Un ancien ambassadeur français dans l'île a reconnu l'implication de l'Hexagone et des Etats-Unis dans le renversement de l'ancien président Aristide, qui avait réclamé des réparations pour les lourds paiements exigés après l'indépendance, note Russia Today. Dans une série d'articles consacrée aux relations entre la France et son ancienne colonie Haïti, intitulée La Rançon, le New York Times est revenu sur ce que les auteurs qualifient de «racines du malheur» de l'île, confrontée à une extrême pauvreté et à une violence galopante, elles-mêmes aggravées par des catastrophes naturelles régulières. Les auteurs se sont penchés sur la dette extrêmement lourde qui a pesé sur les finances de l'île et gravement handicapé son développement, dette due aux exigences de la France après l'indépendance d'Haïti, et confirment que l'Hexagone a monté, en cheville avec les Etats-Unis, un «coup» pour évincer du pouvoir le président Jean-Bertrand Aristide, qui avait demandé des réparations financières à Paris. Une dette faramineuse imposée par la France Malgré la rébellion victorieuse des esclaves en 1791 et la défaite des troupes françaises envoyées par Napoléon en 1802, suivies de la reconnaissance de l'indépendance de l'île en 1804, les vainqueurs ont en effet été sommés en 1825, sous la menace d'une nouvelle invasion, de «dédommager» la France pour les pertes subies par les propriétaires de plantations. Ces informations viennent corroborer celles qui ont été déjà publiées par Le Monde diplomatique en décembre 2021 : le mensuel avait déjà évoqué, à propos des événements de 2004, «un coup d'Etat soutenu par Washington, Paris et Ottawa» qui avait contraint le président haïtien , démocratiquement élu, à la démission. L'auteur relevait d'ailleurs que, malgré la brouille diplomatique franco-américaine liée à l'invasion de l'Irak, la France avait continué à collaborer avec Washington en Haïti. «Une fois M. Aristide évincé et forcé à l'exil en République centrafricaine, des forces françaises débarquent aux côtés des marines américains avant de céder la place à plusieurs milliers de casques bleus dans le cadre de la Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti (Minustah), une nouvelle entreprise de nation building», dépeignait le chercheur américain Jake Johnston. Les Etats-Unis avaient pour leur part occupé Haïti de 1915 à 1934, ponctionnant eux aussi les ressources de l'île et n'hésitant pas à recourir à la violence, relate l'un des autres volets de l'enquête.