le lait en sachet très prisé par la population devient introuvable comme le huile de table chez les vendeurs. La Nouvelle République a effectué cette semaine une tournée dans les divers secteurs du chef-lieu de wilaya pour mieux cerner ce problème qui empoisonne la vie des citoyens quotidiennement à la recherche de ce produit vital. Les enfants le consomment au petit déjeuner et en fin d'après-midi dès leur retour de leurs écoles mais que doivent dire un père ou une mère de famille aux petits lorsqu'ils ne trouvent de lait. De nombreux épiciers de Guelma et de Annaba ont décidé de ne plus vendre le lait en sachet à leurs clients qui se rabattent sur le lait pasteurisé fixé à 110 dinars. Un quinquagénaire à bout de nerfs nous a déclaré ! « Je suis un ouvrier qui perçoit un salaire mensuel de 28 000 dinars ; je suis père de quatre enfants ! Il m'est impossible d'acheter les boîtes de lait à 110 dinars le litre ! Est-il logique de vivre ce calvaire en 2022 ?» Certains commerçants avides de gains faciles et malhonnêtes dissimulent les sachets de lait pour les revendre à 30 dinars l'unité à leurs amis après.
La crise du lait en sachet continue malheureusement de rendre les citoyens de l'Est mécontents et furieux à chaque début de la matinée devant les petites camionnettes qui distribuent cet insuffisant produit de large consommation dans la wilaya d'Annaba. Malgré que la direction du commerce, la direction des services agricoles et l'Office national interprofessionnelle du lait et des produits laitiers ont ouvert une enquête pour découvrir les anomalies dans la distribution pour cette région en identifiant les partis responsables de cette crise qui dure depuis juillet 2019. Avant 2019, la laiterie Edough recevait de l'ONIL 800 tonnes de lait en poudre, pour une production de 90 000 litres de lait pasteurisé par jour. Après juillet 2019, la quantité de poudre reçue est descendue à 680 tonnes, pour une production de 80 000 litres par jour. En 2020, la quantité de poudre est descendue à 587 tonnes pour une production qui avoisine les 72 000 litres par jour alors que la quantité distribuée a été moins que cela. La commission d'enquête a découvert 8.552 litres manquants. L'enquête est toujours en cours visant une complicité entre producteurs et distributeurs. Le pauvre citoyen paye toujours les pots cassés où vers dix heures il n' y a plus de lait en sachet en vente chez les commerçants qui eux cachent tout le temps une certaine quantité derrière le local. Au niveau des laiteries, les distributeurs reçoivent une quantité imposée de lait en sachet, lait de vaches, les commerçants de leur coté imposent aux citoyens d'acheter du lait de vache avec le lait pasteurisé. Et ceci concerne les villes d'Annaba, El Bouni, Sidi Amar et El Hdjar. La faute aux citoyens qui ne veulent pas dénoncer ces actions ni déposer plainte contre pour ces infractions. A l'Est du pays à l'exemple de la wilaya de Souk Ahras qui possède une seule unité de production traitant ainsi 40 000 litres par jour, quelque 34 millions de litres collectés ont été transférés vers les unités de Guelma, Annaba, Skikda et El Taref. Le cheptel bovin de cette wilaya compte 87 600 têtes dont 12100 vaches hybrides et 29 000 de races locales pour 5000 éleveurs dont 2100 intégrés au programme de collecte du lait. Révèlent les services agricoles de la wilaya. Certes, les importations de lait de transformations avaient reculé durant l'année 2013 à 989,357 millions de dollars en chutant de 12, 4 % et la production de lait cru n'a pas pu répondre aux besoins de la population estimés à 5 milliards de litres par an. Selon le Centre national de l'information et des statistiques des Douanes algériennes, l'Algérie dispose de seulement 250 000 vaches laitières qui sont loin de satisfaire la demande, estime-t-on.
Pénurie persiste au pays malgré le budget énorme d'importation
Les services des douanes avaient révélé en 2013 que les importations de lait de transformation avaient atteint 423,4 millions de dollars durant les quatre premiers mois de l'année 2013 contre 371 millions de dollars en 2012 , soit une hausse de 14,12 %. Selon l' Office interprofessionnel du lait, l'Etat accorde chaque année un montant de 46 milliards de DA pour le soutien de la filière du lait. Or, depuis au moins semaine le sachet du lait de 25 DA est devenu rare chez les commerçants de la ville et cela lorsque la société de l'Edough implantée à Annaba a décidé de diminuer sa production laitière pour lancer la vente de sachet de lait de vache pour le prix de 35 DA. «Il faut se lever très tôt à six heures pour acheter un sachet de lait parce que à neuf heures il n'en reste plus ! », nous affirme-t-on. Ainsi L'Etat prévoit une importation de 25 800 vaches laitières afin de pouvoir assurer l'arrêt des importations de lait qui coûtent au pays les 700 millions de dollars par an. En Algérie la production laitière qui est estimée à prés de 2 milliards de litres par an est principalement le fait de l'élevage bovin laitier qui notamment oscille entre les 1,2 et 1,4 millions de têtes. La période de 1983 à 1997 était une période durant laquelle on avait enregistré une chute de 24% des effectifs du bovin passés à 1 255 000 têtes et avec le Plan national de développement agricole et rural lancé par le gouvernement en 2000 celui ci avait plus au moins pu surmonter les grosses contraintes liées à la production laitière et au développement de l'élevage bovin. Les pouvoirs publics ont accordé plusieurs facilités financières pour secourir le secteur qui était déjà en souffrance en octroyant des primes d'incitation à la production fixée à 7 DA le litre et une prime à la collecte du lait cru de 4 DA par litre. Certainement des résultats encourageants furent enregistrés dans nombreuses unités de transformations mais sur le terrain la facture des importations par l'Etat reste tout de même élevée, nous indiquent certains professionnels du secteur. Les consommateurs de la région d'Annaba et d'El Taref ont trouvé très choquant le prix du lait en poudre qui a grimpé de 10 à 30 da la boite à savoir Candia, Gloria, Loya et autres marques chez des plusieurs détaillants qui renvoient la balle vers les grossîtes. L'état algérien avait mobilisé depuis ces dernières années de gros moyens financiers dans le but de réduire la facture des importations en lait et dérivé qui avait atteint, informe-t-on 1,28 milliard de dollars en 2008 alors qu'en 2009 elle avait été de l'ordre de 862 millions de dollars, un recul du à la baisse des prix international de la matière première. En 2009 l'Algérie avait importé 121 000 tonnes de poudre de lait alors qu'en 2010 la facture des importations des produits laitiers avait été de 52 millions de dollars. L'office national interprofessionnel du lait chargé de faire la répartition des quotas de poudre de lait importée de l'Allemagne ou de l'Italie par les pouvoirs publics au profit d'une centaine de laiteries du pays distribue selon des professionnels de la filière une grosse part à ceux de l'algérois alors que cette filière compte 13000 éleveurs, 129 laiteries et 650 collecteurs . L'Etat indique-t-on accorde des subventions directes pour encourager la production laitière de 21 DA/ litre distribués entre l'éleveur 12 DA, le collecteur 5 DA et le transformateur 5 DA. Or, les dérivés du lait notamment les crèmes glacées, les yaourts et autres dérivés comme les fromages qui sont préparés à base de lait déjà soutenu par l'état ne peuvent en avoir un autre soutien. Ces dérivés qui ont été lancés par des grandes laiteries comme Soummam, Danone, Yoplait, Hodna et autres. Le marché algérien qui est vraisemblablement dominé par la marque Soummam détenant plus De 45% de parts du marché contre 23% pour Danone, indique-t-on. A cet égard, il faut savoir que les services du ministère de l'agriculture ont fait état d'une production globale de 2,6 milliards de litres de lait cru attendue à la fin de 2010, soit une croissance de près de 15% par rapport à 2009. Toute laisse à penser que la poudre de lait distribuée en quantité insuffisante aux producteurs et transformateurs avait déjà causé une réelle insuffisance selon plusieurs commerçants dans la distribution du lait en sachet et une pénurie à travers plusieurs régions de l'Est du pays alors que l'état avait accordé à cette filière très importante une subvention de l'ordre de 12 milliards de DA.
La filière laitière : un créneau rapporteur et un potentiel important de transformation
Le marché de transformation dans lequel Candia Algérie qui est issue du partenariat de la société française et l'ancienne entreprise de soda Tchin Tchin détient la plus grosse part du marché du lait UHT 79% produisant ainsi 200 000 litres par jour. Les collecteurs aussi font beaucoup d'efforts pour faire durer l'activité comme le cas d'un collecteur de lait de vache qui sillonne avec sa camionnette citerne la région de Mila, Sidi Merouane et Ain Beida afin de rassembler chez une quinzaine d'éleveurs prés de 500 litres de vache qu'il livre à l'unité Grouz. A ce titre il faut noter qu'une bonne vache peut donner 20 litres par jour, sa ration d'aliment avoisine les 4 quintaux par mois, a-t-on souligné. Concernant les produits laitiers le groupe Giplait qui dispose d'une capacité de production de 30 millions de litres de lait pasteurisé et de 600 000 litres de lait fermenté domine le marché, son complexe fromager de Draa Ben Khedda est l'important producteur de produits laitiers dans la wilaya de Tizi Ouzou, il produit le célèbre camembert le Tassili qu'on trouve partout dans le pays. Le marché du fromage est dominé par quelques marques aussi notamment la vache qui rit, le Berbère, le Tassili et la Jeune vache ainsi que qu'une minorité de fabricants de Constantine alors que le marché du yaourt en Algérie appartient à Danone , Soummam Yoplait et Trèfle, révèle-t-on. Or, dans la localité de Mechroha à l'Est du pays possédant une laiterie qui produit 40 000 litres/jour où l'élevage des vaches laitières demeure globalement traditionnel dans cette wilaya en dépit de l'évaluation du cheptel soit 32 % de la production avaient été réalisés part 9 000 vaches modernes soit 17 % du cheptel composé de 50 100 vaches laitières. Quelque 34 millions de litres collectés avaient été transférés vers les unités de Guelma, Annaba, Skikda, El Taref et Constantine, a-t-on indiqué auprès des services agricoles. Le cheptel bovin de la wilaya compte au total 78 600 têtes dont 12 100 vaches hybrides et 29 000 de races locales. La ville de Souk Ahras compte 5 000 éleveurs dont 2100 intégrés au programme de collecte du lait. L'Office national interprofessionnel du lait verse des aides publiques depuis 2010 aux éleveurs, aux collecteurs et aux transformateurs. En outre le manque d'unités de transformation, la filière reste confrontée à la faiblesse de la diversification des aliments de bétail, le manque de suivi vétérinaire et la mauvaise organisation de l'activité de collecte. Dans la région de l'ouest du pays et plus précisément dans la wilaya de Sidi Bel- Abbès dont les besoins de la population qui sont estimés à plus de 46 millions de litres et dont plus de 23 millions de la production destinés pour les habitants ruraux, soit un taux de couverture de 72% et un déficit de 13 millions de litres par an. Les besoins des habitants de la région pour une population totale de plus de 580 000 citoyens estimés à exactement une quantité de 80 litres par habitant et par an récoltés par 3 000 exploitations comprenant 21 400 vaches laitières. Il faut savoir que les programmes de développement soutenus par l'état avaient réellement permis à la croissance de l'élevage dans la wilaya depuis les dernières années. L'on indique que c'est plus de 680 éleveurs laitiers produisant avec un nombre de 5 320 vaches laitières modernes, une vache pour donner entre 18 et 20 litres par jour a besoin de 4 quintaux d'aliments par mois. Soulignons que le déficit dénombré est généralement comblé par l'apport de quelques unités de transformation en lait recombiné qui suffisait autrefois plusieurs localités limitrophes de la wilaya en question et le manque constaté de poudre de lait sur le marché, révèle-t-on.


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