Il est invraisemblable de penser un seul instant que l'homme qui a pris la décision de briser le mur bureaucratique qui bloquait des centaines de projets d'investissement l'année écoulée, puisse agir en contradiction avec ses principes énoncés, et approuver la destruction de bâtisses, même illicites, achevées de construction, voire érigées depuis des années. Il est aussi invraisemblable que l'homme, dont les 54 engagements, dans leur quasi-totalité déclarent la guerre à la machine bureaucratique, puisse s'accommoder de lourdeurs, d'atermoiements et d'hésitations au sein de l'appareil administratif censé contribuer à la mise en œuvre diligente de son programme. Il est enfin invraisemblable que l'homme qui a mis le citoyen au centre de ses préoccupations puisse agir ou faire agir avec un autoritarisme qui fait fi de toutes les circonstances sociales qui contraignent les citoyens collectivement vers des choix qu'ils auraient préféré éviter, s'il y avait eu des ouvertures financières, foncières ou administratives qui créaient des alternatives viables et vivables. Populaire aujourd'hui plus que jamais sans être populiste, le chef de l'Etat a œuvré à la réhabilitation de l'autorité de l'Etat sans compromettre l'Etat de droit, et la culture du devoir citoyen, sans promouvoir les lois aux dépens de la justice. La préservation de la cohésion sociale semblant, autant dans ses discours qu'à travers ses décisions et ses actes, un enjeu majeur et le point de mire d'une vision dont il n'a de cesse d'asseoir les bases de pérennisation en perspective du parachèvement du processus d'édification de l'Algérie nouvelle dont il est le concepteur et l'artisan. Cette distanciation que le chef de l'Exécutif opère par rapport au Gouvernement qu'il dirige, oriente et instruit sous la supervision du Premier ministre, sans être un désaveu, est pourtant une correction énergique de cap, une remise de l'horloge gouvernementale à l'heure de la vision, des attentes et des perceptions présidentielles, et également une mise en garde qui pourrait être sanctionnée, à défaut d'une réponse conséquemment satisfaisante, par des changements, des remaniements et des limogeages. Il y a deux caps qui promettent de constituer des épreuves déterminantes pour les hauts fonctionnaires en qui le chef de l'Etat a choisi de placer sa confiance. Le premier est de courte vue. C'est celui relatif à la réussite de la gestion du Ramadhan et de ses travers multiples dont pâtissent les citoyens, dont les catégories les plus fragiles, davantage fragilisée par l'inflation et la cherté déjà installée. Le second cap est de moyen et de long terme. Il porte sur les chantiers économiques mis en branle et qui doivent porter leurs fruits, dont il est attendu qu'ils renforcent les assises financières du pays et le libèrent, un tant soit peu, de sa trop forte dépendance des entrées des hydrocarbures. En fond sombre, au milieu de cette dynamique et en dépit d'elle, s'incrustant partout sans y être invitée, contrecarrant tous les processus, sans qu'un tuteur légal en reconnaisse la paternité, la bureaucratie. Bête noire de toutes les volontés, elle est l'ennemi que le Président désigne depuis des mois, et qui continue de sévir inexplicablement à des niveaux central et local, comme un naturel que l'on s'escrime à chasser et qui revient au galop. Aujourd'hui, tous les Algériens qui ont appris à assimiler et à apprécier les convictions hautement citoyennes qui inspirent la vision et les décisions du Président, savent non seulement que ce dernier n'a rien à voir dans les travers qui ont caractérisé la gestion de certains dossiers tels que ceux des constructions illicites, de la disponibilité de certains produits sur le marché, etc., mais qu'il est aussi homme à mettre tout sur la table, en toute transparence. Attitude hautement responsable et engagée, dont l'effet mobilisateur est éprouvé à l'aune du branle-bas de combat qu'il promet de susciter à tous les échelons. Et cela quand il s'agira de remédier à ces travers et, désormais aussi, quand il s'agira de rétablir la juste compréhension des attentes présidentielles sur des sujets qui engagent et qui fâchent au plus haut point le chef de l'Etat quand ils touchent directement aux intérêts vitaux de ceux qu'il a placé, dès le départ, au cœur de toutes les préoccupations : les citoyens algériens.