«Une période de transition de trois ans est inacceptable», a affirmé Abdel-Fatau Musah, commissaire aux affaires politiques, à la paix et à la sécurité de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao).«Nous voulons que l'ordre constitutionnel soit restauré le plus rapidement possible», a-t-il ajouté dans une interview à Al-Jazeera, réaffirmant la position inflexible de l'organisation régionale depuis le coup d'Etat du 26 juillet. Les pays ouest-africains opposés au coup d'Etat au Niger ont rejeté l'idée d'une transition de trois ans maximum lancée ce week-end par les militaires qui ont pris le pouvoir. Des informations crédibles révèlent qu'au moment où une délégation de la Cédéao était à Niamey pour trouver une solution pacifique à la crise, le nouvel homme fort du Niger, le général Abdourahamane Tiani, avait annoncé envisager une transition de trois ans maximum, avant de rendre le pouvoir aux civils. Une idée inenvisageable pour la Cédéao qui martèle depuis le coup d'Etat que le Président renversé Mohamed Bazoum doit être libéré et réinstallé au pouvoir. Pour le ministre malien de la Défense, Sadio Camara, la France donne des ordres à peines voilés, symboliques des diktats étrangers que subit la communauté ouest-africaine. Une éventuelle intervention militaire de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) représente une forme dangereuse du néocolonialisme menaçant la région, a estimé ce 15 août le ministre malien de la Défense, lors de la Conférence sur la sécurité internationale en Russie. «Les institutions régionales et sous-régionales, dont le financement est négligé par leurs propres membres, survivent grâce aux fonds extérieurs. Elles doivent donc obéir à ceux qui les paient. Elles sanctionnent leurs membres sous le diktat étranger, sous les exactions des puissances néocoloniales. À force d'imiter leurs maîtres, elles persistent dans le ridicule et mobilisent contre elles les peuples désormais éveillés», a ainsi déclaré le ministre malien. Alors que plane l'ombre d'une intervention militaire au Niger, Bamako avait déjà montré sa solidarité avec Niamey, déclarant qu'une action armée serait considérée comme une déclaration de guerre. Le Burkina Faso s'était inscrit dans la même logique. Dimanche, des manifestations de soutien aux militaires ont eu lieu dans la capitale Niamey et dans la grande ville du nord, Agadez. Comme souvent lors de ces mouvements de soutien, des slogans hostiles à la Cédéao et aux puissances occidentales en particulier la France ont été scandés. «Halte à l'intervention militaire», pouvait-on également lire sur des pancartes brandies par les milliers de manifestants rassemblés sur la place de la Concertation à Niamey. La France et les Etats-Unis déploient respectivement 1.500 et 1.100 soldats dans ce pays sahélien régulièrement endeuillé par des attaques de groupes terroristes liés à «Daech» et «Al-Qaïda». Les violences n'ont pas cessé avec le coup d'Etat : plusieurs attaques ont eu lieu depuis le 26 juillet, notamment dans l'ouest du Niger proche du Burkina Faso et du Mali. Mardi dernier, au moins 17 soldats ont été tués dans une attaque près du Burkina Faso, la plus meurtrière depuis le coup d'Etat, a-t-on signalé encore.