Ce qui est sûr, l'Algérie est déterminée à défendre sa position de fournisseur africain fiable de gaz naturel à l'Europe en augmentant ses capacités de production et étendant ses réseaux de distribution de gaz naturel. Le projet de réalisation du méga-gazoduc transsaharien (TSGP) Nigeria-Algérie se dessine enfin. Le ministre nigérian des Ressources pétrolières, Timipre Sylva a fait de nouvelles déclarations sur l'état d'avancement de ce projet, en marge de sa participation à la 50ème édition de la Conférence internationale « Gastech », à laquelle a pris part aussi la compagnie nationale des hydrocarbures, Sonatrach, organisée à Milan, en Italie du 5 au 8 septembre, assurant que « bientôt, une décision finale d'investissement devrait être prise au sujet du Gazoduc de 10 milliards de dollars prévu à cet effet et qui passera par le Niger et l'Algérie », selon l'Agence Reuters, reprise par plusieurs médias étrangers. Cette déclaration intervient quelques jours avant la signature d'un Mémorandum d'entente de le 15 septembre dernier à Rabat entre le représentant de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'ouest (Cedeao), le Commissaire Infrastructures, Energie et Digitalisation du Nigeria, et la Directrice générale de l'Office national des hydrocarbures et des mines (Onhym) du Maroc. Un non-événement pour l'Algérie qui ne semble pas s'inquiéter d'un potentiel problème de concurrence sur la concrétisation de son projet de Gazoduc transsaharien avec le Nigeria, et ce, malgré le soutien de la Cedeao qui court à la rescousse du Maroc pour réaliser le Gazoduc Nigeria-Maroc, long de plus de 6.000 km, et qui devrait coûter 25 milliards de dollars et devrait être achevé en 2047. Un délai qui ne correspond sûrement pas aux attentes et aux objectifs des pays européens qui cherchent actuellement à s'émanciper des hydrocarbures russes et à renforcer leurs réserves pour éviter déjà un hiver rude et l'arrêt de leur machine industrielle. Il faut, dans ce cas, se pencher sur la faisabilité du projet dans les temps pour garantir sa rentabilité et son opérationnalité. Les autorités algériennes visent à renforcer ses réseaux existants de distribution de gaz vers l'Europe via l'Italie et l'Espagne. La crise diplomatique entre Alger et Madrid ne semblent pas affecter l'intérêt qu'accordent les pays membres de l'Union européenne (UE) à ce méga-projet. Dans le top dix des plus grands producteurs de gaz au monde, l'Algérie joue la carte de « solidarité » avec les pays européens en proie à une crise énergétique sans précédent, tout en préservant ses liens avec la Russie, à l'origine de cette crise. L'Europe qui est dans l'urgence énergétique, ne peut attendre près de 30 ans pour renflouer ses réserves de gaz naturel ou du gaz naturel liquéfié (GNL). Le Nigeria aussi souhaite tirer profit de cette conjoncture et intensifier ses exportations de GNL vers l'Europe. Pour ce faire, il compte sur le Gazoduc transsaharien. Il explore toutes les pistes possibles pour accélérer la mise en œuvre de ce projet. Remis à jour cette année, le projet du Gazoduc transsaharien Nigeria- Algérie est sur la bonne voie. Fin juillet dernier, le Nigeria, le Niger et l'Algérie ont signé un mémorandum d'entente pour sa concrétisation et le lancement des études techniques du projet (long de 4.128 km). L'Algérie ne cache pas son ambition de réaliser ce méga- projet et de dépasser son concurrent et d'utiliser la conjoncture actuelle pour atteindre son objectif. L'Italie et la France affichent d'ores et déjà leur soutien et intérêt, malgré les pressions espagnoles et allemandes pour la relance du projet du Gazoduc Midcat reliant l'Espagne à la France pour acheminer du gaz vers d'autres pays européens, à travers l'utilisation du Gazoduc Maghreb-Europe (GME). L'Algérie a décidé de fermer ce Gazoduc définitivement au mois de novembre 2021. Un coup dur pour le Maroc, mais aussi pour l'Espagne qui fait face au veto de la France dans la relance du Gazoduc Midcat. Le Président français, Emmanuel Macron a signé, lors de sa visite d'Etat en Algérie du 25 au 27 août dernier, plusieurs accords de coopération dans divers domaines, notamment, énergétique. L'Algérie reste un marché très porteur pour les entreprises français. Le groupe énergétique français Total a signé en partenariat un accord avec l'italien Eni, l'américain Occidental et la Sonatrach un contrat d'une valeur de 4 milliards de dollars. L'atout de l'Algérie actuellement est le gaz. L'Europe cherche son intérêt. Le président du Conseil européen Charles Michel a qualifié, lors de sa visite récente en Algérie, de « partenaire énergétique fiable ». L'Algérie est sûre de maintenir sa position dans le secteur des hydrocarbures. Sa stabilité financière actuelle offre une marge de manœuvre importante pour accélérer ses investissements dans le secteur énergétique à l'instar du TSGP. L'Italien Eni pourrait-être l'un de ses partenaires dans ce projet. C'est ce qu'a même laissé entendre lors du Gastech, M. Timipre.