Résumé de la 2e partie Après avoir eu son bac Hafida était anéantie par les propos de son frère : Elle doit désormais, rester à la maison. Décision sans appel, elle prit des somnifères et fit un rêve. Dans son rêve, son frère était là, plantant des clous dont le bout pointait étrangement vers le haut. Son père, quant à lui creusait des trous dans lesquels il insérait de petits cylindres, Hafida sut que c'étaient des mines. L'image de l'école commençait à s'estomper, elle prit peur, sauta de son nuage et courut pour la rattraper, marcha sur des clous qui s?enfonçaient jusqu'au fond de sa chair, bascula sur une mine et... et le rêve se brisa. Ce n'est qu'en fin d'après-midi que la mère constata, au vu des tubes éparpillés, que sa fille avait tenté de suicider. Elle était pétrifiée, resta muette, voulant crier, mais aucun son ne sortait de sa bouche. Affolée, elle regarda dans toutes les directions, ne sachant que faire. Elle leva les bras et se donna un coup violent à la poitrine et enfin hurla de toutes ses forces tout en secouant Hafida, des hurlements venus du plus profond de son être, des hurlements de rage, de dépit, de désespoir, de... Si El-Amri, au premier cri, prostré, incapable de bouger, Salah le trouvant dans cette position, le souffle coupé dit : ? «Vite, emmenons-la au dispensaire». Le père ne pouvait bouger le corps inerte et alourdi de sa fille. Salah la souleva, la porta sur ses épaules et courut aussi vite qu'il pouvait vers la camionnette. La main tremblante, le père ne réussit à mettre la clé de contact qu?après plusieurs essais, finalement il aIluma le moteur et appuya sur l'accélérateur. Le dispensaire était à cinq minutes de la maison. L'infirmier était debout devant la porte faisant des signes à un enfant dans les bras de sa mère, il pleurait, la piqûre lui faisait encore mal. L'infirmier se dirigea tout droit vers le véhicule qui venait de s'arrêter. Il souleva les paupières de Hafida. Remarquant le visage blanc du père, il dit : «Montez à l'arrière, laissez votre fils prendre le volant. A l'hôpital de Sétif sans perdre une minute ! » lIs arrivèrent au bout de trois quarts d'heure au service des urgences. Toute une équipe s'activa durant une heure et demie à rendre vie à un corps qui ne répondait plus. Hafida sombra dans le coma. Le médecin chef vint parler au père : «Notre matériel n'est pas assez sophistiqué pour maintenir votre fille en vie, il faudra la transférer à l'hôpital Mustapha, à Alger. L'ambulance partira demain à six heures. Soyez prêt !». Quand arriva le moment du départ, Si El-Amri et son fils n'avaient pas échangé un seul mot durant toute la nuit, et n'avaient d'ailleurs pas bougé d'un pouce les chaises dans ce hall d'attente. Le voyage fut long, interminable, mais sans encombres. L'infirmier présent veilla de façon continue sur la malade. Hafida rendit l'âme au bout de deux jours au service de réanimation de l'hôpital Mustapha. L'administration alerta les services de police. Procédure tout à fait normale en cas de mort suspecte d'un malade. Le père et le fils furent immédiatement arrêtés. Une autopsie fut ordonnée et pratiquée sur le cadavre. Le rapport mentionnait : «Mort par overdose de barbituriques». L'autorisation d'inhumer suivit. Le procureur permit à Si El-Amri et à son fils d?assister à l'enterrement de Hafida. Ils n'étaient que quatre au cimetière, le père et le fils menottes aux poignets, encadrés de deux policiers. A ce moment-là, le père se retourna et regarda son fils droit dans les yeux pour lui faire comprendre que son orgueil et son amour étaient à jamais enterrés avec sa fille. Saleh s'agenouilla devant la tombe encore béante comme pour demander pardon. A cet instant, le fossoyeur s'approcha pour remettre la terre dans la fosse. Seule la mère erra comme un fantôme dans la maison vide et silencieuse. Elle lui sembla immense sans les siens. Il lui arrivait de les imaginer tous là, gais, présents autour d'elle. Au moment d'étendre les bras pour les effleurer et... la famille se brisa.