La compagnie nationale des hydrocarbures, Sonatrach, voudrait se lancer dans la production et le transport de l'hydrogène vert, source importante de croissance de revenus, à l'avenir.Le marché mondial de la production d'hydrogène devrait atteindre, selon des sites d'infos boursiers, « 201 milliards USD en 2025, contre 130 milliards de dollars en 2020 », ce qui attire l'attention des groupes énergétiques, à l'instar de la Sonatrach qui prévoit, dans le cadre de sa stratégie bas carbone, le lancement de deux projets-pilotes de production d'hydrogène vert et de son transport par gazoducs, à partir de 2023. En vue d'accélérer et de renforcer sa contribution à la transition énergétique, l'entreprise consacré, dans sa nouvelle stratégie, près d'un (1) milliard de dollars à la réalisation « des projets de récupération de gaz torché sur les sites de production et les complexes de GNL, de projets d'électricité solaire photovoltaïque pour alimenter les sites de production, et de projets- pilotes pour la production et le transport d'hydrogène vert ». C'est ce qu'a déclaré le Président-directeur général de la Sonatrach, Toufik Hakkar dans un entretien accordé au magazine la publication spécialisée sur les questions énergétiques « MEES » (Middle East Economic Survey), dans lequel, il est revenu dans le détail sur la stratégie du groupe dans le développement du secteur pétro-gazier, mais aussi de l'industrie pétrochimique et du renouvelable. Le groupe veut investir dans la production et le transport de l'hydrogène vert, visant, sur le long terme, de ravitailler à la demande le marché européen, principal importateur de gaz naturel algérien, depuis le début de la guerre en Ukraine, à l'origine de la crise énergétique et de la ruée vers l'hydrogène vert. Depuis, des entreprises pétrolières mondiales se tournent vers cette énergie durable, sans pour autant délaisser leurs activités de base, les énergies fossiles. La Sonatrach fait partie de ces groupes, et veut entrer dans cette course, progressivement, et surfer sur la vague de l'hydrogène vert qui se propage à travers le monde. Il faudrait faire face à la rude concurrence qui s'intensifie dans ce domaine. Les paris sont déjà faits, l'Arabie saoudite, le Qatar, l'Egypte, producteurs importants d'hydrocarbures, sont déjà en lice. L'Algérie compte aussi saisir cette opportunité. Le pays a programmé, dans le cadre de sa stratégie bas carbone, le lancement au préalable de deux projets-pilotes dès 2023 pour faire décoller cette filière et d'autres pour renforcer la production et l'exportation du gaz naturel. Ces deux énergies largement convoitées par les pays consommateurs, notamment, européens, qui cherchent à s'émanciper du pétrole et du gaz russes. Depuis le début de la crise énergétique, de nombreux pays européens se sont tournés vers le gaz algérien pour s'approvisionner et maintenir leur stabilité économique. L'Italie a acheté plus de 27 milliards de m3 en 2022 (ndlr), acheminés via le gazoduc Medgaz et à respecter ses engagements envers les autres partenaires. La Sonatrach a exporté plus de 56 milliards de m3 en 2022 et ambitionne d' augmenter ses exportations à 100 milliards de m3 en 2023. C'est l'objectif fixé par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, qui a insisté, dans un entretien accordé aux médias locaux, récemment, l'importance de multiplier les découvertes de gaz pour renforcer la production nationale, appelant, toutefois, à la rationalisation de la consommation intérieure du pays. Pour y parvenir, la Sonatrach prévoit d'investir, dans le cadre du plan quinquennal d'investissement de Sonatrach (2023-2027), plus de 30 milliards de dollars dans l'exploration et à la production de gaz naturel. L'Algérie vise, également, le renforcement et à sécuriser ses réserves et exige des pays européens de « s'engager dans des accords d'achat à long terme afin de garantir la sécurité de la demande pour leurs principaux fournisseurs », a expliqué M. Hakkar dans son entretien. Le marché de l'énergie, actuellement, est assez incertain et rapide. Il faut s'adapter pour pouvoir garantir la rentabilité des projets et lancer de nouveaux investissements dans le domaine de la transformation. La Sonatrach prévoit, dans cette perspective, d'accorder « environ 20% de son investissement global pour les cinq prochaines années aux activités de transformation », selon M. Hakkar, qui a précisé que « les projets lancés seront portés par Sonatrach elle-même et en partenariat et porteront sur les activités de raffinage, de GNL et de pétrochimie ». Il a évoqué, dans ce sens, « les trois contrats de partage de production. Le premier avec Eni fin 2021. Le second avec Sinopec en mai 2022 et le dernier avec un consortium d'Occidental, Eni et Total Energies en juillet 2022 », expliquant qu'« au travers de ces trois contrats, nous prévoyons de mobiliser près de 6 milliards de dollars pour continuer à développer des gisements en améliorant la récupération du pétrole brut, des condensats, du GPL et du gaz naturel et en prolongeant la durée de vie de ces gisements ». Sonatrach renforce sa position de leader dans le domaine pétro-gazier et ambitionne de devenir un leader dans le domaine du renouvelable, notamment, de l'hydrogène vert.