Le Fonds monétaire international (FMI) ne cesse depuis le début de la guerre en Ukraine d'alerter sur le risque d'une grave crise alimentaire. La directive générale du FMI, Kristalina Georgieva, prévoit «une nouvelle dégradation de la croissance mondiale pour 2022 et 2023», à cause de «l'augmentation du prix des denrées alimentaires et de l'énergie, ainsi que du nombre de problèmes dans les chaînes d'approvisionnement, continue de faire grimper l'inflation». Des pays seront pleinement touchés par la récession à cause de l'inflation et de leur vulnérabilité financière pour riposter à celle-ci. Ce n'est pas le cas de tous les pays du monde a précisé Mme Georgieva, affirmant que «le taux de croissance restera positif dans certains pays». Cela pourrait changer si la guerre en Ukraine dure encore longtemps. Le FMI est contraint cette année de «revoir à la baisse les prévisions pour 143 pays, représentant 86 % du PIB mondial», estimant que les indicateurs macro-économiques sont au plus mal. «Dans les pays avancés, l'inflation atteint déjà son plus haut niveau de ces quarante dernières années. Et nous prévoyons maintenant qu'elle restera élevée plus longtemps que prévu», a-t-elle souligné. Le choc sera difficile à résorber par les pays dépendants des importations russes et ukrainiennes. Ces pays seront confrontés, selon la directrice du FMI «aux retombées de la guerre sur les cours des produits de base, le commerce et les circuits financiers. Parmi les pays touchés par ces révisions à la baisse figurent des importateurs nets de denrées alimentaires et de combustibles, en Afrique, au Moyen-Orient, en Asie et en Europe». Revenant sur l'impact de la crise ukrainienne sur les pays producteurs de pétrole et du gaz et des métaux et leurs perspectives de croissance, Mme Georgieva se monte plutôt sceptique estimant qu'«une plus grande incertitude plane également sur ces pays, et leurs gains sont loin d'être suffisants pour compenser le ralentissement global de l'économie mondiale, largement dû à la guerre». Ces pays sont aussi touchés par l'inflation qui menace leur stabilité financière et sociale en raison de la baisse constante du pouvoir d'achat. «Nous risquons même de plus en plus d'assister à un désancrage des anticipations d'inflation, ce qui pourrait rendre l'inflation plus enracinée et plus difficile à contrôler», a-t-elle averti. Elle a appelé les banques centrales à agir «avec détermination, en prenant le pouls de l'économie et en ajustant leur politique en conséquence». «Les pays devront savoir utiliser l'ensemble des mécanismes disponibles, comme l'allongement des échéances de la dette, la flexibilité du taux de change, les interventions de change et les mesures de gestion des flux de capitaux», a-t-elle ajouté. L'objectif est de dépasser le resserrement monétaire, soit la crise de liquidité qui frappe de plein fouet plusieurs pays, à l'instar du Liban qui vient d'utiliser sa part des DTS. «Les prêts du FMI, qui s'élèvent actuellement à plus de 300 milliards de dollars, ont considérablement aidé nos pays membres à cet égard, tout comme l'allocation de DTS effectuée l'été dernier pour un montant de 650 milliards de dollars. Les pays à faible revenu utilisent jusqu'à 40 % de leurs DTS pour financer leurs dépenses prioritaires liées à la Covid, à savoir l'achat de vaccins et d'autres mesures essentielles», a-t-elle précisé.