Le Makhzen a fait face durant l'année 2022, à l'une des plus importantes vagues de contestations et de manifestations populaires de ces dernières décennies, sur fond de rejet clair des Marocains de la normalisation avec l'entité sioniste, adoptée par le régime au détriment des intérêts du pays. Rarement, le peuple marocain n'aura autant crié, ouvertement, sa frustration, sa colère et son indignation à la face de ses gouvernants. Contre le manque d'eau potable, la cherté de la vie, les mauvaises conditions socio-économiques, la corruption, la restriction des libertés, la répression ou encore la mauvaise gestion de leurs dirigeants, les Marocains n'ont pas cessé de manifester leur ras-le-bol tout au long de l'année, face à un régime incapable de trouver des solutions apaisantes. Après une année 2021 déjà très mouvementée, 2022 est repartie sur les mêmes bases avec des grèves, manifestations et sit-in de protestation ayant touché pratiquement tous les secteurs (santé, éducation, justice, transport et agriculture, entre autres). Parmi les imposantes manifestations qu'a connues le Maroc en 2022, figure celle du mois de février quand des milliers de citoyens issus de 51 villes sont sortis dans la rue pour dénoncer la hausse des prix des produits de consommation et de carburant, et la politique du régime du Makhzen. Les manifestants ont également demandé le départ du gouvernement Akhannouch et dénoncé la normalisation avec l'entité sioniste. Organisées à l'appel du Front social, qui regroupe plus d'une trentaine d'organisations associatives, syndicales, politiques et de défense des droits de l'Homme, ces manifestations se sont déroulées sous le slogan «A bas la tyrannie et la corruption». Le Front social a remis ça au mois de mai lorsque des milliers de Marocains ont bravé l'interdit et sont sortis manifester à Casablanca contre la cherté de la vie, l'oppression et la normalisation des relations avec l'entité sioniste, malgré un lourd dispositif sécuritaire. Incapable de présenter des solutions économiques et politiques pour calmer l'ire de sa population, le régime marocain répond aux vagues incessantes de manifestations par la voie de la répression et des arrestations arbitraires. Toute voix dissonante au discours officiel est mise en sourdine. L'opposant et ancien ministre des droits de l'Homme, Mohamed Ziane, les journalistes Taoufik Bouachrine, Souleiman Raissouni et Omar Radi, le militant du mouvement 20-Février, Noureddine Al-Awaj, le blogueur Reda Benothman et le responsable du mouvement Al Adl Wal Ihsane, Mohamed Baâssou, entre autres, sont tous en détention arbitraire, l'Association marocaine des droits de l'Homme (AMDH) évoquant «des jugements iniques et injustes issus de procès non équitables» à leur encontre. A ce propos, le journaliste marocain Abdellatif Hammamouchi a déclaré que le système politique marocain continuait de généraliser «la répression contre l'opposition indépendante, les journalistes et les militants afin de juguler la colère de la société et de ses éléments actifs». Il a expliqué le choix de cette option du tout répressif par le fait que le pouvoir au Maroc est «étroitement lié aux cercles des commerçants rentiers et des hommes d'affaires exerçant en dehors du cadre de la loi et des règles de la concurrence». De son côté, le directeur du Centre marocain d'études sur les réfugiés, Aziz Chahir, a estimé qu'au royaume, «tous les voyants sont au rouge, et même un miracle ne saurait sauver le régime» du Makhzen. D'après ce chercheur, qui s'exprimait au mois de juillet dernier, la croissance économique du Maroc ne dépasse pas 1% et «les réserves de change ne peuvent couvrir qu'une période de 6 mois d'importations, avec une baisse des investissements directs étrangers». Le membre du Secrétariat général du Parti de la justice et du développement (PJD), Abdelaziz Aftati, a mis le feu aux poudres à une situation déjà explosive en accusant le chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, qu'il qualifie de «prédateur», d'être à l'origine de la hausse des prix des hydrocarbures à travers le monopole qu'il exerce sur le marché du diesel et de l'essence. Intervenant, à son tour, dans ce contexte, le Secrétaire général du PJD, Abdellah Benkirane, a affirmé que l'incapacité du gouvernement actuel à gérer la crise au Maroc est due d'abord au fait qu'Akhannouch n'est pas à sa place et est indigne de son poste. Ce dernier est accusé de conflit d'intérêts pour son poste de chef du gouvernement et d'actionnaire principal du Holding «Akwa Group», dont fait partie la filiale «Afriquia», plus important distributeur de carburants, lubrifiants et bonbonnes de gaz au royaume. «Aziz Akhannouch est le résultat d'un complot. Il est arrivé à la chefferie du gouvernement sans aucun programme ou stratégie», a pesté Benkirane, prévenant que le pire était à venir.