L'Algérie resserre de plus en plus ses liens avec la Russie et la Chine et souhaite être un membre à part entière du club économique des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) et d'autres alliances stratégiques. Après avoir soumis sa demande d'adhésion aux BRICS qui devrait trancher sur la question au mois d'août prochain, le pays a demandé à rejoindre l'Organisation de Coopération de Shanghai (OCS), une alliance réunissant, notamment, la Chine et la Russie. La décision de son adhésion devrait peut-être prise lors de la prochaine réunion du Comité des chefs d'Etat (de l'OCS), qui se tiendra le 4 juillet. L'Algérie est très active, ces dernières années, pour renforcer sa coopération avec les pays des BRICS et pour s'affranchir de sa dépendance à l'Occident, en l'occurrence, au Dollar et à l'Euro. Pour rappel, « l'Algérie avait déposé une demande pour devenir pays observateur dans le cadre de cette organisation », avait déclaré, la semaine dernière, le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l'étranger, Ahmed Attaf, au média italien Nova, affirmant ainsi que cette démarche s'inscrit dans le cadre de la nouvelle stratégie de réorientation politique de l'Algérie qui se prépare à faire partie du groupe « des nouveaux bâtisseurs d'un monde multipolaire » d'ici 2030. L'Algérie n'est pas le premier pays arabe à vouloir s'associer à cette Alliance. L'Arabie saoudite, l'Iran et l'Egypte sont également engagés sur cette voie. La Chine et la Russie sont déjà favorables à l'adhésion de l'Algérie à la Nouvelle Banque de développement des BRICS, créée en 2014. Cette dernière « est prête à accueillir l'Algérie », a fait savoir sa directrice, Dilma Rousseff, qui s'est exprimée sur cette question, lors d'une rencontre avec le ministre des Finances Laaziz Faid, en marge de la tenue du Sommet pour un nouveau pacte financier mondial à Paris, la semaine dernière, selon le média russe Spoutnik. L'adhésion de l'Algérie aux BRICS est un souhait qui ne devrait pas tarder à s'exaucer. Certes les conditions et les critères d'admissibilité ne sont pas faciles à franchir, mais ceci ne devrait pas constituer un obstacle pour l'Etat algérien, mobilisé et engagé, ces dernières années, à restructurer, moderniser et numériser son système financier, bancaire et à relancer son économie et son industrie en accordant un intérêt particulier à l'investissement, notamment, des jeunes. Le marché algérien devient plus attractif et compétitif et s'ouvre progressivement vers l'extérieur. L'Etat algérien est déterminé à sortir de sa dépendance aux hydrocarbures, en s'orientant davantage vers la production locale, l'investissement et la coopération nationale et internationale. De nouvelles mesures et mécanismes de soutien à l'investissement et aux porteurs de projets sont mis en œuvre pour renforcer sa résilience. L'économie nationale se montre résistante malgré les aléas climatiques et la crise géopolitique et géo-économique qui secouent le monde depuis presque deux ans. Même les institutions financières internationales, celles de Bretton Wood, louent les performances économiques du pays. Et de là, on mesure la somme d'efforts multidimensionnels sur les plans économique, technologique et social entrepris par le pays pour défendre et soutenir sa candidature afin de rejoindre les BRICS, déposée au mois de novembre 2022. Cette décision qualifiée, par certains experts et médias, d'audacieuse, en raison du contexte économique et politique international incertain. Une chance de décoller économiquement, scientifiquement et technologiquement. En rejoignant les BRICS, l'Algérie amorce une nouvelle ère et ferme un chapitre de son histoire. Plus besoin de recourir aux services du Fonds monétaire international (FMI) pour financer ses projets d'investissements stratégiques, le pays pourrait, une fois devenu membre des BRICS, profiter des services que propose la Nouvelle Banque de Développement des BRICS. L'Algérie souffre à ce jour des séquelles de son expérience périlleuse avec le FMI, à l'origine de l'effondrement de l'économie nationale. La Nouvelle Banque de Développement des BRICS représente une alternative pour les pays membres des BRICS et aux autres pays émergents et « peut accorder des prêts pour financer des projets d'infrastructures, de santé, d'éducation, etc. et n'assortit pas ses prêts de conditions contraignantes, comme c'est le cas du FMI ». Ces pays se sont engagés depuis des années dans le processus de dé-dollarisation de l'économie mondiale. Un projet auquel l'Algérie adhère pleinement. Les autorités nationales ont déjà émis leur souhait d'utiliser avec la Russie leurs monnaies nationales lors des transactions financières internationales. Cette démarche est adoptée par plusieurs autres pays à l'instar de la Chine, la Russie, l'Argentine, le Brésil, la Bolivie.... L'Algérie a réussi à rétablir son image à l'international après plusieurs années d'absence. L'année 2023 est celle des grands défis pour le pays. Une année de relance et de reconstruction économique. Samira Takharboucht