Des soldats israéliens ont forcé Ahed à se tenir devant un véhicule militaire israélien, la semaine dernière à Jénine, lors d'un de leurs raids, et alors que des Palestiniens ripostaient en tirant vers les véhicules militaires, selon les informations recueillies par Defense Children Internation (DCI Palestine). Les forces israéliennes ont ordonné à Ahed de se tenir à l'extérieur du véhicule militaire pendant environ deux heures, alors qu'ils étaient assis à l'intérieur. « Le droit international est explicite et interdit absolument l'utilisation de boucliers humains par les forces armées ou les groupes armés », rappelle Ayed Abu Eqtaish, directeur à DCI. Cela constitue un crime de guerre. Les forces israéliennes ont assiégé la maison d'Ahed vers 6 heures du matin, le 13 mai, afin d'arrêter son frère de 20 ans. Elles ont ordonné à Ahed, à ses parents et à ses deux jeunes frères de sortir de la maison et d'aller dans une cour de l'autre côté de la rue. Puis, elles ont échangé des coups de feu avec le frère aîné d'Ahed, qui est resté dans la maison. Vers 8 heures du matin, des Palestiniens ont tiré sur les véhicules militaires israéliens. « Des balles provenaient de toutes les directions, a déclaré Ahed à DCI. Je tremblais, je pleurais et je criais aux soldats pour qu'ils m'enlèvent de là parce que les balles passaient au-dessus de ma tête, mais l'un d'eux m'a ordonné en arabe par une petite fenêtre du véhicule militaire : « Reste où tu es et ne bouge pas ». « Tu es une terroriste. Reste à ta place jusqu'à ce que tu dises au revoir à ton frère». Ahed a tenté de pencher la tête sur le côté pour esquiver les balles, mais l'un des soldats israéliens lui a ordonné de se tenir droite. Elle est restée devant le véhicule militaire israélien pendant environ deux heures, avant de courir vers un arbre voisin et de s'effondrer au sol. Un peu plus tard, les soldats ont évacué la maison à deux étages, où Ahed vivait avec ses parents, ses trois frères, ses grands-parents, ses deux oncles et leurs épouses, ainsi que leurs huit enfants, âgés de 1 à 11 ans. Après l'évacuation de la famille, l'armée a bombardé la maison avec des grenades propulsées par roquettes, provoquant son incendie. Elle a également tiré à balles réelles sur la maison, et s'est retirée du quartier vers 11 heures, rapporte DCI. Ahed a appris que les forces israéliennes avaient arrêté son frère aîné, et que les habitants du quartier avaient posté sur les réseaux sociaux qu'elle était utilisée comme bouclier humain par les forces israéliennes, ce qui a conduit les Palestiniens à cesser de tirer sur le véhicule militaire. Ahed a été transférée à l'hôpital de Jénine et traitée pour un choc psychologique intense, ainsi que pour un grave manque d'oxygène, selon la documentation recueillie par DCIP. « L'utilisation de civils comme boucliers humains, les forçant à aider directement des opérations militaires, à protéger des forces armées, ou encore des groupes armés, les réduisant à n'être que des objets contre des attaques, est rigoureusement interdite par le droit international. La pratique est également interdite par la loi israélienne sur la base d'une décision de 2005 de la Haute Cour de justice israélienne », souligne DCI. Pourtant, DCI a documenté au moins 26 cas impliquant des enfants palestiniens utilisés comme boucliers humains par l'armée israélienne d'occupation depuis 2000. Une seule de ces affaires a conduit à la condamnation de deux militaires pour « comportement inapproprié » et « abus d'autorité ». Tous deux ont été rétrogradés et condamnés à trois mois de prison avec sursis.