En août dernier, Meredith Elizalde, une Américaine convertie à l'islam, avait fini par céder aux énièmes supplications de son jeune fils Nicolas, 14 ans, lequel l'implorait depuis plusieurs mois de le laisser jouer au football. Le sport-roi par excellence, qui, pour être une religion outre-atlantique, ne comptait pas pour autant cette maman poule parmi ses innombrables adeptes. Fléchissant sous la pression, c'est en tremblant pour son enfant que cette mère aimante et protectrice, qui abhorrait la brutalité du football made in US, avait enfin accepté de lui acheter la fameuse paire de crampons qui le faisait rêver. Meredith Elizalde redoutait le pire, mais elle était loin d'imaginer que l'horreur absolue surviendrait en plein coeur de Philadelphie, sur le terrain rectangulaire, en gazon naturel, de la Roxborough High School, où, depuis la rentrée, son fils montrait de réelles prédispositions pour le ballon ovale. Et pourtant. Brisée par un chagrin incommensurable, c'est une mère anéantie par la mort tragique, insupportable, de la chair de sa chair, dans la récente fusillade qui a ensanglanté l'enceinte sanctuarisée de son lycée, qui témoigne aujourd'hui. Victime innocente de la tuerie commise par cinq individus déterminés à nuire, surgis brusquement d'un SUV avant de s'y engouffrer précipitamment pour s'enfuir, le jeune Nicolas est le seul, parmi les cinq adolescents tombés sous une effroyable salve de tirs, à avoir été fauché mortellement. Tous sortaient des vestiaires, après avoir mouillé le maillot, lorsqu'ils se sont retrouvés dans la ligne de mire d'un commando d'assassins, armés jusqu'aux dents, qui seraient à peine plus âgés qu'eux, selon les premiers éléments de l'enquête. Meredith Elizalde, ce mardi funeste de fin septembre, était venue chercher son fils à l'école, lorsque plus de 60 coups de feu éclatèrent dans un fracas assourdissant, la faisant tressaillir de peur. Envahie par un mauvais pressentiment, elle se souvient avoir couru à perdre haleine dans la direction des tirs, au mépris du danger, avant de découvrir une scène insoutenable : son enfant gisait sur le sol dans une mare de sang, en train d'agoniser. « J'ai couru vers les tirs de manière effrénée, rien ne pouvait m'arrêter. J'ai tenu mon fils, j'ai caressé son visage, je l'ai senti partir. Il n'était plus seul. Je lui ai dit doucement : « Je t'aime, je suis là et j'ai récité la Shahada », a relaté cette mère dévastée, ajoutant d'une voix étranglée par les larmes : « C'était le meilleur fils que l'on puisse avoir, il aimait les animaux, participait à des marches pour la protection de l'environnement et le contrôle des armes à feu. C'est un drame épouvantable».n