Les regards se tournent actuellement vers les pays de l'Afrique du Nord pour satisfaire la demande européenne en matière d'hydrocarbures. C'est le cas de l'Italie qui, depuis plusieurs semaines, s'est lancée dans une offensive diplomatique en Afrique pour augmenter ses importations d'hydrocarbures. Pour s'émanciper de sa dépendance au gaz russe, Rome compte sur l'Algérie, l'Egypte et la Libye. Ce nouveau rapprochement entre la Rive Sud et Nord de la Méditerranée est imposé par le bouleversement géopolitique en Europe. Ce sujet d'actualité est largement discuté lors du Forum international «Vers le Sud», organisé en Italie ces trois derniers jours, auquel a pris part le ministre de l'Energie et des Mines, Mohamed Arkab. Intervenant lors d'un panel sous le thème «l'Europe dans la Méditerranée : le défi énergétique, sécurité et transition énergétique dans la Méditerranée, l'Italie et le Sud, protagonistes de la Méditerranée», M. Arkab a réaffirmé «la détermination de l'Algérie à consolider son rôle de fournisseur fiable en hydrocarbures», selon le communiqué du ministère de l'Energie, évoquant l'engagement mutuel des deux pays en faveur du développement des énergies renouvelables, entre autres. Cependant, la priorité actuellement est l'augmentation de l'approvisionnement de l'Italie en gaz algérien afin de l'aider à amortir le choc d'un éventuel embargo occidental sur le gaz russe. A ce sujet, le ministre de l'Energie algérien évoquera «les nombreux efforts déployés par l'Algérie pour développer des capacités tout au long de la chaîne hydrocarbures à travers des investissements considérables qui s'inscrivent dans le cadre d'une démarche visant à consolider le rôle de l'Algérie en tant que fournisseur fiable qui assure un approvisionnement sûr et continu». La conjoncture actuelle a rapproché davantage les deux partenaires qui se sont engagés en faveur du développement du secteur de l'énergie fossile, mais aussi renouvelable. M. Arkab a plaidé pour une coopération solide et durable entre les pays des deux rives, insistant sur l'impératif d'accompagner financièrement les pays africains producteurs d'hydrocarbures pour surmonter la crise actuelle qui menace, également, le continent africain de récession. L'Europe a besoin de l'Afrique pour sortir de sa dépendance aux hydrocarbures russes, mais surtout pour maintenir sa machine de production paralysée par les effets de la guerre en Ukraine. Cette dernière menace l'économie mondiale qui s'imbrique chaque jour un peu plus. Un enjeu de taille pour les deux parties. M. Arkab a souligné, dans ce sens, «le rôle-clé du secteur de l'énergie et des mines en tant que moteur de développement économique et l'importance de la coopération dans le secteur des hydrocarbures dans la région», précisant que «le secteur de l'énergie et des mines est un secteur ouvert aux investissements à travers un cadre légal incitatif et offre de nombreuses opportunités de partenariat dans de nombreux domaines». Il a appelé les investisseurs italiens et européens à venir investir en Algérie dans ce secteur très porteur. Aussi prometteur que celui du renouvelable. L'Algérie accorde un intérêt particulier à ce secteur, a-t-il fait savoir, réaffirmant l'«engagement de l'Algérie en faveur d'une transition énergétique graduelle à travers la diversification des importantes sources énergétiques existantes et l'intégration des énergies à faible empreinte carbone dans le mix énergétique telles que les énergies renouvelables». Il a profité de cette rencontre pour parler des écarts de vision entre les pays du Sud et du Nord de la Méditerranée quant aux efforts de coopération dans les domaines stratégiques. Il est nécessaire de prendre en considération «les disparités en termes de priorités nationales, mais aussi en termes de développement et de capacités financières entre les pays du Sud et du Nord de la Méditerranée avec pour objectif de réussir une transition juste et équitable à travers un mix énergétique diversifié qui utilise toutes les sources énergétiques disponibles et qui, pour certaines, sont complémentaires», a-t-il indiqué. Arkab a plaidé pour une coopération durable à bénéfices partagés entre les deux rives de la Méditerranée. De son côté, le Premier ministre italien a salué, lors de ce Forum, l'accord gazier signé avec l'Algérie, insistant sur l'impératif de soutenir la stabilité de la région. Samira Takharboucht Voir sur Internet